Sortie de scène (Glorious Exit)

De Kevin Merz (Suisse)

Print Friendly, PDF & Email

Jarreth Merz Obibuocha est acteur à Los Angeles, de mère suisse allemande et de père nigérian. Le père n’a jamais rien fait pour lui. Jarreth, lui, est allé quelquefois au Nigeria pour connaître ses proches. A la mort du père, c’est lui qui, en tant qu’aîné, doit se charger de la famille et des funérailles. Le voilà donc à Enugu, Nigeria, dans la clinique que le père avait monté. Devoir offrir des vaches pour les funérailles plutôt que d’assurer la survie quotidienne de la famille en attendant que les comptes du père ne soient débloqués lui paraît absurde mais c’est ainsi : peu à peu, Jarreth apprends si ce n’est à comprendre du moins à accepter cette culture autre qui est un peu aussi la sienne. Au-delà des obligations coutumières, c’est un contact quotidien qui s’instaure où émergent les aspirations de chacun dans un pays difficile.
Suivi par la caméra de son frère Kevin, Jarreth va devoir assumer le rôle de chef de famille dans la grande réunion rituelle des funérailles, opérer des choix, parler au nom de tous, porter le bâton de chef avec naturel, avaler les humiliations et les arnaques, faire face en somme. Il est un héros de l’altérité, posé, réfléchi, ouvert, adulte et finalement respecté et aimé. Il est ce que chacun pourrait être en cette situation s’il en a les tripes : celui pour qui le sens du devoir est une valeur qui l’aidera dans sa vie future, une fois retourné à L.A., dans cette autre planète si éloignée et différente. En un mot, il a appris d’une expérience qui n’aurait pu être qu’un poids ou une fuite. Il a réussi à valoriser sa part africaine, si trouble auparavant, si ténue, si lointaine. Elle ne se résume pas à des mots mais à ce vécu proprement physique de suer ensemble et tenter de vivre la relation.
C’est en cela que ce film sans prétention autre que celle d’un témoignage personnel touche une fibre essentielle qui aurait à voir avec la maîtrise de son destin. C’est en cela qu’il vaut sa longueur car la vie ne se résume et ne se fragmente pas à vau l’eau. Parce que les hésitations, les moments de doute, les partages sont des temps qui ne se divisent pas, qui ont leur valeur en soi, qui valent le temps du récit. C’est cette tranche de vie que nous offrent Kevin et Jarreth Merz, une soirée de veillée à les écouter nous dire ce que la mort du père et son traitement par la coutume ont gravé en eux.

///Article N° : 8288

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
Les images de l'article
Kevin Merz





Laisser un commentaire