Radio associative francilienne, née en novembre dernier, Stalingrad Connection diffuse des émissions faites par des migrants pour des migrants. où dormir, manger, se laver, se retrouver, se divertir ? Mais elle a aussi pour objectif d’alerter le grand public sur leurs difficultés quotidiennes.
En ce froid dimanche ensoleillé de décembre, dans les jardins d’Eole (paris 19e), une trentaine de personnes se rassemblent progressivement. d’un côté, des jeunes militants parlent des dysfonctionnements du système mis en place pour les migrants. De l’autre, des migrants témoignent de leurs expériences. Au croisement de cette rencontre, une radio, libre, animée notamment par des anciens de radio debout (1) et baptisée Stalingrad Connection. pour cette cinquième émission, les invités sont des membres du collectif d’aide aux migrants La Chapelle Debout, Anna et Houssam, ainsi qu’un journaliste réfugié soudanais, Mossab. Autour de la table où trônent la console, les casques, les fils et les micros il y a Omar à la technique et Alice, qui coordonne l’échange. A l’ordre du jour : la politique du logement pour les réfugiés en Île-de-France. Avant, pendant et après l’émission, des personnes vont et viennent : les réfugiés qui stationnent depuis des mois à cet endroit, des résidents de la Maison des journalistes et des bénévoles de différentes associations dont ceux de La cantine migrante avec leurs thermos de thé et leurs gâteaux. Mais cette initiative n’est pas vue d’un bon oeil par tous, notamment par la police municipale ainsi que la police nationale, qui interviennent à deux reprises craignant selon eux que ce « rassemblement » ne débouche en une « manifestation ».
Prendre la parole
Sur la table, des notes éparpillées sur les initiatives à venir, en plusieurs langues. le principe multilingue est en effet un des piliers de Stalingrad Connection, qui donne les principales informations pratiques en anglais, arabe, dari ou pachtoun. L’invité du jour, Mossab, à Paris depuis cinq mois, manifeste son engouement pour cette radio : « C’est la première occasion que j’ai de m’exprimer en tant que journaliste en France« . Contraint à quitter le soudan à cause de la répression de la liberté d’expression, il souhaite enfin transmettre les difficultés vécues par les siens, au pays et ici. Houssam introduit le sujet en mettant l’accent sur les 100 000 logements parisiens vides, les lois non appliquées du droit à l’hébergement, l’absence de traducteurs et le déni de droits minimaux, comme celui à la nourriture, marques de la violence institutionnelle. Effectivement, une des premières phrases prononcées par Mossab est : « Je croyais que toutes mes souffrances allaient s’arrêter parce que j’étais arrivé, mais j’ai découvert que le voyage était encore loin d’être terminé« . Puis il parle d’une première expérience de 27 jours dans le froid des rues autour de La Chapelle, suivis de plusieurs déménagements dans le même mois entre Cergy Pontoise, la gare du Nord, un hôtel d’accueil à la frontière belge et à nouveau dans la rue. Tandis qu’il témoigne des lacunes de différents services sociaux d’urgence, il insiste également sur le fait que : « ces déplacements continuels se font toujours en dépit du fait qu’on a des cours à suivre dans des écoles et des démarches à faire « . Pour lui, comme pour ceux qu’il a représentés ce dimanche, Stalingrad Connection est la première étape d’une prise de parole vitale, une façon de se faire entendre par la société française.
Plus d’infos
Tous les lundis et jeudis de 13h30 à 14h, on peut écouter en direct l’émission Stalingrad Connection sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM) ou accéder aux rediffusions sur audioblog.arteradio.com.
(1) UNE RADIO ÉPHÉMÈRE ET INDÉPENDANTE CRÉÉE À L’OCCASION DE NUIT DEBOUT ET ACTIVE ENTRE MARS ET JUIN . SES ÉMISSIONS ÉTAIENT ENREGISTRÉES PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À PARIS ET DIFFUSÉES EN DIRECT DE 20H À MINUIT.///Article N° : 13943