Visions africaines

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Le Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine, Un analyste de l’Information de l’OUA et le Président de la République du Sénégal : trois Africains des plus au fait des questions africaines. Ils livrent leur vision au coeur des événements de Madagascar de 2002.

Le Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine est arrivé à Antananarivo en ce petit matin de février. Sa mission : médiation entre Didier Ratsiraka, président sortant et Marc Ravalomanana, maire-candidat aux présidentielles. Ce dernier, avec des centaines de milliers de manifestants dans tout le pays, conteste les résultats du premier tour et refuse le second sans préalables vérificatifs. Question à Amara Essy au premier petit déjeuner :
– Que pensez-vous de la situation ?
– C’est classique.
– La population oppose la légitimité à la légalité pour réclamer droit et justice électoraux. Cette fois-ci, elle n’acceptera pas comme ça… ?
– … (silence)

De février à avril, les barrages se multiplient dans le pays et le blocus se durcit. Le pétrole se tarit, le marché noir est florissant et la terreur s’étend en province. Aucune sortie politique ou diplomatique de crise en vue. La demande de casques bleus est envisagée. Sous l’égide de l’OUA, de l’ONU et de Présidents facilitateurs africains, des négociations se tiennent à Dakar avec un rôle central joué par le Président du Sénégal. Question électronique à Tshikala K. Biaya,*  » Information Analyst  » de l’OUA, résidant alors à Dakar :
– Continuent-ils à vouloir la gestion des conflits ou leur résolution ?
– Plus de gestion que de résolution car cela rapporte beaucoup et mieux que la résolution. Celle-ci ne vaut que pour celui qui prend le pouvoir et élimine les autres. C’est triste mais c’est la loi.

La crise barragiste s’enlise à Madagascar. Le 27 avril, Didier Ratsiraka proclame quatre petits Etats indépendants de Madagascar. La Haute Cour Constitutionnelle, reprenant délibération, après arrêt de la Chambre Administrative sur sa composition, proclame, le 28 avril 2002, les résultats officiels des présidentielles de 2001 : 51,46% pour Marc Ravalomanana, 35,90% pour Didier Ratsiraka. Marc Ravalomanana est investi le 6 mai. Il déclenche les opérations dites de pacification. Les nouvelles négociations, Dakar II, échouent le 30-31 mai. Le 20 juin, l’OUA avec l’accord de la France, écarte Madagascar, déclare les présidentielles de 2001 inconstitutionnelles et exige un régime transitoire préparant de nouvelles élections présidentielles. Le 25 juin, le Président du Sénégal, l’un des premiers, déclare reconnaître Marc Ravalomanana, Président élu. Question à Abdoulaye Wade au Convention Center de Sandton, lors du Sommet de la Terre à Johannesburg en août 2002 :
– Pourquoi avez-vous fait tout cela dans la crise malgache ?
– … (silence) Pour la Vérité.

* TK, Tshikala K. Biaya, est décédé en juin 2002. ///Article N° : 2933

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