Watina

D'Andy Palacio & the Garifuna Collective

Coup de cœur
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Andy Palacio est le seul artiste internationalement reconnu parmi les Garinagu. Nous ne reviendrons pas ici sur l’histoire extraordinaire de cette population d’Amérique centrale (cf : Africultures n° 62), issue du métissage de quelques dizaines de naufragés africains – les meilleurs nageurs, qui échappèrent ainsi à l’esclavage, en 1635 – avec les autochtones arawak et caraïbes.
Natif du Bélize, ce chanteur-percussionniste quadragénaire, longtemps exilé à Londres puis en Californie, milite depuis une vingtaine d’années pour la préservation de la culture garifuna, aujourd’hui en péril. On dit même que c’est un peu grâce à lui qu’en 2001 elle a été proclamée par l’Unesco « patrimoine immatériel de l’humanité ».
Les précédents cds d’Andy Palacio étaient principalement consacrés au punta rock, genre festif assez comparable au zouk voisin, qui a fait sa célébrité. Ici, avec un égal bonheur, il se révèle un excellent interprète de la paranda, chanson sociale accompagnée de guitares et de tambours, dont le rythme est très proche de la clave afro-cubaine.
Remarquablement et très sobrement enregistré dans une paillote sur la plage de Hopkins, village garifuna du Bélize, « Watina » (« je pousse un cri ») possède l’évidence et la force des meilleurs disques de l’âge d’or du reggae. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à penser, parmi ceux qui ont eu la chance de visiter le paradis musical garifuna, qu’il n’a rien à envier à la Jamaïque. S’y ajoutent l’étrangeté et la sonorité assez magique de la langue la plus « créole » et poétique qui soit, où des mots amérindiens oubliés partout ailleurs se mêlent à l’anglais, à l’espagnol, au français et au yoruba.
Accompagné d’un beau livret, bien illustré et très informatif, ce cd séduisant est à ce jour la meilleure introduction à la musique garifuna.
La voix acide mais sereine d’Andy Palacio exprime parfaitement la puissance phénoménale de cette culture qui a su se construire depuis plus de trois siècles en résistant à un destin effroyable.
Il existe déjà bien d’autres disques de musique garifuna, mais celui-ci est le premier qui lui permettra peut-être de conquérir un public mondial, au delà de la curiosité ethnomusicologique. Le dossier de presse, sans doute un peu présomptueux, compare cette révélation à celle du « Buena Vista Social Club » ! Il est vrai en tout cas que la culture si diverse et si forte des Garinagu est à découvrir absolument.
La musique est une vraie passion quotidienne pour eux, comme pour tous leurs proches voisins Antillais, Cubains ou Jamaïcains. C’est sans doute ce qui explique l’apparente facilité et la générosité avec lesquelles Andy Palacio a si bien résumé la culture musicale de son peuple, forcément émouvante puisqu’elle est sa principale richesse.

Watina, d’Andy Palacio & the Garifuna Collective (Stonetree / Cumbancha / Harmonia Mundi)///Article N° : 5925

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