(2/2) Les sœurs Sylvain, femmes afro-descendantes d’Haïti, intellectuelles pionnières

Partie 2 : Madeleine et Yvonne

Print Friendly, PDF & Email

Madeleine (1905-1970) et Yvonne (1907-1989) Sylvain, issues comme leurs sœurs Suzanne et Jeanne (Lire Partie 1 ici )  d’une famille de l’élite intellectuelle haïtienne, très cultivée et militante , ont contribué à l’émancipation féminine des femmes afro-caribéennes. En effet, si Suzanne a été la première femme anthropologue haïtienne, Madeleine a été la première femme sociologue haïtienne, et l’une des principales fondatrices de la Ligue d’action sociale des femmes, la première organisation féministe en Haïti. Quant à Yvonne, elle a été la première femme haïtienne médecin, tout en étant une artiste accomplie (1). Comment Madeleine et Yvonne ont-elles réussi au cours du XXe siècle à faire entendre leurs voix et à contribuer à l’émancipation des femmes et des peuples noirs sur la scène intellectuelle mondiale ? Comment, grâce à leurs liens intellectuels transatlantiques, ont-elles œuvré tout au long de leur vie à s’émanciper ? 

De jeunes intellectuelles qui effectuent des études universitaires à l’étranger

Madeleine est une étudiante brillante, et très tôt engagée. Dans les années 1920, elle manifeste déjà avec sa mère dans les rues de Port-au-Prince contre l’occupation américaine. Elle fait ses études à Haïti, à Porto Rico et aux États-Unis. En effet, après avoir obtenu sa licence de droit à l’Université d’Haïti en 1933 (2), elle décroche un diplôme en éducation et en sociologie à l’Université de Porto-Rico (1936-1938) puis elle obtient sur concours une bourse offerte par l’Association internationale des femmes universitaires, qui lui permet de préparer en 1940 une maîtrise en éducation et un doctorat en sociologie au Bryn Mawr College, une université féminine des Etats-Unis (près de Philadelphie), qui est alors la première université aux Etats Unis à proposer un doctorat en travail social. C’est aussi une des seules universités blanches américaines à accepter les étudiantes noires. Vers 1940, Bryn Mawr est célèbre pour son corps étudiant politiquement et socialement très actif (3). Durant ses études à Philadelphie, Madeleine est très remarquée, devient une célébrité locale, et  le Chicago Tribune comme le Pittsburgh Courier sont fascinés par cette « fille haïtienne »et par ses études brillantes. Elle soutient finalement un doctorat en sociologie en 1941 a l’Université de Pennsylvanie. Yvonne, elle, attirée par l’enseignement, par la profession d’institutrice, obtient très jeune un diplôme d’institutrice à l’Ecole Normale de l’Université d’Haïti, et commence à enseigner. Mais elle décide alors, suite au choc du décès précoce de sa mère, d’étudier la médecine, et à 28 ans, elle devient la première femme acceptée à l’Ecole médicale de l’Université d’Haïti, et en sort diplômée en 1940. Elle obtient alors une bourse d’études du Bureau sanitaire interaméricain, et part se spécialiser en obstétrique et en gynécologie, à la Medical School de l’Université de Columbia (New York).  Ainsi, dans les années 1940, les frères et sœurs Sylvain voyagent beaucoup à l’étranger, et étudient intensément. Ils et elles s’échangent beaucoup de lettres, collectent des coupures de presse et des informations sur les événements à Haïti, suivant avec intérêt l’évolution politique (4).

Les enfants Sylvain, de gauche à droite: Suzanne (1898-1975), Normil (1900-1929), Henry (1901-1991), Madeleine (1905-1970), Jeanne (1906-), Yvonne (1907-1989), Pierre (1910-1991). / Paris, septembre 1912 / D.R. photo léguée par M. Jean Comhaire à K. Gyssels . Photo trouvée sur: http://www.loophaiti.com/content/portrait-yvonne-sylvain-premiere-femme-medecin-en-haiti et publiée avec l’autorisation de Kathleen Gyssels.

Madeleine: la première sociologue, éducatrice, et féministe haïtienne

Madeleine est une citoyenne et une intellectuelle féministe pionnière, car elle a co-fondé, en 1934  la Ligue féminine d’action sociale (avec ses amies Alice Garoute, et Alice Mathon, des camarades d’école), première organisation féministe en Haïti, qui  lutte pour l’égalité hommes-femmes dans le contrat de mariage, et pour le droit de vote des femmes, qui sera finalement acquis en Haiti en 1950 (5)

Revenons en arrière. Dès 1927, à l’âge de 22 ans, Madeleine Sylvain-Bouchereau participe à la fondation de l’agence de soutien social « les Pupilles de Saint-Antoine », considérée comme l’une des premières œuvres haïtiennes d’entraide sociale (6), qui fournit des habits et de la nourriture aux familles dans le besoin.  

Surtout, elle contribue en 1934 à la création de la « Ligue Féminine d’Action Sociale » (LFAS), mise sur pied le 3 mars, au lendemain du départ des Etats-Unis d’Haïti (7). Madeleine est déterminée à sensibiliser la nation haïtienne sur la situation des femmes, à la conscientiser. Les buts de la Ligue sont, tels que formulés dans ses statuts: « participer à l’amélioration physique, intellectuelle et morale de la femme haïtienne ; la rendre consciente de ses devoirs sociaux; faire valoir son égalité civile et politique ; remédier aux problèmes concernant la protection de l’enfant ». Moins d’un an après sa création, la Ligue publie la revue La Voix des Femmes, qui entend oeuvrer à l’éducation à la citoyenneté politique des femmes, et contribuer, avec la Ligue, à des tournées de conférences et des cours du soir pour les ouvrières, des actions d’assistance sociale, réclamer un salaire égal pour un travail égal, et plaider pour la création des écoles pour les filles. La Voix des Femmes est le premier journal créé par des femmes en Haïti et promouvant les droits des femmes. Il paraît pour la première fois  en octobre 1935. Il joue un rôle central dans la LFAS. Mais celle-ci connaît un début difficile. 

Les jeunes dirigeantes de la Ligue et du journal ne se laissent pas décourager. Les éditrices du journal, Alice Garoute, Madeleine Sylvain, Jeanne Perez, et Cléante Desgraves Valcin caractérisent La Voix des Femmes comme un microphone pour les opprimées : « La Voix des Femmes va dénoncer les injustices et les abus et va unir toutes les Haïtiennes dans un amour commun pour le pays » (8). Au cours de l’Exposition universelle à Paris en 1937, les rédactrices de La Voix des femmes reçoivent un prix de journalisme pour l’excellence de leurs reportages (9)

Après son séjour à Bryn Mawr, Madeleine interrompt ses études à la prestigieuse Ecole de travail social, et se rend au Québec (elle avait déjà passé ses vacances à Montréal en 1937). Ces séjours au Québec s’inscrivent dans la continuation de l’action de ses parents afin de gagner le soutien de l’opinion internationale pour la lutte des Haïtiens contre l’occupation étasunienne. Elle y rencontre Phillip Cantave, un ami de la famille de longue date, et ambassadeur haïtien au Canada. Elle ne passe pas inaperçue, la presse locale s’enthousiasme pour la visite au Québec de cette jeune femme brillante. Elle se fait interviewer par un reporter au sujet de la condition des femmes en Haïti. Elle répond : « les femmes haïtiennes n’ont aucun droit. La loi nous traite comme si nous étions des enfants, des criminelles ou des folles »(10). En effet, les femmes haïtiennes à cette époque étaient considérées comme mineures. Madeleine est donc très critique sur les lois alors en vigueur dans son pays, et elle lutte pour les changer, mais en même temps elle est fière d’être haïtienne, fière de la culture de son pays. 

Madeleine va développer une action féministe militante dans le domaine culturel et social, organisant des cours du soir, des ateliers publics.  En mars 1936, elle transmet, au nom de son association, au Ministère de l’Instruction publique, une pétition demandant « le droit pour la femme d’accéder à la plus haute culture », et exigeant que l’État lui donne « les moyens d’acquérir cette culture » (11). De plus, elle développe une activité internationale, puisqu’en 1937, elle  est déléguée haïtienne à la troisième Conférence interaméricaine de l’éducation.

A partir de 1941, elle enseigne à l’Institut d’ethnologie d’Haïti, puis en 1945 à l’École nationale d’agriculture et à l’Université Fisk (à Nashville, Tennessee, université noire américaine). Surtout, elle contribue beaucoup au journal La Voix des femmes, le journal de la Ligue féministe qu’elle a créée. Madeleine devient ensuite la première véritable sociologue haïtienne, avec sa thèse Haïti et ses femmes. Une étude d’évolution culturelle, soutenue en 1941 et publiée en 1957. En 1944, elle reçoit le prix Susan Brownwell Anthony de  l’université Byrn Mawr pour son ouvrage L’éducation des femmes en Haïti (1944). La même année, elle publie en deux tomes Lecture Haïtienne : La famille Renaud.

En 1946, en réponse aux attaques sexistes formulées contre le mouvement féministe à l’Assemblée constituante de son pays, elle écrit Les Droits des femmes et la nouvelle ConstitutionEn 1950, elle publie les résultats de son travail sociologique sur la classe moyenne en Haïti dans Matériaux pour l’étude de la classe moyenne en Amérique Latine. En 1954, son ouvrage Haïti, portrait d’un pays libre est traduit et publié en allemand.  Elle participe également aux travaux de l’ONU, organisant des services sociaux pour les prisonniers politiques polonais (internés à Copenhague et à Hambourg) dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944. Vers cette époque, elle mène aussi une enquête en Allemagne pour l’UNRRA (12). Elle siège aussi  au premier Comité de l’ONU pour les droits des femmes en 1951-52, et, de 1952 à 1956, contribue à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (organisant notamment des cours d’été). De 1952 à 1956, elle est successivement membre du comité pour la planification des cours d’été de la Ligue internationale des Femmes pour la paix et la liberté, et co-titulaire des cours de Copenhague et de Hambourg de cette Ligue. De plus, la Ligue féminine d’action sociale s’étant affiliée à l’Alliance internationale des Femmes, cette dernière envoie Madeleine en 1958 faire une enquête sur la situation des femmes pendant les conflits au Moyen-Orient. 

Madeleine, de son nom d’épouse Sylvain-Bouchereau, enseigne à l’Institut d’Ethnologie, à l’École nationale d’Agriculture et à l’Université de Fisk. Elle devient aussi consultante au Département de l’enseignement rural de son pays, et contribue à la publication du Bulletin pour les instituteurs rurauxEnfin, de 1965 à 1968, Madeleine, appelée par l’Unesco, conseille officiellement le gouvernement togolais en matière de développement communautaire (13). A cette époque, Haïti est sous la présidence à vie de Duvalier, ce qui peut expliquer que Madeleine ait souhaité quitter son pays alors soumis à la dictature. 

La Ligue féminine d’action sociale et le journal La Voix des femmes, étendard des sœurs Sylvain, et vecteur de la conquête des droits des femmes en Haïti

Dans les années 1930 et 1940, tous les actes qui pouvaient être assimilés à du vaudou, comme les veillées, les danses sacrées, les chants spirituels, et les cérémonies, pouvaient mettre les familles en danger, car en 1935, le président Vincent avait fait adopter un décret-loi qui interdisait les « pratiques superstitieuses », et qui promouvait les « campagnes anti-superstitieuses » (ces dernières existaient déjà depuis le XIXe siècle). C’était une offensive du gouvernement et de l’Église catholique contre le vaudou. On risquait la prison, des amendes, et même la destruction des maisons. Au même moment pourtant, le gouvernement mettait en valeur la culture populaire haïtienne (14)

Pour résister à cette offensive gouvernementale, La Voix des femmes crée des espaces où les femmes et les filles peuvent danser. En 1940, dans La Voix des femmes, Jeanne Sylvain décrit une cérémonie vaudou où une petite fille de huit ans danse et est en transes (15). De plus, comme l’a mis en évidence Grace Louise Sanders, sur la suggestion de Suzanne, la Ligue fonde deux bibliothèques à Port-au-Prince et Port-de-Paix, et organise des cours du soir en histoire, économie domestiques, et culture haïtienne. En 1943, la  Ligue  ouvre aussi un centre communautaire pour femmes, « le foyer » (16). Il propose des cours en éducation des enfants, langue, cuisine, offre une bibliothèque et des cours de chants et danses folkloriques, et de sport ; surtout, il diffuse un message féministe.

Grâce à toutes ces actions et ces luttes, en 1944, les femmes haïtiennes obtiennent le droit de percevoir leur propre salaire, et d’occuper des postes gouvernementaux (sauf encore celui de Président de la République).  Mais vers 1944-45, Madeleine est découragée par la progression trop lente à son goût de la Ligue féminine d’action sociale (en effet, avec la guerre, son influence a décru), elle est déçue, pessimiste. « Heureusement la guerre va être bientôt finie et j’espère qu’un vent d’amour va passer sur le monde », écrit-elle à sa soeur Suzanne le 26 juin 1944 (17). Madeleine décide alors, pour  s’engager dans l’ONU : en 1945, elle est sélectionnée pour travailler dans le principal bureau de l’ONU en Allemagne (18)

En 1950, sous l’impulsion notamment des sœurs Sylvain, les femmes haïtiennes organisent le Premier Congrès national des femmes haïtiennes, c’est un succès, il attire l’attention et la participation d’intellectuelles des deux hémisphères et des deux côtés de l’Atlantique (19). Quelques années plus tard, en 1954, la Ligue féminine propose 6 cours du soir  à Port au Prince et d’autres villes d’Haïti.  Mais la longue dictature des Duvalier va porter un coup fatal aux actions de la Ligue féminine d’action sociale. En 1957, ses archives sont détruites, nombre de ses militantes persécutées ou forcées à s’exiler. Celles restées au pays s’attachent à faire vivre entre autres le foyer Alice Garoute, mais difficilement.  Après le renversement du dictateur Jean Claude Duvalier en 1986, les femmes féministes d’Haïti organisent une manifestation historique pour protester contre la pauvreté et la violence qui touchent les femmes. Mais la Ligue ne parvient pas à reprendre toute son action. 

Yvonne Sylvain : première femme médecin et première gynécologue-obstétricienne d’Haïti

Yvonne est la plus éclectique des soeurs Sylvain: jeune, elle est attirée à la fois par la profession d’institutrice, par les beaux-arts, puis par la médecine. Elève du célèbre sculpteur haïtien Normil Charles, elle touche à tous les arts : la sculpture, la peinture, le théâtre, la critique d’art. Jeune femme pleine de fougue, faisant sensation dans la société d’alors peu habituée à voir des femmes créer et agir à l’égal des hommes, Yvonne tout comme ses  sœurs, défie les préjugés machistes de l’époque. En 1932, elle expose une trentaine de ses dessins et peintures. Elle anime aussi à la radio une émission dans laquelle elle a à coeur de mettre en valeur et de faire connaître la culture haïtienne. 

Suite au choc de la mort de sa mère, en 1935, âgée de 28 ans, elle décide de réorienter sa vie, en se lançant vers les sciences médicales. Elle devient alors la première étudiante de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université d’Haïti. Étudiante douée, elle effectue avec succès ses cinq années d’études. En 1940 elle obtient son diplôme et, grâce à une bourse d’études de perfectionnement du bureau sanitaire interaméricain, elle part se spécialiser en obstétrique et en gynécologie, à la Medical School de l’Université de Columbia (New York). 

De retour sur son île natale, Yvonne pratique la médecine, altruiste et dévouée, exerçant pendant de  nombreuses années à l’hôpital de l’Université d’Haïti, et elle se révèle excellente clinicienne dans le traitement de l’infertilité comme obstétricienne et gynécologue. Dans les années 1930, Yvonne a beaucoup de patients souffrant de la syphilis. Elle s’occupe aussi de la terrible épidémie de pians, maladie tropicale pouvant entraîner des mutilations ou déformations, ainsi que de tuberculose et malaria, maladies infectieuses endémiques, liées aux conditions de vie, et aux mauvaises conditions sanitaires dans lesquelles s’est effectué l’exode rural massif consécutif à la fin de l’occupation américaine. A cette époque, la mortalité infantile est dramatique à Haïti, qui est dans une situation de véritable crise sanitaire. Yvonne réalise et publie alors en 1941 une étude sur la mortalité infantile à Haïti (20).

Peu après, elle devient vice-présidente de l’hôpital de la communauté haïtienne de « Frères » (fondation haïtienne pour la santé et l’éducation), poste qu’elle occupera jusqu’à la fin de sa vie. Frappée par l’importance des cas de cancer à Haïti, elle participe aussi activement à la Ligue haïtienne contre le cancer et à l’introduction en Haïti du test ‘’Papa Nicolaou’’ de dépistage de cancer de l’utérus, et agit en vue de doter Haïti de tests à rayon X et de traitements radiothérapiques contre le cancer. 

Pendant la période de la dictature duvaliériste, elle va s’exiler et exercer la médecine  dans le cadre international de l’ONU: pendant 13 ans, elle est déléguée en santé publique (spécialité génésique) pour l’OMS. Elle mène aussi une action médicale dans plusieurs pays d’Afrique (dont Sénégal) et au Costa-Rica.  Yvonne a aussi été active comme sa sœur Madeleine dans les activités de la Ligue Féminine d’Action Sociale et a publié des articles dans son journal La Voix des Femmes.

Un héritage important

Les sœurs Sylvain laissent un héritage important. Yvonne meurt en 1989, laissant un travail remarquable dans le domaine médical, longtemps domaine réservé des hommes. En 2005, elle est honorée à titre posthume par l’association médicale haïtienne (AMH). Et à Québec a été créé un centre d’hébergement qui porte son nom, le centre Yvonne-Sylvain.

Madeleine, elle, a laissé une œuvre de sociologue remarquable. Elle a aussi formulé des propositions en faveur d’avancées significatives dans le Code Pénal et le Code Civil haïtiens, pour mettre un terme au statut de mineure de la femme. Après la mort de Madeleine, le foyer Alice-Garoute, qu’elle a créé dans le cadre de la Ligue, dans l’objectif de former des jeunes filles rurales,continue à fonctionner, comportant une école professionnelle, un centre d’alphabétisation des adultes, un club de mères et un centre nutritionnel.

Ainsi, les quatre sœurs Sylvain ont tout au long de leurs vies, grâce à leurs contacts et aux liens intellectuels transatlantiques qu’elles ont tissés, réussi à affirmer leurs voix et leurs revendications politiques, sociales et culturelles, notamment en publiant leurs recherches et en collaborant avec des organisations internationales comme celles de l’ONU. Elles ont grandement contribué à l’affirmation  politique et culturelle des Haïtiennes sur la scène mondiale. 

Chloé Maurel 

(1) Pour une présentation de la famille Sylvain, (le père, la mère, les frères, et les sœurs Jeanne et Suzanne, voir le premier volet de cet article : « Les sœurs Sylvain, femmes afro-descendantes d’Haïti, intellectuelles pionnières. I. Suzanne et Jeanne », par Chloé Maurel.
(2) À cette époque, Madeleine noue des liens avec les mouvements féministes des femmes afro-américaines et dominicaines (dans la République dominicaine voisine, l’occupation étasunienne a pris fin dès 1924). Mais cette synergie avec le mouvement dominicain s’arrête vite car le discours ambiant en République dominicaine est nationaliste et anti-haïtien.
(3) Grace Louise Sanders,  La Voix des Femmes : Haitian Women’s Rights, National Politics and Black Activism in Port-au-Prince and Montreal, 1934-1986, PhD in history and women studies, University of Michigan, 2013, p. 134. 
(4) Ibid
(5) Tout ce passage sur Madeleine tire ses informations de l’article de Ricarson Dorce cité en bibliographie. 
(6) Puis, en 1938, elle introduira en Haïti le « mouvement des Guides ».
(7) Les informations sur cette action de Madeleine dans le cadre de la Ligue féminine d’action sociale et du journal La Voix des Femmes sont extraites de la thèse de doctorat (PhD) de Grace Louise Sanders sur ce sujet (citée en bibliographie). 
(8) Madeleine Sylvain Bouchereau, “Nous revoici,” La Voix des Femmes (janv. 1947), p. 1, cité dans G. L. Sanders, op. cit.,  p. 125. 
(9) L. Sanders, op. cit., p. 126. 
(10) Madeleine Sylvain, “A Haiti, la femme n’a pas de droits,” La Presse, Montreal, 20 décembre 1937, cité dans G.L. Sanders,  op. cit., p. 6-8. 
(11) Notice « Madeleine Sylvain Bouchereau », encyclopédie Trouillot. 
(12), (13) Ibid
(14) L. Sanders, op. cit., p. 130-131. Ce passage sur la Ligue féminine d’action sociale et le journal La Voix des femmes se fonde sur le travail doctoral de Grace Louise Sanders. 
(15) à (19) Ibid
(20) Yvonne Sylvain, « Mortalité infantile en Haïti : Essai de statistique tiré des registres journaliers du service de maternité et de pédiatrie de l’hôpital général de Port-au-Prince », Boletin de la Oficina Sanitaria Panamericana (OSP), vol. 20, n°11, novembre 1941.

Bibliographie:

La rédactrice de l’article remercie chaleureusement Gusti Klara Pourchet Gaillard, Professeure d’histoire à l’Université d’État d’Haïti, pour sa relecture attentive de cet article, ses références, ses remarques et ses conseils.

Travaux sur les sœurs Sylvain ou sur leur contexte historico-ethnographique :

Erickson Avril, « Yvonne Sylvain, médecin (1907-1989) », in Ricarson Dorcé et  Emilie Tremblay (dir.), Haïtiennes, portraits de femmes militantes, éditions science et bien commun. 
Esther Dartigue, “Le Feminisme en Haiti ‘Il était une fois quatre soeurs,’” Bulletin de l’Association France-Haiti (Mai 1985:7-8).
Ricarson Dorce, « Madeleine Sylvain-Bouchereau, sociologue », in Ricarson Dorce, Femmes savantes, femmes de science : https://femmessavantes2.pressbooks.com/chapter/madeleine-sylvain-bouchereau-haiti-1903-1970/  accédé le 22 octobre 2019. 
Claude-Narcisse, Jasmine en collaboration avec Pierre-Richard Narcisse (1997), « Yvonne Sylvain 1907-1989 », Mémoire de femmes, Unicef-Haïti. 192 p.
http://jasminenarcisse.com/memoire/08_guerisseuses/02_yvonne.html 
Vincent Debaene, « Les écrivains contre l’ethnologie? Ethnographie, ethnologie et littérature d’Afrique et des Antilles, 1921-1948 », Romanic Review, vol. 104, nos 3-4,‎ 1er janvier 2013 (lire en ligne :file:///C:/Users/Chlo%C3%A9/Downloads/Debaene_2014_Romanic104i03-04_Ecrivains_contre_l_ethnologie%20(1).pdf, consulté le 5 mars 2017).
Laënnec Hurbon, Culture et dictature en Haïti Paris, Karthala, 1979. 
Chloé Maurel, L’Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat d’histoire contemporaine, Université Paris 1, 2005-2006  consultable en ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00848712/document
Jasmine Claude-Narcisse & Pierre-Richard Narcisse, Mémoire de Femmes, Port-au-Prince, UNICEF-HAITI, 1997. 
Grace Louise Sanders, La Voix des Femmes : Haitian Women’s Rights, National Politics and Black Activism in Port-au-Prince and Montreal, 1934-1986, PhD in history and women studies, University of Michigan, 2013. 
Francine Tardif, La situation des femmes haïtiennes. Port-au-Prince, Comité Inter-Agences Femmes et Développement Système des Nations Unies (CIFD),1991. 
Ernst Trouillot et Ertha Pascal Trouillot, Encyclopédie biographique d’Haïti, Port-au-Prince, éditions Semis, 2001 : notice « Suzanne Comhaire-Sylvain » et « Madeleine Sylvain Bouchereau ».Chantalle F. Verna, Haiti and the Uses of America: Post-U.S. Occupation Promises, Rutgers University Press, 2017.
Wyddiane Prophère, “Yvonne Sylvain, première femme médecin”, accédé le 14 octobre 2019.

Travaux des sœurs Sylvain : 

Madeleine Sylvain Bouchereau, Haïti et ses femmes. Une étude d’évolution culturelle. Port-au-Prince, Haïti: Les Éditions Fardin, 1957. 
Madeleine Sylvain-Bouchereau (1944), Education des femmes en Haïti, Port-au-Prince, Imp. de l’Etat.
Madeleine Sylvain-Bouchereau (1944), Lecture Haïtienne : La Famille Renaud, Port-au-Prince, Editions Henri Deschamps.
Madeleine Sylvain-Bouchereau (1946), « Les Droits des femmes et la nouvelle Constitution », in La Femme haïtienne répond aux attaques formulées contre elle à l’Assemblée constituante, Port-au-Prince, Société d’Editions et de Librairie.
Madeleine Sylvain-Bouchereau (1950), « La Classe moyenne en Haïti », in Matériaux pour l’étude de la classe moyenne en Amérique Latine, Washington, Département des Sciences sociales de l’union panaméricaine.

  • 1
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire