(1/2) Les sœurs Sylvain, femmes afro-descendantes d’Haïti, intellectuelles pionnières

Partie 1 : Suzanne et Jeanne

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S’ouvre avec cet article le premier volet d’une série de deux articles consacrés au soeurs Sylvain. En tant que femmes et noires, luttant contre les pesanteurs et les préjugés pour s’affirmer comme actrices intellectuelles, elles ont été des pionnières remarquables et ont contribué à l’émancipation féminine. En effet, Suzanne a été la première femme anthropologue haïtienne, Madeleine la première femme sociologue haïtienne, et l’une des principales fondatrices de la Ligue d’action sociale des femmes, la première organisation féministe en Haïti, Yvonne  a été la première femme haïtienne médecin, tout en étant une artiste accomplie, et Jeanne une des premières assistantes sociales haïtiennes. Focus avec ce premier article sur la vie de Suzanne et Jeanne.

Depuis 1804, Haïti était devenue indépendante de la France, mais l’île restait au début du XXe siècle une société très pauvre et inégalitaire, d’autant plus que de 1915 à 1934, elle était sous la domination des Etats-Unis. L’immense majorité de la population, à dominante paysanne, et notamment les femmes, était privée d’éducation et des droits et libertés en particulier économiques, sociales et culturelles. Les sœurs Sylvain, quatre sœurs, l’aînée, Suzanne (1898-1975), Madeleine (1905-1970), Jeanne (1906- ?), et Yvonne (1907-1989) ainsi que leurs trois frères, sont issus d’une famille de l’élite intellectuelle haïtienne, très cultivée et militante. Leur mère, Eugénie Malebranche, et surtout leur père, George Sylvain, étaient les leaders de l’organisation haïtienne de lutte pacifique contre l’occupation étatsunienne de l’île (1915-1934), l’Union Patriotique. Leur oncle Benito Sylvain était l’un des pères fondateurs du mouvement panafricain (ayant été de 1897 à 1906 aide-de-camp de l’empereur Ménélik en Ethiopie), et leur père George était un militant et un  poète, écrivain, avocat et diplomate, membre du mouvement littéraire haïtien “la génération de la Ronde”. Georges Sylvain, intellectuel de grande envergure, très cultivé, qui a beaucoup milité pour la langue créole, était très populaire dans les différentes couches sociales du pays ; ses obsèques en 1925 sont révélatrices de cette popularité. Si leur frère Normil (1900-1929) s’est illustré comme poète et fondateur de La Revue indigène en 1927, avant de mourir à vingt-neuf ans en luttant contre l’occupant américain, et Pierre (1910-1991) s’est réalisé comme botaniste, il sera question ici uniquement des soeurs Sylvain. En effet, en tant que femmes et noires, luttant contre les pesanteurs et les préjugés pour s’affirmer comme actrices intellectuelles, elles ont été des pionnières remarquables (bien que s’inscrivant dans toute une mouvance existante alors dans les couches intellectuelles du pays, notamment avec la figure leur père, et celle de Jean Price-Mars), et ont contribué à l’émancipation féminine. En effet, Suzanne a été la première femme anthropologue haïtienne, Madeleine la première femme sociologue haïtienne, et l’une des principales fondatrices de la Ligue d’action sociale des femmes, la première organisation féministe en Haïti, Yvonne  a été la première femme haïtienne médecin, tout en étant une artiste accomplie, et Jeanne une des premières assistantes sociales haïtiennes.

Comment ces quatre sœurs ont-elles réussi au cours du XXe siècle à faire entendre leurs voix et à contribuer à l’émancipation des femmes et des peuples noirs sur la scène intellectuelle mondiale ? Comment, grâce à leurs liens intellectuels transatlantiques, notamment par le biais des Nations unies, ont-elles continué tout au long de leur vie à s’émanciper ? Il s’agira ici de retracer le parcours de Suzanne et de Jeanne. 

De jeunes intellectuelles qui effectuent des études universitaires à l’étranger

Suzanne, l’aînée, a été présidente fondatrice du « Noël », un des premiers mouvements incitant la participation des jeunes aux œuvres sociales ; jeune adulte, elle a été la première femme d’Haïti à travailler dans un bureau, dès 1925. C’est ensuite qu’elle a entamé des études : elle a été  la première Haïtienne à obtenir le baccalauréat, la licence, puis un doctorat, qu’elle passe à Paris. En 1935, elle est assistante de recherches à l’université de Londres, sous la direction de B. Malinowski. Elle y rencontre de futures personnalités marquantes de la décolonisation africaine. En 1959, elle est membre à Oxford du séminaire d’Evans-Pritchard. Pour ses études, elle voyage, étudiant aussi bien en Jamaïque (à Kingston) qu’à Paris où elle soutient un mémoire de fin d’études à l’École pratique des hautes études sous la direction de Marcel Mauss. Mais elle a dû attendre l’âge de 37 ans pour obtenir ses diplômes: « elle souffrit de ce retard dans une carrière à laquelle tout son milieu s’opposait »

Jeanne, elle, étudie les questions sociales à l’université de Chicago en 1942. Elle collabore à la Ligue féminine d’action sociale, co-créée par sa sœur, et fondera une Ecole de travail social à Haïti. Elle et ses sœurs, ainsi que d’autres jeunes Haïtiens ayant fait leurs études aux Etats Unis, sont surnommés « les Master’s of », car sont revenus en Haïti avec un Master américain en poche ; c’est un phénomène nouveau pour l’époque que d’étudier aux Etats-Unis pour de jeunes Haïtiennes, car à cette époque c’était plutôt l’éducation à la française qui était la tradition. 

Ainsi, dans les années 1940, les sœurs Sylvain voyagent beaucoup à l’étranger, et étudient intensément. Elles s’échangent beaucoup de lettres, collectent des coupures de presse et des informations sur les événements à Haïti, suivant avec intérêt l’évolution politique.

Suzanne : une action d’ethnologue engagée et progressiste

Les liens intellectuels transatlantiques, notamment avec la France et l’Angleterre, vont être très précieux pour Suzanne: à l’École pratique des hautes études, à Paris, elle rédige deux thèses  sur le créole et les contes haïtiens, qui sont publiés en 1936 et 1937. Sa recherche porte d’abord sur le folklore haïtien, particulièrement les contes (son activité de collecteuse de contes a été étudiée par Kathleen Gyssels), et sur les origines de la langue créole. Son travail est pionnier, car, à l’époque, le créole haïtien, parlé alors par 95% de la population de l’île, était méprisé, considéré comme sans valeur. 

Ses recherches attirent l’attention de l’anthropologue polonais Bronislaw Malinowski, spécialiste de la Mélanésie, et célèbre pour avoir imposé la pratique de l’anthropologie de terrain et la méthode de l’observation participante. Il l’invite à Londres, où elle devient son assistante de recherche. Là, elle rencontre Jomo Kenyatta, futur président du Kenya, et elle mène des recherches au British Museum, où elle se documente sur les racines africaines du créole haïtien.  Comme l’a souligné Laënnec Hurbon, « alors qu’en 1936 le créole était tenu pour simple dérivé, abâtardi, de la langue française, S. Comhaire-Sylvain travaillait, elle, à montrer l’importance de l’apport africain dans la constitution du créole haïtien »

Rappelons qu’à l’époque il y avait des tensions passionnées, au sein de la société haïtienne, au sujet de l’orthographe du créole haïtien : à l’orthographe à la française, introduite en 1939 par le Haïtien Christian Beaulieu, s’oppose l’orthographe à l’américaine introduite dans les années 1940 par l’éducateur américain Frank Laubach (la « méthode Laubach »). Ces tensions sont révélatrices d’une lutte d’influence, alors en cours en Haïti, entre influence culturelle française et influence culturelle américaine. 

D’autres liens transatlantiques suivront, notamment avec l’Afrique : Suzanne se rendra au début des années 1940 en Afrique subsaharienne, notamment au Congo belge (où elle rencontrera son mari, l’ethnologue belge Jean Comhaire, afin d’y identifier les racines africaines du créole haïtien et la matrice des contes haïtiens qu’elle collectait. Elle est notamment attentive à étudier la place des femmes et de l’éducation des enfants dans ces sociétés. 

Mais il faut rappeler que c’est à Haïti, dans son pays natal, qu’elle a commencé vraiment son travail d’anthropologue de terrain : en 1939, Suzanne mène une enquête d’un an à Port-au-Prince, interviewant plus de 1000 écolières pauvres entre 9 et 16 ans sur leurs loisirs, consacrés essentiellement à la danse et aux veillées.  Elle observe que beaucoup de ces filles sont domestiques dans des maisons de l’élite, et est frappée de constater qu’elles passent plus de 98 heures par semaine au travail. Seul un très faible pourcentage de ces filles suivent l’école à plein temps, la plupart devant s’absenter souvent l’école ; elles ont très peu de temps pour leurs loisirs. Cette recherche contribuera à sa prise de conscience politique et sociale. 

Comme l’analyse Kathleen Gyssels, les travaux de Suzanne sont pionniers, car elle est une des premières à étudier en ethnologue et linguiste les origines du créole haïtien et des proverbes, devinettes et contes, elle explore l’« oraliture » de la culture populaire haïtienne, avec en particulier « son fameux Roman de Bouqui, qui est à la littérature haïtienne ce que le Roman de Renard est à la littérature flamande ». En cela, elle s’inscrit dans une mouvance existante, car son père, Georges Sylvain, avait lui-même traduit les fables de La Fontaine en créole haïtien.  

L’ethnologue belge Jean Comhaire, époux de Suzanne, relate pourquoi sa femme  s’est tant intéressée aux contes, citant ses propos : «je leur dois la vie : après une grave maladie faite à l’âge de seize mois, j’avais complètement perdu l’appétit et, n’était le dévouement d’une petite bonne, Amise, qui avait eu l’idée de me raconter des histoires pour détourner mon attention tandis que la gouvernante introduisait dans ma bouche des cuillerées de bouillie, j’aurais probablement succombé aux suites de cette inappétence.» De là est venu le profond intérêt de Suzanne pour les contes, rites traditionnels, et cérémonies ; ainsi elle fréquente les veillées funèbres, recueille le folklore haïtien. 

Selon son mari, Suzanne aurait souffert d’avoir dû attendre jusqu’à 34 ans pour obtenir ses diplômes universitaires. « À vingt-six ans, elle avait même fait scandale en prenant un emploi de secrétaire et il avait fallu que l’archevêque français de Port-au-Prince la charge de fonder une importante organisation de jeunes filles pour la sauver de l’ostracisme. Huit années difficiles ». Elle repart finalement en Europe en 1952. Il souligne combien cela a été malaisé, pour une femme et qui plus est une femme noire, et travaillant sur un sujet peu académique, de trouver sa place dans le monde universitaire français : il lui a fallu « imposer à la Sorbonne une acception nouvelle du folklore qui commençait par l’étude de la langue créole. Or la Sorbonne, hantée par le souvenir de Meillet, répétait après lui que les créoles ne valaient pas la peine d’être étudiés, qu’ils n’étaient que des exceptions aux règles. Selon Meillet, il ne s’agissait que d’un « français enfantin». »

C’est grâce à la fonction d’inspectrice scolaire (à laquelle elle est nommée par Dumarsais Estimé, président d’Haïti de 1946 à 1950) que Suzanne enquête, à Haïti, « sur les loisirs des écolières tout en publiant une documentation sur les noms propres haïtiens, sur la femme dans les proverbes, récoltant les premiers éléments pour son fameux Roman de Bouqui. Elle parcourut le pays, séjournant, par exemple, parmi les coupeurs de canne expulsés de la République dominicaine, et chez les montagnards de Kenscoff, au sud-ouest de la capitale »

Suzanne est vraiment pionnière par son domaine de recherche, car elle s’est intéressée au folklore avant même la création en 1938 de la revue Les Griots par Lorimer Denis et François Duvalier (même si le courant « les Griots » existait déjà depuis 1932). Comme l’a analysé Victoria Famin, la revue Les Griots était « vouée à l’étude de la culture et de l’identité haïtiennes, Les Griots s’appuie sur les principes de l’indigénisme de Jean Price-Mars pour mettre l’accent sur les racines africaines du peuple d’Haïti ». Suzanne avait commencé son étude ethnologique du folklore avant même la création à Haïti en 1941 de l’Institut et du Bureau d’Ethnologie (où elle deviendra plus tard professeure). En 1937, elle contribue à la fondation de l’École des Lettres d’Haïti. 

 En 1946, après un séjour d’études de 3 ans en Afrique (où elle rencontre son mari le Belge Jean Comhaire au Congo belge), elle rentre à Haïti, où le président, le progressiste Dumarsais Estimé, nomme Suzanne présidente  de la délégation d’Haïti à l’assemblée Inter-Américaine des Femmes. A Kenscoff (Haïti), elle étudie pendant un an et demi la culture populaire, dont elle identifie les racines africaines, ce qui avait été longtemps peu étudié. En 1959, elle devient membre, à Oxford, du séminaire du professeur Evans-Pritchard, anthropologue britannique majeur ; puis elle-même deviendra professeur d’université à Port-au-Prince, à Washington, à Bruxelles, Addis-Abeba.  Elle séjourne deux ans en Ethiopie au début des années 1960 avec son mari. Mais un infarctus l’oblige à quitter ce pays de haute altitude ; à Paris, elle travaille sur les femmes de Kinshasha et de Lomé, sur les personnes âgées de Dakar et de Port-au-Prince, sur le parallélisme entre contes africains et haïtiens. 

Au fil des années, Suzanne élargira son rayon d’enquête, menant des collectes de culture orale à Kenscoff (Haïti), à Kinshasa (Congo, où elle mène deux enquêtes ethnologiques sur les femmes de Kinshasa), à Lomé (Togo) et à Nsukka (Nigéria). Elle enseignera à la New School for Social Research de New York . A plusieurs reprise, Suzanne collabore avec les Nations unies : en 1946, elle devient membre du conseil de tutelle de l’ONU pour le Togo et le Cameroun sous administration française, puis elle contribue dès 1947 à un ambitieux projet de l’Unesco mené en terre haïtienne, dans le village de Marbial. 

Suzanne et Jeanne : une collaboration au projet ethnologique et éducatif de l’Unesco à Marbial

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les quatre sœurs Sylvain vont être amenées à collaborer avec les Nations unies. Suzanne et Jeanne sont associées au projet d’éducation de base de la vallée de Marbial (au sud du pays, près de Jacmel), lancé par l’Unesco en 1947, et piloté par l’ethnologue helvéto-américain Alfred Métraux.  

Le projet de l’Unesco vise à la fois à éduquer, alphabétiser les habitants de ce village enclavé et misérable, et à collecter des données ethnographiques. Il s’agit d’une « ethnographie de sauvetage », Métraux cherchant à « sauver le souvenir du vaudou » (alors en voie de disparition),

comme l’analyse Christine Laurière, qui rappelle qu’à cette époque : « le vodou commence tout juste à être appréhendé autrement que comme un culte malfaisant et orgiaque, grâce aux ouvrages pionniers, celui de Jean Price-Mars, Ainsi parla l’oncle (1928), et celui de Melville Herskovits, Life in a Haitian Valley (1937) »

Dans la conduite de son enquête, Métraux bénéficie de l’aide précieuse et dévouée d’intellectuels de valeur, comme la Française Yvonne Oddon (bibliothécaire du Musée de l’homme, ancienne résistante), le jeune ethnologue français Lucien Bernot, les sœurs haïtiennes Jeanne Sylvain et Suzanne Comhaire-Sylvain, ainsi que le mari de celle-ci, l’anthroopologue belge Jean Comhaire. Suzanne, aidée de son mari, collecte des traditions auprès des villageois. Métraux fait l’éloge de l’« idéalisme » et de la « farouche énergie » de Jeanne Sylvain dans son travail d’assistante sociale bénévole ; il loue son « zèle intelligent » et estime qu’elle est « la mieux formée et la plus énergique » du groupe. Les époux Comhaire mènent bénévolement une étude ethnologique portant notamment sur le mécanisme de l’autorité dans la région. En 1949, Métraux, aidé des Comhaire et de l’agronome haïtien Berrouet, entreprend une étude sur les pauvres de la vallée

Jeanne est particulièrement dynamique ; elle mène en tant qu’ assistante sociale une action énergique et courageuse dans les bidonvilles de Port-au-Prince. Elle est active aussi dans le projet de Marbial. Pour ce projet, c’est Alfred Métraux qui a recruté les sœurs Sylvain, ainsi qu’une vingtaine d’instituteurs et plusieurs paysans, les chargeant de conter leur vie, de décrire « les coutumes en matière de mariages, d’enterrements, etc. Des récits de vie sont rédigés à partir des entretiens avec les paysans ; la maison marbialaise est décrite »

Jeanne se montre très sensible à l’état de délabrement de la société haïtienne : elle souligne « le désarroi de la vieille culture [haïtienne] épuisée confrontée à une civilisation étrangère », « la passivité du paysan de Marbial, son souhait qu’on lui dise ce qu’il faut faire sans discussion, son incapacité à exprimer ses besoins et ses aspirations ». 

Dans ses lettres à ses sœurs, Jeanne exprime souvent son épuisement dû au nombre écrasant de clients ayant besoin de ses servicesPlus tard, en 1953, Métraux enverra Jeanne, qu’il a connue sur le  projet de Marbial, effectuer une enquête anthropologique pour l’Unesco en Bolivie, dans le cadre du projet andin, projet de développement social mené dans plusieurs pays des Andes par l’ONU, l’OMS, la FAO et l’Unesco.

Un héritage important

Les sœurs Sylvain laissent un héritage important. En 1972, âgée de 74 ans, Suzanne s’installe à la cité universitaire de Nsukka, au Nigéria, où elle collecte des données sur les femmes Igbo de la région. Elle laisse, comme l’écrit Laennec Hurbon, « une oeuvre considérable sur la littérature orale africaine et haïtienne », car elle a « fourni une base indispensable et unique à la connaissance de la culture populaire de son pays ». Son travail a même, selon Laennec Hurbon, une dimension politique, car il bat en brèche  l’offensive (…) de l’impérialisme français caché derrière la francophonie », et «  s’inscrit en faux contre la propagande francophonique encore dominante en Haïti et qui, à terme, signifie l’assimilation du peuple haïtien à la culture française ». Suzanne   meurt dans un accident de la route au Nigéria en 1975. En 2014, ses archives personnelles ont été catalogués et mises à disposition par les  Archives de Californie. Elle commence à faire l’objet aujourd’hui de l’intérêt des chercheurs. Son travail compte plus de 200 articles, notamment des recueils de contes haïtiens, de jeux et loisirs haïtiens, des études sur la langue créole haïtienne, sur les croyances paysannes, des études sur les femmes congolaises  et togolaises, et sur les migrations éthiopiennes.

Ainsi, les sœurs Sylvain ont tout au long de leurs vies, grâce à leurs contacts et aux liens intellectuels transatlantiques qu’elles ont tissés, réussi à affirmer leurs voix et leurs revendications politiques, sociales et culturelles, notamment en publiant leurs recherches et en collaborant avec des organisations internationales comme celles de l’ONU. Elles ont grandement contribué à l’affirmation  politique et culturelle des Haïtiennes sur la scène mondiale.

Chloé Maurel

 

  1.  Notice « Suzanne Comhaire Sylvain », encyclopédie Trouillot. 
  2. L. Sanders, op. cit., p. 134. 
  3.  À l’époque, la langue officielle dans l’administration était le français. 
  4.  Voir Kathleen Gyssels, « ‘Trésors de veillées’. Les contes haïtiens recueillis par Suzanne Comhaire-Sylvain », Gradhiva, n°1, 2005. 
  5.  Cf. Laennec Hurbon, « Suzanne Comhaire-Sylvain », Journal des Africanistes, 1975, 45 1-2, p. 200-201. 
  6. L. Sanders, op. cit., p. 128.  Suzanne publiera : “Les Loisirs des Fillettes de Port-au-Prince”, La Voix des Femmes, no. 46 vol. 6, fév. 1940, p. 10.
  7.  Cf. Kathleen Gyssels, « Trésors de veillées », article cité. 
  8.  Jean Comhaire : « Hommage à ma femme », cité en bibliographie.
  9.  Ibid
  10.  Ibid. 
  11.  Voir Victoria Famin, « Les Griots, entre indigénisme et négritude », Revue de littérature comparée, 2017/4, n°364, p. 422-432. 
  12.  Christine Laurière, « D’une île à l’autre. Alfred Métraux en Haïti », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, n°1,‎ 1er mai 2005, p. 181–207.
  13.  Sur ce projet de l’Unesco, voir C. Maurel, L’Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat d’histoire contemporaine, Université Paris 1, 2005-2006, p. 861-866 et 911-916. 
  14.  Archives Unesco, 375 (729.4) A 61, III : lettre de Métraux à Bowers, 10 mai 1948 ; « idealism » ; « fierce energy » ; lt. de Métraux à Bowers, 9 juin 1948 : « the best prepared and the most energetic of the group » ; lettre d’A. Métraux à Suzanne Comhaire-Sylvain, 20 oct. 1948 (www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/comhaire-sylvain).
  15.  Archives Unesco, 375 (729.4) A 61, VIII : lettre de Métraux à Bowers, 2 avril 1949. 
  16.  Christine Laurière, « D’une île à l’autre. Alfred Métraux en Haïti », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, n°1,‎ 1er mai 2005, p. 181–207.
  17.  Cité dans C. Maurel, thèse de doctorat, op. cit., p. 877. 
  18. L. Sanders, op. cit., p. 123.
  19. Maurel, thèse de doctorat, op. cit., p. 466. Sur ce projet, cf. Chloé Maurel, « Le programme indien-andin des Nations unies (années 1950-1960) », Cahiers des Amériques latines, n°67, 2011 / 2, p. 137-161.

Bibliographie:
Travaux sur les sœurs Sylvain ou sur leur contexte historico-ethnographique :
Vincent Debaene, « Les écrivains contre l’ethnologie? Ethnographie, ethnologie et littérature d’Afrique et des Antilles, 1921-1948 », Romanic Review, vol. 104, nos 3-4,‎ 1er janvier 2013 (lire en ligne : file:///C:/Users/Chlo%C3%A9/Downloads/Debaene_2014_Romanic104i03-04_Ecrivains_contre_l_ethnologie.pdf, consulté le 5 mars 2017).
Kathleen Gyssels, « Trésors de veillées. Les contes haïtiens recueillis par Suzanne Comhaire-Sylvain » », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, no 1,‎ 1er mai 2005, p. 243–248
Laënnec Hurbon, Culture et dictature en Haïti Paris, Karthala, 1979. 
Christine Laurière, « D’une île à l’autre », Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, no 1,‎ 1er mai 2005, p. 181–207.
Chloé Maurel, L’Unesco de 1945 à 1974, thèse de doctorat d’histoire contemporaine, Université Paris 1, 2005-2006  consultable en ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00848712/document  
Chloé Maurel, « Le projet d’éducation de base de l’Unesco dans la vallée de Marbial (Haïti). 1947-1954 », Revue de la société haïtienne d’histoire et de géographie, janvier-juin 2013, n°249-250, p. 46-86. 
Jasmine Claude-Narcisse & Pierre-Richard Narcisse, Mémoire de Femmes, Port-au-Prince, UNICEF-HAITI, 1997. 
Grace Louise Sanders, La Voix des Femmes : Haitian Women’s Rights, National Politics and Black Activism in Port-au-Prince and Montreal, 1934-1986 , PhD in history and women studies, University of Michigan, 2013. Consultable en ligne sur https://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/handle/2027.42/99799/gracesa_1.pdf?sequence=1&isAllowed=y
Francine Tardif, La situation des femmes haïtiennes. Port-au-Prince, Comité Inter-Agences Femmes et Développement Système des Nations Unies (CIFD),1991. 
Ernst Trouillot et Ertha Pascal Trouillot, Encyclopédie biographique d’Haïti, Port-au-Prince, éditions Semis, 2001 : notice « Suzanne Comhaire-Sylvain » et « Madeleine Sylvain Bouchereau ».
Chantalle F. Verna, Haiti and the Uses of America: Post-U.S. Occupation Promises, 

Rutgers University Press, 2017.
Notice sur Suzanne Comhaire-Sylvain, par Jasmine Narcisse: http://www.jasminenarcisse.com/memoire/04_victoire/04_suzanne.html 
Notice biographique sur Suzanne Comhaire-Sylvain, par Kathleen Gyssels: http://ile-en-ile.org/comhaire-sylvain/ 
« Hommage à ma femme », texte de Jean Comhaire, avec des notes de Kathleen Gyssels, accompagné de photographies de la famille Sylvain: http://ile-en-ile.org/jean-comhaire-hommage-a-ma-femme/ 

Travaux des sœurs Sylvain : 
Suzanne Comhaire-Sylvain, 1938. Contes du pays d’Haïti. Suzanne Comhaire-Sylvain. Port-au-Prince, Haiti. 
Suzanne Comhaire Sylvain, 1938. Loisirs et divertissements dans la région de KenscoffHaïti. Suzanne Comhaire-Sylvain, Jean Comhaire-Sylvain.Travaux Publics: Bruxelles. 
Suzanne Comhaire-Sylvain, 1968. Femmes de Kinshasa hier et aujourd’hui. Suzanne Comhaire-Sylvain. Microfilm. Le Haye  /Mouton: Paris.
Suzanne Comhaire-Sylvain, et alii, 1970. Le Nouveau dossier Afrique. Situation et perspectives d’un continent.
Suzanne Comhaire Sylvain, 1982. Femmes de Lomé. CEEBA: Bandundu, Zaire; Steyler Verlag. 
Suzanne Comhaire Sylvain, 1962. Considérations sur les migrations à Addis Abeba
Jeanne Sylvain, « L’enfance paysanne en Haïti », Présence Africaine, 1951/3 (N° 12)

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