Africains subsahariens et médias en Belgique

Francis Wilanga-Ebokwe

Print Friendly, PDF & Email

Les Africains subsahariens utilisent les mêmes médias que les autres membres de la population belge. Cependant leurs attentes diffèrent. Francis Wilanga, étudiant en communication à la Katholieke Hogeschool Mechelen, a réalisé, dans le cadre de son travail de fin d’études, une enquête sur les Africains subsahariens et les médias. Selon l’étude, les populations subsahariennes ne se reconnaissent pas à travers les médias qu’elles utilisent. L’auteur du rapport plaide entre autre pour une meilleure représentativité des personnes issues des minorités ethniques dans le paysage médiatique belge et pour l’instauration des médias reflétant la vraie multiculturalité de la société belge.

L’étude  » Africains subsahariens et médias  » traite non seulement du comportement des Subsahariens de Bruxelles face aux médias mais aussi sur la situation des médias africains à Bruxelles et en Anvers. Il existe des différences énormes dans les actions entreprises en Flandre et à Bruxelles.
La capitale européenne connaît déjà quelques tentatives des programmes africains sur les ondes radios et à la télévision. Radio Air Libre (87.7 MHz), Radio Campus (107.2 FM), Radio Panik (105.4 FM) et FM Brussel (98.8 FM) sont toutes des radios indépendantes diffusant à l’heure actuelle des programmes africains. La télévision locale francophone de Bruxelles, Télé Bruxelles, diffuse actuellement M’putuville et Télé Matonge : deux émissions réalisées par des membres de la communauté subsaharienne de Bruxelles. Il existe aussi quelques essais au niveau de la presse écrite mais ceux-ci sont très souvent éphémères. Les magazines  » africains  » produits en Belgique dure entre un et trois ans par contre ceux édités à l’étranger et vendus dans des kiosques belges connaissent une situation bien plus meilleure. Le point commun de tous ces médias est le manque de moyen financier. L’absence d’un budget consistant influe sur la qualité des programmes ou sur la durabilité de beaucoup de titres.
Pendant que Bruxelles agit, la Flandre quant à elle discute. Après l’organisation des journées de rencontre  » Médias et allochtones  » à Gand, Hasselt et Bruxelles, la chaîne de télévision publique flamande a signé la Charte Diversité (26 avril 2003). Elle affirme ses intentions d’être le reflet de la diversité dans la société flamande, aussi bien dans ses programmes que dans son personnel. La Flandre manifeste depuis toujours de très bonnes intentions mais seules quelques actions ont été réalisées à ce jour. Phara De Aguire, une présentatrice vedette de la VRT, s’étonnait que le problème soit resté le même quinze ans après. Il y a très peu de personnes issues des minorités dans les médias belges et ceux-ci continuent toujours à stigmatiser les  » populations étrangères « .
Télévision
La population subsaharienne de Bruxelles utilise la télévision plus que les autres médias. RTL-TVI (74,5 %) ; TF1 (54,3 %) ; RTBF 1- la Une- (53,8 %) ; France 2 (49,5 %) ; TV5 (44 %) sont les cinq meilleures chaînes de télévision. Il y règne une frustration et un malaise au sein de nombreux téléspectateurs africains concernant la télévision belge : ils ne s’y reconnaissent tout simplement pas. 55 % des répondants trouvent que l’image actuelle des Africains subsahariens à la télévision belge est négative, 87 % des personnes interrogées trouvent mauvaise la représentativité actuelle de la communauté africaine subsaharienne à la télévision belge et 76 % des personnes réagissent positivement à un programme présenté par un journaliste africain.
Bien qu’ils regardent les mêmes chaînes de télévision que les téléspectateurs belges, les Subsahariens semblent avoir d’autres attentes. Les Africains regardent principalement les programmes d’actualité, les émissions politiques, les films, les reportages et le sport. Les émissions de cuisine ou sur les animaux ou encore les programmes de télé réalité réalisent des faibles scores chez les téléspectateurs africains.
Magazines
75 % des femmes contre 56 % pour les hommes affirment lire des magazines ou autres revues. Les revues ayant les subsahariens comme principal groupe cible se classent dans les deux premières places (Amina avec 59,2 % et 48,3 % pour Jeune Afrique l’Intelligent). Viennent ensuite Ciné Télé revue (37,5 %), Top Santé (33,3 %) et Le Vif / l’Express (21,7 %).
Journaux
Les hommes (72 %) se distinguent ici plus que les femmes (66,3 %) dans la lecture des quotidiens. Le journal gratuit Metro (78,6 %) est le grand gagnant de cette étude, suivi par Le Soir (58 %), La Dernière Heure (29 %) et le quotidien français Le Monde (21,4 %).
L’attente de ces lecteurs subsahariens rejoint celle des téléspectateurs puisque beaucoup veulent d’abord à s’informer sur l’actualité internationale. Les informations sur la Belgique, le sport, les offres d’emploi et ou l’actualité culturelle suivent après.
Radio
Le matin est pour 40 % des personnes d’origine africaine le meilleur moment d’écoute de radio. Ces personnes écoutent principalement Radio Contact (51,1 %), Fun Radio (41,4 %), Bel RTL (39,8 %), La Première (34,6 %) et NRJ (28,6 %). Radio Air Libre sort première dans la catégorie des radios diffusant les programmes africains, suivie de Radio Panik, Radio Campus et FM Brussel. L’actualité occupe ici aussi la première place dans les genres de programmes les plus écoutés. La musique, les émissions de débats, le sport et les programmes culturels suivent de près.
Les subsahariens écoutent les radios aux programmes africains essentiellement pour s’informer sur la situation des pays africains et pour connaître l’actualité de la communauté africaine de Belgique (concerts, événements culturels, etc.). Le service public devrait montrer l’exemple puisque 44 % des personnes d’origine africaine aimeraient suivre les émissions africaines sur les ondes des radios publiques belges.
Internet
L’utilisation d’internet est répandue aussi bien chez les femmes que chez les hommes. 76 % des personnes contactées font usage d’internet et plus de 40 % personnes surfent chez aux à la maison. L’usage d’internet est aussi varié : 48 % des répondants utilisent internet tous les jours et 43 % entre une à trois fois par semaine. Les étudiants et les employés sont les gros utilisateurs d’internet.
Yahoo.fr, hotmail.com et google.be sont les sites fréquemment visités ; ce n’est donc pas par hasard que l’envoi d’e-mails arrive en première place concernant les activités sur internet ; la lecture de la presse africaine et internationale ainsi que la recherche des informations diverses comme la météo, l’itinéraire des routes ou encore l’horaire des trains font aussi partie des activités principales de surfeurs subsahariens. Peu d’Africains font confiance à internet pour faire des achats en ligne. L’écoute des radios est l’activité internet la moins populaire dans la communauté africaine de Bruxelles.
La particularité de cette étude est qu’elle est l’une des premières – si ce n’est la première – à traiter sur le comportement des Africains subsahariens face aux médias. La plupart des recherches effectuées sur le thème  » minorités ethniques de Belgique et médias  » concernaient principalement les communautés marocaines et turques.
Pour lutter contre la frustration actuelle et éviter les clichés et autres images stéréotypées, l’auteur préconise l’instauration d’une politique d’intégration responsable et volontaire – action positive – qui donnerait l’accès aux journalistes issus des minorités ethniques de Belgique ainsi que la création d’une station de radio belge à sensibilité africaine dans le paysage médiatique belge. Un tel média permettrait constituerait un canal d’expression pour les membres de cette communauté et serait aussi un relais utile et nécessaire de l’actualité belge au sein de la population subsaharienne de Belgique.

Pour plus de précisions, prière de contacter Francis Wilanga-Ebokwe
e-mail : [email protected]
gsm : + 32 475 477 173
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un travail de fin d’études en communication option Relations publiques à la Katholieke Hogeschool Mechelen.
Ce travail est aussi disponible en néerlandais au titre de : Media en zwarte Afrikanen, een onderzoek naar het mediagebruik van de Franstalige zwarte Afrikanen van Brussel en de situatie van Afrikaanse media in Brussel en in Antwerpen.///Article N° : 3916

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire