Cent messages vidéos d’habitants de quartiers populaires d’Ile-de-France sont diffusés du 9 au 13 mai à la Maison des métallos à Paris. Durant trois ans, l’association Canal Marches a recueilli ces paroles dans le cadre d’une université populaire audio visuelle. Un travail citoyen au long cours.
« Nous avons voulu donner la parole aux sans-voix par la vidéo, raconte Peggy Hartmann, membre de l’association parisienne Canal Marches, à l’initiative du projet d’Université populaire audiovisuelle (UPOPA). Les jeunes, les femmes, les personnes issues de l’immigration, les sans-papiers, les chômeurs. Ceux qui n’ont pas accès aux mass-media, à la place desquels on parle et qui n’ont pas d’accès direct à la parole. » Pour atteindre ce but et permettre aux gens de différents quartiers populaires, comme celui de Danube dans le 19e arrondissement, de s’exprimer, les membres de Canal Marches ont trouvé une idée astucieuse : une cabine d’expression libre. « Il s’agit, explique Peggy Hartmann, de quatre planches, quatre murs, un endroit assez confiné où une personne est invitée à venir prendre la parole et exprimer ce qu’elle souhaite dire : un coup de gueule, sa colère, ses rêves, ses espoirs, un poème, une chanson, un message, une annonce. »
Espace de liberté
L’exercice est un véritable espace de liberté où chacun est invité à prendre la parole, dans les limites de la bienséance. Les réactions recueillies sont hétérogènes et offrent un regard doux-amer sur notre société. Les histoires s’enchaînent mais ne se ressemblent pas, selon Peggy Hartman : « Une personne handicapée demande un accès facilité à l’emploi. Une petite fille demande que l’eau de la piscine soit plus chaude. Des personnes se battent pour leur quartier dont les immeubles vont être transformés en bureaux. Des femmes lancent un appel aux femmes battues pour les encourager à porter plainte. » Parmi elles, Sarah Oussekine, participante et co-fondatrice de l’association Voix d’elles rebelles à Saint Denis : « J’ai poussé un coup de gueule, car en accompagnant des femmes en difficulté, je me suis aperçue qu’il y avait plein de dispositifs d’aide mais que tout ce beau monde avait été incapable d’aider une femme vulnérable, sourde, victime d’esclavage moderne ! »
Initiation à la réalisation
Mais les participants, parfois membres d’associations de soutien aux habitants des quartiers populaires, ne se contentent pas de raconter leur vie. Ils s’initient également à l’outil cinématographique, au montage et à la prise de vue. Pour Eva Allouche, membre de l’association sarcelloise Du côté des femmes, il s’agit de « pouvoir faire ensuite (s)es propres films. Pouvoir enseigner à (s)on tour aux femmes de l’association pour qu’elles puissent créer leur propre moyen de communiquer. » Les intervenants de Canal Marches, professionnels de l’audiovisuel pour la plupart, initient également des jeunes à la réalisation. « Ils connaissent ainsi les tenants, les aboutissants, l’éthique qu’il faut avoir dans ce métier pour ne pas trahir les personnes interviewées », raconte Peggy Hartmann. Rendez-vous donc à la Maison des métallos pour découvrir le travail au long cours, citoyen et militant, de Canal Marches.
En savoir plus :
Découvrez les vidéos 100 messages d’habitant(e)s des quartiers populaires, réalisées par l’Université populaire audiovisuelle (Upopa) de Canal Marches du 9 au 13 mai à la Maison des Métallos (94 rue Jean-Pierre Timbaud. 75011 Paris). Au programme : projection, débats, rencontre avec Christophe Cordier et Corinne Mélis, réalisateurs du documentaire D’égal à égales et participation libre à la cabine vidéo d’expression libre.
Pour plus d’info : upopa.org///Article N° : 12614