Dans le paysage de valorisation des cinémas africains en France, l’association Cinewax fait son entrée depuis un peu plus d’un an. Avec l’ambition de se développer au Sénégal.
C’est sous un soleil éclatant et une pelouse noire de monde que s’est déroulé samedi 27 août le premier festival de Cinewax. Au terme d’une fin d’après-midi festive ponctuée par des ateliers de danse et cuisine africaine puis un concert, le prix du pardon, un film franco-sénégalais sorti en 2002, était projeté. Mansour Sora Wade y conte l’histoire de Mbanik et Yatma, deux amis d’enfance épris de la même femme. Un film salué par la critique mais peu visible en France.
« Cinewax fait la promotion des cultures africaines à travers des activités régulières et des évènements ponctuels » explique Jean Fall, féru de cinéma et alors fondateur de l’association et du ciné-club Clap Afrique – un programme interne à l’association – créé en février 2016. Chaque mois il met un pays d’Afrique de l’ouest à l’honneur avec comme objectif principal de « donner de la visibilité aux films africains peu, voire pas distribués en France ». Lors des projections, au cinéma des Lilas à Paris, entre 90 et 100 personnes se réunissent pour l’occasion. « On organise des buffets après la séance et on essaye de trouver des cuisines pour chaque pays. parce que derrière le cinéma, le plus important c’est la rencontre », continue Jean, franco-sénégalais, étudiant, actuellement détenteur d’une licence de droit. Plus qu’un simple distributeur de film, l’association veut « que les gens puissent apprendre de l’Afrique » et ainsi échanger, partager, autour des films vision- nés. En mars, le cinéma marocain était à l’honneur avec le film C’est eux les chiens réalisé par Hicham Lasri en 2013. puis en partenariat avec le Festival Nolywood Week en juin dernier, Cinewax présentait le film lauréat: The First lady d’Omoni Oboli réalisé en 2015.
Dans cette dynamique de rencontre, Cinewax a développé sur trois éditions le Sunday Talk, « l’idée c’était de prendre un sujet culturel et de le questionner, par exemple, on a eu un débat sur la fin des salles de cinémas au XXIe siècle en Afrique ». À ses côtés, Jean Fall convie des intervenants, comme le photographe Stephan Zaubitzer qui a sillonné les routes d’Afrique ou encore le maître de conférence à Paris 13 Abdel Benchenna, spécialiste des cinémas africains.
« Au départ, le but de Cinewax était de créer des espaces culturels au Sénégal et en Afrique de l’ouest, et puis il y eu une opportunité en France, puisqu’on a vu qu’il n’y avait pas d’exposition des cinémas africains. il fallait faire une action de promotion de ces cinémas ». Ainsi l’aventure commence en février 2015, après une campagne de crowdfunding réussie, Jean Fall et son équipe d’une quinzaine de bénévoles à l’année se rendent au Sénégal et installent un réseau de ciné-clubs de quartier mais ils sont -pour le moment- incapable d’ouvrir la salle multiplex qu’ils espéraient trouver. Car le rêve de l’étudiant et son but ultime serait de créer une « entreprise sociale et une structure associative » qui permettraient de réduire le taux de chômage chez les jeunes au Sénégal, en ouvrant plusieurs salles de cinéma qui feraient aussi office de lieux multiculturels (salles de cinéma, salles d’expositions, bibliothèques,…) très peu présents au Sénégal.
Une équipe de cinq bénévoles continue les activités à Dakar tandis que Jean Fall est rentré pour développer le terrain français : « j’adorerai avoir des cinés-clubs dans plusieurs villes de France et qu’il y ait des projections régulièrement. Et je voudrais créer un vrai festival de films africains à Paris, qu’il soit international et qu’il ait une véritable résonance ». Affaire à suivre, dans un paysage fécond d’initiatives autour du cinéma africain et diasporique mais qui peine en effet toujours à bénéficier d’une visibilité grand public.
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