Le combat d’Africultures continue !

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Il y a un an tombait le couperet : Africultures, en cessation de paiement, était sur le point de s’éteindre. Trop de coupes dans les subventions, trop peu de marge de manœuvre pour conserver des emplois qui n’étaient plus aidés. Parmi nos lecteurs/rices, peu voulaient le croire. Vingt ans de réflexions, de recherches, de documentation de fond sur les cultures africaines et afro-diasporiques ; des milliers d’articles comblant un angle mort du paysage médiatique francophone ; une pluralité de regards, tous au service d’un projet éditorial hors du commun, mettant l’Afrique au cœur du divers, la Relation au cœur du monde. C’est toute cette histoire qui risquait de sombrer.

L’équipe d’Africultures s’est alors réunie autour d’une question douloureuse : fallait-il abandonner? Les dettes nous plombaient, nous étions fatigués. Serions-nous assez forts, assez soudés, assez disponibles, assez optimistes, pour affronter de longs mois de remise en route de l’association, sans moyens financiers, sans employés, sans solution financière miracle ? Était-il possible, pensable, souhaitable, d’imaginer une suite dans un contexte aussi défavorable ?

Le soubresaut a été unanime : laisser disparaître les contenus, articles, base de données, fruits de deux décennies de travail ? Déchirant. Perdre notre nom, notre site, notre revue, laisser s’effacer toutes nos traces ? Impossible ! Ce qui nous a réuni, par-delà nos visions, nos générations, notre proximité plus ou moins grande avec l’association dans les temps précédents, c’est cet impensable de la perte, ce refus obstiné de lâcher ce qui avait fondé tant d’année de nos vies, ce que nous voulions continuer à défendre, tournés vers l’avenir mais ancrés dans notre passé et dans l’expérience de ceux qui nous avaient précédés.

Nous avons lancé un appel et été soutenus par une centaine d’intellectuels et artistes de renom, ainsi que par près de deux mille lecteurs et lectrices fidèles. Des journalistes, universitaires et activistes ont proposé de continuer bénévolement à alimenter de leur plume le site Internet. De nouvelles forces vives ont proposé d’intégrer le Conseil d’administration pour nous aider à redresser la structure. Les ancien(ne)s salarié(e)s ont fait savoir qu’ils ne lâcheraient pas Africultures.

Lire aussi : « Africultures, une utopie sans cesse renouvelée »

C’est à ce moment qu’est née l’idée d’un numéro spécial, qui aurait pu être un manifeste, le dernier cri que nous voulions pousser avant de nous retirer. Nous avons fait un autre choix. Le choix d’un hors-série, c’est-à-dire d’un numéro s’inscrivant dans une série pas encore achevée. Un jalon, un temps fort, dans un moment particulier de notre histoire. Pas un au revoir, mais au contraire une affirmation que nous sommes toujours là, malgré les croches-pieds financiers, par-delà la tendance globale au repli identitaire. Envers et contre tout ? Non. Grâce à et avec vous. Car ce numéro ne saurait voir vu le jour sans votre mobilisation et vos pré-achats [commandes en ligne]. Il n’aurait pas non plus été possible sans l’engagement 100 % bénévole non seulement des contributeurs/rices, mais aussi de l’équipe de coordination et des graphistes, qui nous livrent un très bel objet, dont la forme accompagne intelligemment le fond.

Merci à tou(te)s, et qu’on se le dise : Africultures est vivante !

Au sommaire de ce hors-série : 

I – Dénoncer : corps en danger, violences systémiques

Cette première partie explore la question des violences systémiques faites aux corps et les stratégies de résistance qui y répondent. Un grand angle est consacré au Brésil avec des articles sur les violences policières, le racisme d’état et un hommage à Marielle Franco. Une interview de Ta-Nehisi Coates et une analyse de l’ouvrage de la canadienne Robyn Maynard NoirEs sous surveillance apportent un éclairage nord-américain. Focus enfin sur la France où jeunes des quartiers populaires, femmes voilées et exilé.e.s sont les premières cibles d’un racisme structurel.

II – Combattre : écrire l’histoire commune

Cette seconde partie partage les combats de celles et ceux qui luttent contre les hégémonies. On y rencontre les Peuples Premiers de Guyane et du Canada. Le journaliste Serge Bilé raconte son travail de mise en valeur de l’histoire des diasporas africaines. La question du patrimoine est mise en avant à travers la question de l’héritage colonial dans l’espace public à Douala et celle de la restitution des patrimoines africains préconisée par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy. Nous faisons ensuite un détour par des initiatives plus intellectuelles : des rencontres radicales féministes décoloniales, l’espace Afropéa ou encore le collectif décoloniser les arts. Un éclairage diasporique avec des reportages sur les foyers et sur les lieux de la diaspora malienne avec le pays concluent cette partie

III – Penser : déconstruire l’eurocentrisme

La troisième partie propose un état des lieux des réflexions qui fourmillent lorsqu’il s’agit de « penser l’Afrique » : Penser les Suds avec les ateliers de la pensée dakarois, raisonner avec Souleymane Bachir Diagne à propos de la traduction, interroger le panafricanisme avec Amzat Boukari Yabara. Mais aussi, glisser hors du continent africain et adopter des perspectives latino-américaine, créoliser les imaginaires, documenter les expériences
noires de France avec Mame Fatou Niang et Maboulo Soumahoro, faire dialoguer les générations intellectuelles avec Françoise Vergès et Nadia Yala Kisukidi.

IV – Bâtir : être africain en 2018

Dossier dirigé par Hamidou Anne. Donnant la parole à de jeunes créateurs-trices du continent, il témoigne de la vitalité artistique, intellectuelle et politique de l’Afrique d’aujourd’hui.

V – Créer : les lauréat-e-s du 1er concours d’écriture Africultures et cartes blanches photographiques

Les lauréat-e-s du 1er concours d’écriture Africultures et cartes blanches photographiques.

Ils / elles participent à ce numéro et vous en parlent : 

Coordination éditoriale : Aminata Aidara, Hamidou Anne, Anne Bocandé, Marie-Julie Chalu, Samba Doucouré, Dénètem Touam Bona, Alice Lefilleul.

Coordination maquette – graphisme – illustrations : Bigot Amandine, Perrichot Corentin.

Coordination iconographies “cartes blanches” : Mélanie Cournot, Anaïs Pachabézian.

Secrétariat de rédaction : Carole Dieterich, Florent Mazeirat.

Traductions : Hamidou Anne, Carole Dieterich, Océane Dodokolo.

Rédacteurs-trices, auteur-e-s, artistes ayant contribué : Aidara Aminata, Ajbli Fatiha, Almaric David, Anne Hamidou, Assidi Sarah, Bachir-Diagne Souleymane, Benmounen Younes, Bilé Serge, Bocandé Anne, Bonilla Oiara, Boukari-Yabara Amzat, Brinker Virginie, Chalu Marie-Julie, Compaoré Ismaël, de la Chapelle Maud, Doucouré Samba, Elom20ce, Flicka Mylène, Goddard Jean-Christophe, Guedes Cinthia, Kabeya Filip, Kanapé Fontaine Natasha, Kengué Ifrikia, Kisukidi Nadia-Yala, Lefilleul Alice, Mawalum Amandine, Mbougar Sarr Mohamed, Munezero Dacia, Niang Mame-Fatou, Noël James, Oho Bambe Marc Alexandre, Peters Magbollah Henrietta Madia, Raparison Inès, Rocé, Rougier Claude, Saba, Saka Sinatou, Sarr Felwine, Savoy Bénédicte, Sisternas Tussel Joana, Soumahoro Maboula, Stalingrad Connection, Thierry Raphaël, Touam Bona Dénètem, Trouillet Caroline, Vergès Françoise, Wamo Taneisi Paul.

Cartes blanches photographiques : Collectif de photographe 220 (Algérie), Magazine Nice (Côte d’Ivoire), Erika Nimis / Marian Nur Goni (Fotota), Anna-Alix Koffi (Something we Africans got).

Le jury du concours d’écriture : Brinker Virginie, Diouf Penda, Faye Gaël, Gauz, Mameche Ouafa, Octavia Gaël, Oho Bambe Marc Alexandre, Pezeron Laurie, Doucouré Samba.

Les lauréats du concours d’écriture :  Abdejlil Sylvain, Belizard Karine, Bema Timba, Bême Emilie, Broussas Théo, De Chevigny Marc-Antoine, Daoudi Dalida, Perpignaà César, Rinaldo Samuel, Zagala Damien.

Celles et ceux qui nous ont rejoints pour apporter leur aide à la réussite de ce projet : Nicolas Szlosek (informatique/communication), Aboubacar Naby Camara (graphisme/communication), Ayann Koudou (vidéos/communication), Laura et Benoit (communication).

 A quoi va servir le financement ?

Plus de 70 contributeurs ont travaillé bénévolement pour que cette revue voit le jour. La collecte Ulule va nous permettre principalement de payer le coût de l’impression de la revue, son acheminement ainsi que celui des contreparties chez chaque lecteur et enfin assurer la communication autour de ce projet. Si nous dépassons notre objectif, les fonds serviront à financer la pérennisation de la structure et la conception de nouveaux projets Africultures.

Nous comptons sur votre soutien !

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