Créteil, en banlieue parisienne, est sans doute la plus antillaise des communes de l’Hexagone. Les originaires des Outre-mer représenteraient près de 8 % de la population de cette commune du val-de-Marne. Guadeloupéens et Martiniquais en tête.
Au dernier recensement effectué par l’Insee, la ville de Créteil comptait près de 90 000 habitants. Or près de 8 % de la population de la commune du val-de- Marne serait originaire des Outre-mer. Guadeloupéens et Martiniquais en tête. Dès la mise en place du Bureau pour le développement des migrations des dépar- tements d’Outre-mer (Bumidom) par le Premier ministre Michel Debré en 1963, de nombreux Antillais se sont installés au nord de Paris, notamment à Sarcelles et Saint-Denis. Ce n’est que quelques années plus tard que Créteil devient une ville d’accueil des Ultramarins en raison du développement de la commune et de l’ouverture de l’hôpital Henri Mondor en 1969.
Des changements positifs
Aujourd’hui encore près de 10 % du personnel viendrait des Antilles ou de la Guyane selon Hugues Charles, aide-soignant guadeloupéen. « Pour les patients, c’est un plus. Ils nous disent souvent qu’ils se confient plus facilement à nous. En général, ils apprécient notre gentillesse, le fait qu’on prenne le temps de les écouter. Chez nous, poursuit celui que ses collègues surnomment Charly, les familles s’occupent des personnes âgées. Ici elles se retrouvent très souvent très seules, à l’hôpital « . Ce quadragénaire arrivé en métropole à l’âge de 16 ans note des changements positifs dans la communauté antillaise. « Il y a de plus en plus de jeunes infirmières diplômées alors qu’avant nous étions cantonnés à des postes de moindre responsabilité ».
Implication dans la vie politique
La communauté antillaise a aussi rapidement trouvé sa place dans la vie politique locale. Arrivé à Créteil en 1972 en provenance de sa Martinique natale, Georges Aurore a ainsi été 25 années durant conseiller municipal. Dès 1981, la commune du val-de-Marne s’est jumelée avec les Abymes, en Guadeloupe. Les échanges sont nombreux entre les représentants des deux villes qui se rendent très régulièrement des visites. Aujourd’hui, trois personnes originaires des Antilles sont toujours membres du conseil municipal. L’implication des Ultramarins dans le champ associatif n’est pas en reste. Par exemple, Tony Mango a créé il y a 17 ans Eritaj, une des rares associations franciliennes et caribéennes à dispenser des cours de créole. Elle est née en 1996 de la volonté de plusieurs Antillais franciliens de « casser le moule des associations domiennes, des assos en -OM », dixit son fondateur. Et Tony Mango de poursuivre : « Nous sommes des Caribéens, pas des domiens. La Caraïbe, c’est culturel, c’est palpable. Quand on parle de vins Côtes-du-rhône, ça fait référence à quelque chose. Dire DOM, c’est s’enfermer dans de l’abstrait. »
Au fil des ans, Eritaj est devenu une référence pour l’importante communauté antillaise de Créteil, mais pas uniquement. Quels que soient les événements, ils sont ouverts à tous les Cristoliens. Même état d’esprit pour les séances d’accompagnement à la scolarité. Trois bénévoles d’Eritaj reçoivent chaque semaine des élèves en difficulté du quartier, quelle que soit leur origine. Un bel exemple de militantisme de la cause créole, ouvert à tous !
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