Depuis 2003, le Collectif Dom fait entendre sa voix dans l’espace public français pour un meilleur traitement des citoyens issus de l’Outre-mer.
« Est-ce que les 44 morts de Guadeloupe sont moins importants que les dix morts de Corse et de Marseille ? » C’est la question qu’a posée le collectif Dom au ministre de l’intérieur Manuel valls. Une manière de signaler que le gouvernement français doit s’occuper de tous les Français à égalité. Quelques semaines plus tard, Manuel valls se rendait à Pointe-à-Pitre.
En 2003, un noyau d’une trentaine de personnes, sous l’égide de Patrick Karam (qui sera par la suite délégué interministériel chargé de l’Outre-mer de Nicolas Sarkozy) se constitue en association. Le collectif Dom se présente explicitement comme un lobby apolitique, de défense des intérêts des Ultramarins antillais, guyanais, réunionnais et mahorais. Il estime que les originaires d’Outre-mer souffrent d’une discontinuité territoriale. En clair, ils dénoncent la vétusté des appareils reliant Paris à Fort-de-France, Pointe-à-Pitre et Cayenne. « Les appareils pour l’Outre-mer avaient souvent 23 ans d’âge ! explique Daniel Dalin, président du collectif, originaire de Martinique. On a dû confronter la direction de l’aviation civile à l’accumulation des pannes sur ces vols. En 2007, elle a intimé l’ordre à la compagnie d’acheter des avions neufs. » Autre pomme de discorde le coût élevé des billets : « Nos familles devaient s’acquitter de billets allant jusqu’à 1 500 euros. Cette non-possibilité de retourner dans nos départements d’origine était aussi une carence pour transmettre notre histoire et nos cultures d’origine à nos enfants « .
Fédération
Rapidement, il prend de l’ampleur. « Entre 2003 et 2005 nous avons maillé chaque région de France avec de petites sections » se souvient Daniel Dalin. « Dans notre cellule parisienne on était envi- ron 7 000. Nous avons une base de 33 000 membres. » Sous l’impulsion de ses adhérents, le collectif se transforme en plate- forme pour toutes sortes de revendications : violences policières, litiges en entreprise sur les congés bonifiés réservés aux Ultramarins tous les trois ans pour revenir dans leur département d’origine. Des discriminations au logement sont avérées lors de testing menés : « On a fait épingler pour rappel à la loi les offices de logement Logirep et Laforêt. Qu’on soit antillais ou mahorais on nous réduit souvent à notre couleur de peau. On a passé des partenariats avec des associations : la Fédération mahoraise de France, l’association Culture caraïbes de Guyane, une flopée d’associations martiniquaises et guadeloupéennes comme Accolade, une association culturelle de théâtre, Génération consciente dans le domaine économique. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. »
Pression politique
Le collectif exerce aussi une surveillance des institutions politiques. « En février 2005, une loi, portée par Nicolas Sarkozy, accordait un rôle positif à la colonisation. C’était une insulte aux peuples d’Afrique et des Antilles. On a demandé à Aimé Césaire de ne pas recevoir Sarkozy. Finalement, il a retiré l’article litigieux. J’ai eu aussi à traiter avec Yves Jégo, alors secrétaire d’État à l’Outre-mer pour lui rappeler que l’Outre-mer n’est pas un paillasson sur lequel on s’essuie les pieds ! » Cette année le collectif Dom s’est fait remarquer par des actions de justice envers l’humoriste Nicolas Bedos et le député UMP Jean-Sébastien vialatte pour incitation à la haine raciale.
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