Alors que Moussa Touré monte son documentaire enquête qui fait déjà couler de l’encre à Dakar, un autre film coproduit par le Media-Centre de Dakar s’attache à un orchestre décimé par la catastrophe. L’article d’Omar Diouf paru dans le quotidien Le Soleil de Dakar.
Le documentaire de 58 minutes, « Diamoraye, le renouveau d’un rêve « , raconte la vie d’un orchestre et de son leader, Augustin Carvalho. Dans le naufrage du bateau » Le Joola » survenu au large des côtes gambiennes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, il a perdu douze de ses musiciens. Ce film est réalisé par le journaliste Joe Ousmane Fall, avec l’appui du Media-Centre de Dakar.
L’orchestre Diamoraye, dirigé par Augustin Carvalho, jouait à bord du bateau » Le Joola » durant les traversées entre Dakar et Ziguinchor. Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, au moment du naufrage de l’embarcation au large des côtes gambiennes, douze musiciens étaient à bord et égayaient les nombreux clients. Ils avaient pour nom Abdourahmane Fall, Doudou Goudiaby, Ibrahima Diédhiou, Sandrine Nunez, Marie Thérèse Bassène…, et figurent parmi les 1835 morts dénombrés à ce jour. » Leurs corps n’ont jamais été retrouvés et demeurent à jamais au fond de l’océan « , témoigne, une année après le drame, le chef d’orchestre Augustin Carvalho. En cette soirée tragique, il n’était pas dans le bateau, de même que sept autres membres du groupe.
Dans le film de 58 minutes, » Diamoraye, le renouveau d’un rêve » réalisé par le journaliste Joe Ousmane Fall et coproduit par le Forut Media-Centre de Dakar, Augustin Carvalho explique qu’il était absent du bateau car retenu ailleurs par d’autres obligations. Il raconte sa vie après le naufrage du » Joola » et son défi de relancer l’orchestre. Le réalisateur a eu la bonne idée de faire parler ce » miraculé « . Le tournage du documentaire débute sur le quai du Port de Ziguinchor, une ville où Augustin Carvalho et d’autres personnes comme des commerçantes, des passagers et autres habitués du bateau revivent toujours le drame. Le chef d’orchestre confie que les membres du Diamoraye (terme de la langue diola qui signifie union), fondé en 1999, participaient à l’animation durant les traversées. En décidant de raconter la disparition des douze musiciens, Joe Ousmane Fall évoque une des » mille facettes » de la tragédie. Il reconnaît d’ailleurs que les angles de traitement de ce drame sont inépuisables. La douleur est encore très grande pour que ces près de deux mille morts soient oubliées par le peuple sénégalais. Et en suivant Augustin Carvalho dans sa nouvelle vie, il ne fait que réaliser un » coup de coeur « . Le documentaire s’achève sur les pleurs d’une femme qui assiste à un concert du nouveau Diamoraye durant lequel la tragédie est évoquée. Aujourd’hui reformé autour d’Augustin Carvalho et des sept autres rescapés, le groupe vit un nouveau rêve. » La musique de l’orchestre doit continuer « , dit Augustin Carvalho. Une façon de perpétuer la mémoire de ses douze camarades disparus dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002 au large des côtes gambiennes. Pour toujours…
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