Khiam

De Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

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Un camp de détention créé par Israël dans la « zone de sécurité » du Sud-Liban en 1985 et administré par l’Armée du Liban Sud. Un lieu de non-droit. Pour documenter le quotidien de la torture, de l’arbitraire, de l’humiliation et de la privation, les deux réalisateurs ont pour parti-pris de prendre six anciens détenus, de les placer en cadre fixe sur le même fauteuil, et de les laisser parler. Le montage enfile les thématiques, passant rapidement de l’un à l’autre : conditions de détention d’abord et puis comment se maintenir en forme par des exercices adaptés au manque d’espace, discuter de ses rêves pour rester éveillé….
Ce dispositif minimaliste qui ne nous offre même pas une image de ce camp, même pas une photo, fonctionne finalement comme un extraordinaire paradoxe : au fur et à mesure qu’on entre dans l’intimité de chacun de ces six personnages, qu’on apprend à les connaître, l’enfer qu’ils ont vécu parfois jusqu’à dix ans durant se métamorphose en école de vie. Ce film dépasse grandement la simple dénonciation : il démontre que jamais on ne tuera au fond de l’homme sa capacité de résistance. Chacun, chacune raconte sa lutte avec soi-même pour rester debout. Comment ils ont façonné des objets durant des heures, à base de riens, pour créer une aiguille, un crayon, ou tout simplement un objet sans utilité en fils récupérés… La dernière phrase tombe comme un couperet face à toutes les tentatives de casser l’homme : « Le camp, c’est la plus belle liberté ! » Et dans un profond silence après toutes ces paroles, défilent les objets façonnés dans ces années de détention, avec une incroyable minutie.

2000, coul, bétaSP, 52 min, contact : [email protected].///Article N° : 2574

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