Sur le continent, l’Algérie fut durant très longtemps un pays majeur en matière de BD. Dès la fin des années 60, le journal M’quidesh permet l’éclosion d’une génération entière de jeunes auteurs (Mohamed Aram, Ahmed Haroun, Maz, Slim, Brahim Guerroui ) qui vont illuminer le paysage local durant plusieurs décennies. Les années 80 constituent des années fastes pour la bande dessinée. Le 1er festival de la BD et de la caricature de Bordj EL Kiffan voit le jour en 1986. En parallèle, de nombreux albums sont également financés par l’Etat via l’ENAL (Entreprise nationale du livre). Au début des années 90, le président Chadli Ben Djedid permet à la presse indépendante privée de s’exprimer et de critiquer ouvertement le régime. Dès 1990, l’Algérie assiste ainsi à un foisonnement de publications et permet la découverte de jeunes talents. Les dessinateurs se regroupent autour d’un nouveau journal, mélange de textes satiriques, de dessins et de BD politiques et sociales : « El Manchar » (qui signifie « La Scie »). En 1992, le pays bascule dans la guerre civile. Les premières cibles des terroristes religieux sont les intellectuels, les journalistes et les dessinateurs de presse qui avaient dénoncé leur projet de société avec, dans les mosquées, des prêches virulents des leaders islamistes contre eux. Certains sont même assassinés : le dessinateur Dorbane est tué dans l’explosion d’une voiture piégée ; Brahim Guerroui (dit Gébé) est jeté au pied de son immeuble, les mains ligotées au fil de fer et la gorge tranchée le 4 septembre 1995 ; le dessinateur, chroniqueur et éditorialiste, Saïd Mekbel, est abattu d’une balle dans la tête. Le dessinateur Melouah échappe à trois tentatives d’assassinats avant de rejoindre la France suivi par Slim puis Assari, Gyps et la dessinatrice Daiffa. Avec le retour progressif de la paix civile, le 9ème art reprend peu à peu ses droits. Tout d’abord en 2003, année de l’Algérie en France, qui verra la réédition de plusieurs albums. Mais la véritable renaissance viendra en 2008 avec la tenue de la première édition du FIBDA (Festival International de Bandes Dessinées d’Alger), véritable coup de projecteur médiatique. En parallèle, avec l’appui du ministère de la Culture, plusieurs éditeurs se lancent dans la bande dessinée (Dalimen éditions, Lazhari Labter éditions), des journaux se créent (El bendir), dont certains avec beaucoup de succès, comme Laabstore. Il serait même question d’une réédition de M’quidesh
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