Pour chacun d’entre nous, Le proche Orient est un espace sacré. C’est notre lieu de mémoire par excellence. Voila pourquoi, il a toujours fasciné les poètes. Salam Gaza, Les carnets (2010) du poète tunisien Tahar Bekri, publié aux éditions elyzad prolonge dans une certaine mesure cette tradition. Mais dans une certaine mesure seulement. Alors que les poètes français allaient en orient pour une quête spirituelle et/ou exotique. Tahar Bekri, lui au contraire, va à la rencontre de la Douleur, sa douleur. De ce point de vue, ses carnets prolongent Israël, cahier bleu de Jaccottet. En écrivant ceci, je ne subodore nullement que l’argument des carnets de Tahar Bekri et celui du poète suisse sont identiques. Je constate simplement que Tahar Bekri amplifie- parce que l’actualité de cette région s’est empirée depuis- l’angoisse déjà présente dans le post- scriptum de Israël, cahier bleu, publié en 2004 aux éditions Fata Morgana. Je cite Jacottet : « Sept années depuis que j’ai achevé ce texte incertain. Le « nud de ténèbres », « le nud de haine » ne s’est -il pas resserré encore ? Le maigre espoir apparu à la suite de l’initiative dite « de Genève »- pour une fois, j’avais été fier que mon pays natal, trop souvent trop neutre, l’eût appuyée-, en reste -t-il quelque chose ? « . A cette question Tahar Bekri répond par la négative. Salam Gaza est la preuve que « le nud de ténèbres » a triomphé depuis. Puisque le 27 décembre 2008, l’armée israélienne déclare la guerre à Gaza. Peu, après au mois de mars, Tahar Bekri est invité à Ramallah, Naplouse, Jérusalem- Est et Bir Zeit pour un cycle de lectures.
Devant la dure réalité quotidienne en Palestine, le poète nous ouvre son âme en donnant à lire son cahier de bord dans lequel, il note au jour le jour ses impressions et sa colère. Alternant récit personnel et courriels, poésie et Histoire, Tahar Bekri met ses pas dans ceux de l’immense Darwich pour chanter la Palestine humiliée. Un véritable cri d’amour. Voila pourquoi, il urge de lire Tahar Bekri, ce poète au cur d’artichaut, qui, bien que révolté, hait la haine : « Je ne veux, écrit-il, ni crier avec les loups ni être insensible à la souffrance humaine. Je veux tremper ma plume dans l’encre généreuse et fraternelle, non dans l’ivresse du sang
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