Les années 2006 – 2007 sont riches en évènement pour la BD africaine en Europe et constituent de ce fait, une période charnière dans son évolution. Plusieurs sorties d’album permettent de découvrir le talent de dessinateurs du continent.
La récente parution du premier tome de la série Vanity (1) a permis aux lecteurs européens de découvrir l’immense talent de Thembo Kash, dessinateur de 40 ans, originaire du Congo-Kinshasa. Il est surtout connu pour son travail de caricaturiste (2) et pour son implication au sein de l’Atelier de création, recherche et initiation à l’art (ACRIA (3)) et du salon de la bande dessinée de Kinshasa, créés par son compatriote et ami Barly Baruti.
Ses incursions dans la Bd se limitaient à quelques planches éditées dans des parutions locales comme, entre autres, Africanissimo (4), Un dîner à Kinshasa (5) (où il sera remarqué par Barly Baruti) et dans des productions collectives européennes comme Notre librairie (6) ou BD africa (7) ainsi que dans un album congolais (Le candidat en 2004) et nigérien (8).
L’année 2007 est celle de la consécration pour Kash, « ce garçon très sympathique et qui a un talent indéniable (9)« , avec, en plus de ce premier album européen, la parution d’un recueil de caricatures (janvier) (10), une invitation en mai à une rencontre de dessinateurs de presse à Bruxelles (mai), Dessins pour la paix, animée par Plantu (11), une présence au festival Cocobulles 2007 à Abidjan (juillet) et une participation à l’exposition collective de dessinateurs congolais, organisée en septembre en Belgique dans le cadre du festival Yambi 2007. Pour clore l’année, Thembo Kash compte éditer à Kinshasa, RDC, la transition éternelle, recueil de l’ensemble des caricatures qu’il a publié depuis 1991 et l’instauration du multipartisme par Mobutu.
L’intrigue de Vanity met en scène une jeune journaliste, Angela Sanders, qui enquête pour le compte de la compagnie Vax sur un vol d’uvres d’art d’inspiration satanique. L’intrigue démarre au château de Vaux Le vicomte, dernière demeure de Fouquet, surintendant de Louis XIV. Beau pari pour ce dessinateur d’Afrique Centrale qui a relevé le défi de reconstituer un univers qui lui était si peu familier ! Pour le scénariste Duchâteau avec lequel il a travaillé sur cet album, il s’agit d’un retour aux sources puisqu’il avait démarré son immense carrière comme journaliste au Congo belge où il avait en charge, de 1955 à 1958, deux journaux de l’époque, L’avenir et le Pourquoi pas ? Congo, et rencontré à plusieurs reprises le sergent – comptable Mobutu, à l’époque journaliste débutant (12).
Thembo Kash participe également au projet Talatala (13), série de manifestations autour de la bande dessinée congolaise, lancée dans le cadre de l’exposition bruxelloise Yambi 2007. Cet évènement, soutenu par la coopération belge, accueille du 15 septembre au 30 octobre 2007, 150 artistes venant du Congo en différents lieux de Bruxelles et de Wallonie (ainsi qu’à Paris, Limoges et Anvers) pour y témoigner de la vitalité et de la créativité congolaise contemporaine dans plusieurs domaine : théâtre, danse, jazz, percussions, chansons, peinture, photo, vidéos, installations plastiques, sculptures, littérature, conte, cinéma, chant choral, rap, danse contemporaine et, bien sur
. la BD.
Réalisé par l’ASBL Entre deux mondes, Talatala présente un superbe site Internet (14) offrant un panorama complet de la bande dessinée passée et actuelle (avec en particulier un texte très documenté de l’historien Hilaire Mbiye et une bibliographie de quelques titres disponibles), une exposition de planches inédites d’une vingtaine de bédéistes intitulées « Chroniques kinoises« , résultat d’un concours de bande dessinée organisé début 2006 dans la capitale congolaise (15), un annuaire de la Bd en RDC et, surtout, la possibilité pour les internautes européens d’acheter directement sur le site quelques exemples de BD populaires kinoises (16) et trois titres de la maison d’édition kinoise Elondja (17), fondée par le courageux et dynamique Dan Bomboko (18).
Entre deux mondes a également édité une Bd de 10 pages, Wembo de Dick Esale, l’un des lauréats du concours, en vente sur leur site. Enfin, depuis le 15 septembre 2007, toujours dans le cadre de Yambi 2007, une autre exposition de BD présente quelques unes des 60 planches de Là bas
Na poto, un album collectif sur l’émigration congolaise en Europe, soutenu par la Croix Rouge de Belgique et financé par l’Union Européenne. Destiné à informer les jeunes collégiens et lycéens congolais, cet album, de par les moyens déployés au cours de l’encadrement des ateliers par Alain Brezault pour parvenir à une vraie qualité professionnelle, constitue une première dans le monde de la BD africaine. Sa mise en uvre a représenté sur place, pour chacun des dessinateurs de l’équipe, compte tenu de leurs difficiles conditions de travail, un indispensable complément de formation en grandeur réelle depuis la conception des scénarios en passant par leurs découpages, l’élaboration de story-boards, la réalisation des planches, l’encrage, la mise en couleurs et le suivi technique des travaux réalisés jusqu’à l’impression de l’album collectif. Le tirage prévu est de 125.000 exemplaires qui seront distribués en RDC d’ici la fin de l’année. Avec une couverture dessinée par Barly Baruti et des illustrations de Thembo Kash, dix auteurs congolais ont participé à l’aventure dont huit vivant au pays (Asimba bathy, charly Tchimpaka, Didier Kawende, Jason Kibiswa, Dick Esale, Albert Luba, Djemba Djeis et Hissa Nsoli) et deux à l’étranger (Fifi Mukuna et Pat Masioni). Enfin, le 22 septembre, une rencontre à thème avec des auteurs congolais de BD aura lieu à l’espace Wallonie à Bruxelles.
Une journée dans la vie d’un Africain d’Afrique est une autre bande dessinée collective, sortie au mois de juin. Cet album, édité à 400 exemplaires par l’association L’Afrique dessinée, réunit les uvres de dix de ses membres : le Brazzavillois Willy Zekid (19), les Camerounais Christian Bengono, Hervé Nouther et Simon Pierre Mbumbo, le tchadien Adjim Danngar (20), le Centrafricain Didier Kassaï (21), les Malgaches Didier Randriamanantena et Armelle Leung, le Colombien Rafaël Espinel sur un scénario du président de l’association, Christophe Ngalle Edimo ? Déclinaison en neuf actes de l’agonie d’une petite fille atteinte d’un palu cérébral, cet album constitue une étape importante dans la vie de cette association créée en mai 2001, et dont une partie de l’équipe (22) a participé au festival de Bd de Bamako en juin 2007 où il a été présenté. Cette participation a d’ailleurs constitué une innovation dans le petit monde de la bande dessinée du Sud, car si des auteurs africains sont régulièrement invités dans des festivals se déroulant sur le continent, il est très rare d’y constater la participation exclusive de bédéistes africains (23). L’atelier organisé devrait déboucher sur un album, prévu pour juin 2008, mêlant photographies et BD, intitulé « Yana, femme de Bamako« .
L’Afrique dessinée avait déjà mené ce type d’opération en juillet 2003, puisqu’à l’issue d’un atelier organisé au Cameroun, un album collectif intitulé Shegue avait été édité par l’éditeur camerounais Akoma Mba (24).
Une journée dans la vie d’un africain d’Afrique a également été présenté au festival Africajarc, dans le lot ainsi qu’à La Bd prend l’air de Carjac (25) (en septembre) et le sera prochainement aux salons du livre de Aumale, de Petit Quevilly (en octobre).
Une semaine après le festival de BD de Bamako, avait lieu le 3ème festival de Bande dessinée de Côte d’Ivoire, après les deux premières éditions de 2 000 et 2003 qui s’étaient déroulées à Grand Bassam (26). Organisé par le très entreprenant Olvis Dabley, qui s’était déjà fait remarquer en éditant un album de Bd « Cultivons l’amour » en 2003 et un album de caricatures « On va où là ? » en 2006, ce festival était la première manifestation autour du livre organisé dans le pays après 5 années de guerre civile. En sus de Thembo Kash, Pahé (Gabon), Zohore Lassane (Côte d’Ivoire), Samuel Daïna (Samy – Tchad) participèrent également aux activités.
Le Sénégalais Fayez Samb continue les aventures de sa section de tirailleurs sénégalais avec la sortie en juillet 2007 d’un 3ème album de la saga aux éditions L’Harmattan : Le tirailleur des Vosges. Avec son style graphique à la Hugo Pratt et un scénario sans ambiguïté, il continue à explorer notre conscience sur un sujet très peu traité en bande dessinée : le comportement exemplaire des unités coloniales durant la débâcle de 1940 et les horreurs subies par certains de ses soldats (en particulier le 25ème RTS), infligées par des unités SS de la Wehrmacht.
Deux petites maisons d’édition fondées par deux Africains continuent à produire des BD. La plus prolifique est l’éditeur parisien Sary92, créé par Luc Razakarivony qui compte déjà quatre titres à son catalogue. En prévision, avant la fin de l’année, Sary92 compte rééditer à 5 000 exemplaires les titres déjà disponibles : Avotra, Habiba, Vazimba et Malaso, avec une couverture différente, un nouveau scannage et des textes corrigés, ainsi que d’autres titres plus anciens : Les aventures de Greg et Abdou : Mouraingy (27), Le turban et la capote (28), Bataillon malagasy (29) et Citron (30). Deux titres inédits, Maki Lahy (31) et Solkam (32) s’ajouteront à ces sorties.
Plus au nord, la maison d’édition bruxelloise Mabiki, fondé par l’écrivain congolais Bienvenu Sene Mombala, s’occupe également de l’insertion des personnes d’origine africaine au sein de la société belge proposant des cours de sciences aux immigrés en formation ainsi qu’une aide à la rédaction de documents administratifs. Dans le cadre de son activité d’éditoriale, elle a publié en juin 2007, Les voleurs de mort, première incursion dans la BD du peintre congolais Andrazzi Mbala qui a déjà exposé plusieurs fois en Belgique (33) où il vit. Cet album devrait précéder la sortie de Zebola de Pat Mombili, annoncé depuis plusieurs mois.
Cantonnés malgré elles à un public restreint du fait de difficultés de diffusion, l’impact de ce type de production est plus important que le laissent à penser les chiffres de vente. C’est le cas, par exemple, de Mandala éditions créées par le Congolais Robert Wazi qui a vendu près de 15 000 exemplaires des deux premiers tomes de la biographie de Simon Kimbangu de Serge Diantantu (34). Il réalise également des expositions didactiques qui tournent dans tout le pays (35). Le collectif Afro bulles dirigé par Alix Fuilu a également des chiffres assez prometteurs : les N°1 (1000 ex.) et N°3 (500 ex.) sont épuisés et les N°2 et N°4 (2 000 ex. chacun) se sont vendus à plus des 2/3, le tout en l’espace de 5 ans. Sary92 annonce des chiffres de vente similaires pour ces quatre premiers titres dans un laps de temps beaucoup plus court.
Ces résultats sont essentiellement dus à l’influence de l’Internet qui permet des ventes à distance et donne une meilleure visibilité des produits, mais également à la mobilisation de ces éditeurs, présents à tous les salons de la Bd ou du livre en Europe et en Outre-Mer qui leur offre la possibilité de se faire connaître et de vendre leurs albums.
Mais les ambitions des éditeurs et créateurs africains ne se limitent pas à l’Europe francophone. Sary92, sur les 5000 exemplaires de ses rééditions, en a fait éditer 500 en malgache, 500 en italien et 1000 en anglais, signe évident d’une volonté d’exporter sa production comme le déclare son directeur : « Je les édite en plusieurs langues, car j’ai beaucoup de demandes dans les autres pays d’Europe. J’ai des commandes fermes en Italie (36). » Sary92 devrait être présent aux Etats Unis en juin 2008 pour le New York comic con 2008. Il est vrai que depuis le début du prix Africa e Mediterraneo (37) qui a permis la sortie de plusieurs albums en version française et italienne, la réputation de certains dessinateurs a dépassé les frontières de la francophonie. Les planches originales de certains albums ont également été présentées à l’étranger comme c’est le cas en ce moment, à la 52ème exposition internationale d’art de la prestigieuse biennale de Venise. Le bédéiste Titi Faustin a vu son album Une éternité à Tanger, publié dans le cadre de Africa comics, traduit en suédois et publié par les éditions Trasten en mars 2007.
Après l’opération Valeurs communes, déjà évoquée dans un précédent article, une partie des dessinateurs de L’Afrique dessinée ont également participé en 2006 au projet New arrivals de l’ONG Approdi. Financée par l’Union Européenne, elle a édité six albums en quatre langues (italien, anglais, espagnol et grec) sur le thème de l’immigration dans le sud de l’Europe : The plague of kings (Simon Pierre Mbumbo), Hope lies in the west (Adjim Danngar), The colours of the world (Didier Mada BD), The boy with two mums (Fifi Mukuna) et Gio batta, the black maltese slave (Willy Zekid) (38), auxquels est venu s’ajouter No strawberries for Don Miguel de Pat Masioni. L’ensemble des planches était scénarisé par des scénaristes d’une école de bande dessinée italienne à l’exception de l’histoire de Simon Pierre Mbumbo sur l’immigration à Barcelone, écrite par Christophe Ngalle Edimo.
Qu’importe la voie ou les moyens utilisés (grand éditeur, publication à compte d’auteur ou par le biais d’ONG
), ces deux dernières années ont conforté la présence des bédésites africains sur la scène européenne,. Cette présence est plutôt saine et démontre un certain rééquilibrage des rapports culturels nord – sud en la matière. Les jeunes africains lisent Tintin, Asterix ou Spirou depuis longtemps. Il est temps que l’incontestable pouvoir d’attraction universel de la BD marche dans les deux sens !
1. Thembo Kash, André Paul Duchâteau, Vanity, Vol. 1, La folie du diable, Joker éditions, 2007. ISBN 978-2-87265-264-8
2. Pour un résumé de sa carrière, voir le très bel interview de Martin Enyimo dans Le potentiel, http://fr.allafrica.com/stories/200708190108.html
3. Sur l’ACRIA, cf. //africultures.com/index.asp?menu=revue_affiche_article&no=2711
4. Revue de bande dessinée congolaise qui ne connut qu’un seul numéro en 2000.
5. Un dîner à Kinshasa Ti Suka, 1996. Recueil collectif soutenu par le Centre Wallonie Bruxelles de Kinshasa.
6. Notre librairie, N°145, juillet – septembre 2001, p. 118-119.
7. Bd Africa, les Africains dessinent l’Afrique, présenté par P’tit Luc, Albin Michel, 2005. ISBN 2-226-15814-6
8. Tchounkoussouma sous les eucalyptus, sur la problématique du Sida au Niger, Editions Lux – Développement, Niamey, 2004.
9. Dixit André Paul duchâteau in Patrick Gaumer, André Paul Duchâteau gentleman conteur, Lombard, 2005. ISBN 2-80362-072-3, p.183.
10. Pierre Kroll, Thembo Kash et Royer, Congo, 20 ans de caricatures, Ed. Luc Pire, 2007. ISBN 9782874157240
11. http://www.plantu.net/actu/CARTOONING-BRUXELLES-10-DESSINATEURS.pdf
12. Duchâteau évoque cette période dans son autobiographie, 7 à 77 ans, souvenir d’un scénariste, éditions Memor, 2002.
13. Talatala veut dire Lunettes ou miroir en lingala
14. http://www.talatala.cd/spip/
15. Il ne s’agit pas de la première exposition d’artistes congolais à Bruxelles. En 1992, le centre belge de la Bande dessinée avait organisé l’exposition Cases africaines, et en 1996, avait eu lieu l’exposition Ti suka.
16. Dont le titre Bolingo ya desordre du revenant Lepa Mabila saye, célèbre dessinateur congolais des années 70.
17. Elikya, le petit orphelin : un monde hostile 1 (dessin : Kojele et scénario : Bomboko) et 2 (Dick Esale et Bomboko) et Mamisha : le prof d’anglais (Esale et Bomboko).
18. Dan Bomboko est par ailleurs le rédacteur en chef de la revue Bulles et plumes (6 numéros)
19. Adresse de son blog : http://willyzekid-bd.over-blog.com/
20. Adresse de son blog : http://adjimdanngar.over-blog.net/
21. Didier Kassaï a été, comme Adjim Danngar, lauréat du concours Vues d’Afrique 2006 au Festival d’Angoulème.
22. Simon Pierre Mbumbo, Christophe Ngalle Edimo et la photographe Aminata Djegal.
23. Site de l’Association Esquisse qui a organisé le salon : http://esquisse.over-blog.org/. D’autres professionnels africains étaient présent au salon : les maliens Massiré Tounkara, Aly Zorome et Julien Batandeo, le burkinabé Sylvestre Kwene Zoumaba, le sénégalais Samba Ndar Cissé et l’ivoirien Mendozza.
24. Avec des uvres de Christian Bengono, Didier Kassaï, Bring de Bang, Jaimes, Nouther, Almo, Adji Moussa, Picha Massamba, Pahé et Simon Pierre Mbumbo.
25. http://www.labdprendlair.net/
26. http://www.cocobulles.com/
27. Du mahorais Abdou Salam et Luc Razakarivony, la 1ère version fut éditée en 1995 à Mayotte. Un 2nd tome (Le tam tam diable) sortit en 1996.
28. La 1ère édition sortit en 1997 à Mayotte sur un scénario de Nassur Attoumani et des dessins de Luc Razakarivony La réédition sera dessinée par Ndrematoa.
29. Publié dans le journal Midi Madagascar à la fin des années 80, dessin de Luc Razakarivony, sur un scénario de Auguste Ratomahenina.
30. Citron de Ndrematoa, a été publié par le Centre culturel français Albert Camus de Tananarive en 2005.
31. Illustration de Luc Razakarivony et Rabemila Tsilavo, scénario de Le blanc.
32. Scénario de la tchadienne Sou Ngadoy, illustration du malgache Naivo Mbola.
33. Andrazzi participe également au programme Yambi 2007 mais en tant que peintre. Il a déjà exposé à l’espace Wallonie – Bruxelles en 2005 et a réalisé l’affiche des fêtes de Wallonie en 1996.
34. Le tome 3 est annoncé pour la fin de l’année.
35. L’exposition « La mémoire de l’esclavage » sera visible au festival BD de Vitry Le François du 19 au 22 septembre 2007.
36. Echange de courriel avec l’auteur de cet article le 23 août 2007.
37. Dont la nouvelle édition 2007 – 2008 est en cours et se clôturera le 15 décembre 2007.
38. Les planches sont visibles sur http://www.approdi.net/home.php?lingua=en et dans le N°59 de la revue italienne Africa e Mediterraneo.///Article N° : 6901