Les Silences du Palais avaient résonné très fort en chacun et trouvé plus de 200 000 spectateurs en France. Ce deuxième film, guidé par les doutes et les interrogations de sa propre fille devenue adolescente, développe cette réflexion autobiographique. Il est traversé de scènes magnifiques et émouvantes, comme celle de ces femmes lavant leur henné dans la mer et qui parlent de ces hommes qu’elles attendent onze mois de l’année. Eux sont à Tunis à tenir leur boutique, elles sont à Djerba à attendre ce mois de vacances, la saison des hommes Mais leur venue ne sera que déception. « Les hommes ne vieillissent pas, seules les femmes ont ce privilège. » Femmes coincées entre l’enfermement dans les lieux clos de leur attente et leur besoin d’homme, de ces hommes qui restent ce qu’ils sont Moufida Tlatli saisit avec finesse la connivence et la solidarité des femmes tout comme les troubles qui leur révèlent le désir, d’autres hommes, d’une autre vie, d’un ailleurs, de sortir de la norme Montage en spirale entre l’hier du souvenir douloureux et l’aujourd’hui du refus, entre la mère et ses deux filles, montage des non-dits et des regards, des gestes et des silences, montage des corps sensuels, des étoffes, et de cette eau symbole de vie Un film profondément féminin, un appel douloureux mais déterminé, loin des slogans partisans, à prendre la vie autrement.
2000, 2 h 02. Prod : films du losange, avec Rabiaa Ben Abdallah (Aïcha), Sabeh Bouzouita (Zeineb), Ghalia Ben Ali (Meriem), Ezzedine Guennoun (Saïd), Galhia Ben Ali (Meriem), Hend Sabri (Emna). Sortie France le 13 décembre.///Article N° : 1660