Nocky Djedanoum, Jean-Marie Vianney Rurangwa et Monique Ilboudo ont participé à « Rwanda : écrire par devoir de mémoire »

Nyamirambo, de Nocky Djedanoum, Le génocide des Tutsi expliqué à un étranger de Jean-Marie Vianney Rurangwa et Murekatete de Monique Ilboudo

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Les éditions Le Figuier ont publié, en co-édition avec le Fest’Africa de Lille, trois livres sur le génocide rwandais de 1994 : Nyamirambo, un recueil de poèmes écrit par l’écrivain tchadien Nocky Djedanoum ; Le génocide des Tutsi expliqué à un étranger, une réflexion qui, sous la forme d’un entretien avec l’auteur rwandais Jean-Marie Vianney Rurangwa, tente d’expliquer les raisons du génocide ; Murekatete, un roman écrit par l’écrivain burkinabaise Monique Ilboudo. Trois voix différentes pour dire les massacres. Trois genres pour approcher l’horreur.

Le roman de Monique Ilboudo évoque les massacres par touches successives : son héroïne, Murekatete, de père hutu et de mère tutsi, raconte comment elle a échappé à la mort. Rescapée du génocide, elle traîne son calvaire dans sa vie présente, sans arriver à se reconstruire. Elle trouve, pourtant, un peu de réconfort dans les bras de son ami Venant. Mais Venant, après avoir visité les sites du génocide, ne peut supporter tout ce qu’il a vu et se réfugie dans l’alcool. C’est la fin de l’équilibre précaire qui s’était instauré entre eux. La longue descente dans l’enfer du remord et de la culpabilité commence alors ! Monique Ilboudo parle de la difficulté de vivre avec le souvenir de l’horreur et d’assumer cette mémoire collective faite de morts et de tortures.
Jean-Marie Vianney discute sur les raisons qui ont pu pousser les Hutus à des tels actes de barbarie contre la population tutsi. Il remonte pour cela dans l’histoire du pays et donne quelques anecdotes significatives du malaise qui précéda le début des massacres. Il s’insurge également contre l’ignorance de nombreux européens qui, au moment des faits, ne savaient pas qu’il se perpétrait au Rwanda un véritable génocide – et qui ne le savent toujours pas ! Il rétablit quelques vérités et se bat contre les mensonges, les silences et l’indifférence pour que la vérité éclate au grand jour.
Nocky Djedanoum choisit le genre de la poésie pour crier sa colère contre l’ignorance de ceux qui ont refusé de voir l’horreur ! Il veut également mettre fin au silence et à la souffrance des autres en oeuvrant pour l’espoir d’un monde meilleur. Et Nocky Djedanoum de conclure son recueil par un « Manifeste pour la vie » :
« cette vie, si elle est à créer de nouveau, nous la re-créerons, au commencement le verbe, le verbe créateur, la vie existe quand elle est dite, chantée, peinte, rendue en images, cette vie que nous voulons en mouvement, une vie sans cesse rêvée et renouvelée (…)  » (p.51)
Tels pourraient être les derniers mots de cette conclusion : ces trois livres publiés aux éditions Le figuier, dans le cadre des ateliers d’écriture au Rwanda, parlent, dans des genres très différents, de cette vie si difficile à reconstruire et à apprécier après l’épreuve de la mort, après l’horreur du génocide !

Nyamirambo, de Nocky Djedanoum, Le génocide des Tutsi expliqué à un étranger de Jean-Marie Vianney Rurangwa et Murekatete de Monique Ilboudo, éditions Le Figuier/Fest’Africa, 2000///Article N° : 2583

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