U-Carmen eKhayelitsha

De Mark Dornford-May

Le film sud-africain couronné à Berlin
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Le jury du Festival international du film de Berlin a décerné son grand prix, le fameux Golden Bear, au magnifique film du Sud-Africain Mark Dornford-May, U-Carmen eKhayelitsha. Le film est une version moderne de l’opéra de Bizet dans laquelle les dialogues (en langue xhosa) et l’histoire ont été adaptés à la vie du township Khayelitsha en Afrique du Sud. Interprété magistralement par la troupe d’artistes confirmés  » Dimpho Di Kopane theatre company « , U-Carmen ne peut laisser les spectateurs indifférents. Carmen, jeune femme séductrice et indépendante charme un brigadier solitaire. Si tu ne m’aimes pas, je t’aime, et si tu m’aimes, prends garde à toi, chante l’envoûtante Pauline Malefane (Carmen), enfant de Khayelitsha. Alors que l’amour se fait menace, la musique et les chants emportent les sens et les danses des femmes enfièvrent les hommes du township.
L’audace du film de Dornford-May ne se trouve pas tant dans l’adaptation d’une œuvre européenne en terre africaine que dans l’adaptation d’un opéra sur un écran de cinéma. Mais il semble bien que le jury et les spectateurs de la Berlinale se soient laissés séduire par cette originalité. Au départ, U-Carmen eKhayelitsha est un film destiné avant tout au public sud-africain explique Lucinda Englehart, représentante de l’équipe à Berlin. Sa distribution qui démarre en Afrique du Sud le mois prochain vise à projeter le film principalement dans les quartiers modestes de Johannesburg et de Cape Town afin de développer un intérêt des communautés locales pour des films nationaux. L’Afrique du Sud s’est dotée ces dernières années d’un fonds d’aides à la production cinématographique et parvient à présent à réaliser une dizaine de longs métrages par année. Les producteurs et la troupe espèrent aussi offrir au monde l’image d’une cinématographie africaine vivante et indépendante. C’est chose faite grâce à ce prix prestigieux qui, il faut l’espérer, ne détournera pas le film de sa projection dans les salles de quartier. La troupe de U-Carmen, quant à elle, ne s’arrête pas en si bon chemin et prépare déjà un autre tournage. En attendant, c’est au tour du public du Fespaco de goûter aux mystères de la passion et de la liberté selon Carmenshita, le film y étant projeté dans la section Panorama des cinémas d’Afrique.

Article paru également sur www.filmfestivals.fr///Article N° : 3694

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