Watani, un monde sans mal

De Med Hondo

Med Hondo revient avec un nouveau cri pour plus de justice.
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Avec Watani, Med Hondo retourne à un style agit prop qui avait fait le succès de son premier film Soleil Ô (1969) : images illustratives sur des textes chantés, expression symbolique du vécu de l’immigration, mise en avant de l’humain et cette façon d’enfoncer le clou qui a isolé le réalisateur dans une catégorie aujourd’hui décriée : la radicalité.
A l’écran comme dans la vie, Med Hondo a son franc parler. Révolté contre l’injustice du monde, il en dénonce les perversions et appelle à l’action. Rappelant l’humanité de sa culture d’origine, il ne la pose pas en alternative mais comme un enrichissement pour une société française refusant désespérément d’intégrer la greffe étrangère. Plus, il pose la multiculturalité comme un fait :  » On s’en fout, on est chez nous ! «  clament des voix noires dans une manifestation.
Mais comment se foutre du fascisme de ces nervis beuglant les paroles xénophobes de la Marseillaise et tuant maladivement des immigrés pris au hasard ? La communauté réunie saura réagir. En filmant dans une forte scène sa détermination comme celle des sans-papiers de Saint-Bernard, Med Hondo affirme que c’est possible et les images se font cri d’espoir.
Pourtant, en forçant le trait, il finit par détourner son propos. Le manichéisme des scènes de violence fasciste concurrence la poésie profonde d’un clown se faisant le miroir des passants, comme un appel à se regarder soi-même, à corriger ses propres gestes. Comment filmer la haine ? Watani la met en scène toute crue, infligeant au spectateur une traduction unique, lui qui a dorénavant pris l’habitude qu’on le laisse deviner… Ce film dérangeant a ainsi à la fois la force et l’ambiguïté de ses images en noir et blanc.

///Article N° : 353

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