Africa Remix : un pari nécessaire

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Elle a fait couler beaucoup d’encre, déplacé de nombreux visiteurs au cours de sa tournée à Düsseldorf, Londres, Paris avant de s’envoler pour Tokyo (1) et peut-être pour Johannesburg : l’exposition d’art contemporain Africa Remix fera date, ne serait-ce que quantitativement car pour la première fois sont présentées près de deux cents oeuvres de plus de 83 artistes africains. Elle impose ainsi dans une manifestation d’envergure internationale des écritures contemporaines d’une Afrique souvent ignorée, caricaturée, économiquement et politiquement marginalisée. C’est donc culturellement que l’Afrique s’affirme démontrant par la même la vitalité d’un domaine qui pèse pourtant si peu dans les politiques du continent.

L’art africain contemporain, art contemporain africain…concept inventé par l’Occident ? Catégorie floue ? Etiquette  » ghettoïsante  » ? Label racoleur ? Comment l’aborder ou le contourner ? Dans quel ordre en placer les termes ? L’expression suscite depuis plus de 15 ans bien des débats dans les séminaires et colloques s’y rapportant. Beaucoup d’artistes s’accordent à en récuser la tournure, refusant de se laisser enfermer dans un carcan réducteur qui les réduirait au fameux concept sans fin d’africanité. Dans le même temps, ils sont obligés d’en jouer ne serait-ce que pour exposer dans les manifestations l’imposant comme postulat de base. Artistes ? Oui. Contemporain ? Oui. Africain ? Oui. Et alors ! devrait-on ajouter. Déjouant les pièges, les concepteurs d’Africa Remix (2) ont réglé le problème, le temps d’un titre fourre-tout, accessible dans tous les pays susceptibles d’accueillir l’exposition et censé en illustrer le propos. En sous titre :  » l’art contemporain d’un continent « , soulevant alors d’autres questions : Panorama ? Captation ? Etats des lieux ? Bilan ? Probablement un peu de tout cela. En tout cas pas rétrospective, encore moins historique, Africa Remix à l’impossible, et d’ailleurs non revendiquée, exhaustivité, présente autant qu’elle donne à voir et dans ce sens accrédite – et c’est avant tout là que se pose la pertinence de son propos – les tendances de la création contemporaine africaine, telles qu’elles se révèlent, depuis quinze ans, loin du grand public et des médias, tout en présentant des œuvres plutôt récentes.
Acte d’insertion donc, militant pourrait-on dire au sens où elle  » force  » les portes institutionnelles pour imposer des œuvres jusqu’alors majoritairement ignorées. Mais Africa Remix soutenue par l’Afaa se nourrit aussi de son rapport institutionnel (3). Autre présence de poids : le mécénat parisien de Total – tardivement appris par les artistes – dont le passé chargé en Afrique n’est un secret pour personne même si le sigle Elf a été gommé. Relevons au passage, la présentation du dossier de presse de l’exposition, annonçant qu' »en exploration, d’importants succès au Nigeria et en Angola, ouvrent de belles perspectives pour l’avenir du groupe »… Le mécenat redore le blason du groupe, mais avec des nuances puisque Mohamed El Baz a réagi en disposant au-dessus de son installation vidéo et photos « Bricoler l’incurable. Niquer la mort/Love Supreme » une grande banderole stipulant « Totale ment africain ».
Les Afriques en présence
Exposition panoramique et pluridisciplinaire donc qui fait suite à celles qui ont participé à élargir le champ de l’art contemporain depuis le début des années quatre-vingt-dix, après que la controversée, mais non moins fondatrice, exposition Les Magiciens de la terre, initiée en 1989 par Jean-Hubert Martin (encore présent à Africa Remix), ait, au Centre Pompidou et à la grande Halle de la Villette à Paris, ouvert la voie aux artistes du Sud. Parmi la quinzaine d’artistes africains alors présentés, Chéri Samba, Frédéric Bruly Bouabré et Bodys Isek Kingelez, également exposés à Africa Remix, ont depuis fait carrière. Rapidement, les Anglo-saxons ont pris le relais avec notamment Africa Explores : 20th Century African Art (4), 1991, Seven Stories about Modern Art in Africa (5), 1995, The Short Century (6), 2001-2002. Des commissaires d’expositions, principalement issus de la diaspora, ont émergé, tels Salah Hassan, Chika Okeke et Okwui Ewensor, ouvrant les portes des grandes manifestations internationales d’art contemporain à quelques artistes africains et constituant ainsi, au fil des ans, le petit monde de l’art contemporain africain.
Pour Simon Njami,  » les expositions qui ont émaillé la dernière décennie se sont avant tout attachées à définir des cadres historiques et thématiques dans lesquels le contexte plus que l’esthétique ou les sources d’inspiration, les problématiques politiques plutôt que les processus de création, ont été le fil conducteur. (…) Le temps était venu d’aborder le fait contemporain en tant que tel, c’est-à-dire de partir de l’œuvre pour ensuite envisager le contexte intellectuel qui l’a produite  » (7).
Le concept même de l’exposition organisée autour de sections aux très classiques dénominations :  » identité et histoire « ,  » corps et esprit « ,  » ville et terre « , vient pourtant contredire ce propos, tant ces cadres thématiques tendent à enfermer et orienter les œuvres dans un carcan pour le moins réducteur et étouffant.
C’est ainsi qu’Africa Remix ne se détache pas vraiment de ces expositions auxquelles elle fait suite et contre lesquelles elle impose un parti pris de continentalité, exposant des artistes originaires d’Afrique subsaharienne mais aussi du Maghreb, cette Afrique blanche souvent séparée de l’autre Afrique, avec laquelle elle partage pourtant une histoire commune. Afrique noire, blanche, francophone, anglophone, lusophone, diasporique, toutes les Afriques sont présentes dans Africa Remix bien que les artistes ne soient – heureusement – pas présentés en porte drapeaux de pavillons nationaux. Parti pris de pluralité par la diversité des médiums proposés : vidéos, installations, photos, récupération, peinture, sculpture, qui témoignent de la liberté avec laquelle les artistes construisent un vocabulaire formel qui leur est propre.
L’en Je de la continentalité
De ce mouvement panoramique sur les diverses formes esthétiques contemporaines explorées par les artistes du continent africain ressortent des individualités qui interrogent leur identité, mêlant la petite à la grande Histoire, et abordent des thématiques souvent communes qui se recentrent autour du métissage (Ingrid Mwangi), de l’hybridité (Wangechi Mutu, Georges Lilanga Di Nyama), de la guerre (Soly Cissé, Gonçalo Mabunda), de la misère (Dilomprizulike), de l’apartheid (William Kentridge, Wim et Andries Botha), du fait religieux (Rui Assubuji, Paulo Capela), de « l’urbanité rurale » (Pascale Marthine Tayou), de la dénonciation de l’exotisme (Aimé Ntakiyica) ou encore de l’exil (Bartélemy Toguo). Au-dessus de ces thèmes, plane l’ombre du post colonialisme, dénominateur commun des sociétés africaines. De la vidéo de Zineb Sedira ou de Zoulikha Bouabdellah aux tableaux de Fernando Alvim ou d’Abdoulaye Konaté, aux photos de Guy Tillim ou de Samuel Fosso, ou aux installations de Bathélemy Toguo ou de Mohamed El-Baz, tous abordent frontalement ou indirectement la question. Les problématiques de l’Afrique contemporaine sont sous-tendues dans les œuvres, soulignant le lien qui rattache les artistes à leur terre et à leur culture d’origine, tout en les raccordant au monde dans les interrogations qu’ils posent sur leur identité  » hybridée  » par l’Histoire et leur parcours personnel. Car c’est bien dans une démarche de redéfinition, de déconstruction de leur individualité au sein de la  » mondialité  » – au sens où l’entend l’écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb,  » fondée sur le nomadisme moderne, la dissémination, le déplacement et la fin d’un monde unidimensionnel et autoréféré  » (8), que s’inscrivent la plupart des artistes présentés. Dans cette redéfinition de soi, les femmes s’illustrent par leur capacité de syncrétisme marquée par une sorte de fusion avec le monde et avec leur œuvre. Que ce soit Ingrid Mwangi, Michèle Magema, Zoulikha Bouabdellah, Tracey Rose, Wangechi Mutu, toutes signifient leur existence au monde imposant parfois leur propre corps pour les deux premières, comme support qu’elles se réapproprient et déconstruisent pour le  » re-codifier  » à travers leur prisme d’artistes, femmes, inscrites dans une démarche esthétique autant qu’engagée.
De cet état des lieux polyphonique et inégal, ne ressort naturellement aucun courant ni esthétique commune. Des œuvres se détachent, comme les toiles aux fils entrelacés de Ghada Amer qui interrogent les tabous de la sexualité, quand d’autres, souvent les moins fortes, sont noyées dans une certaine cacophonie spatiale. Certaines déstabilisent comme la vidéo Bleeding Men, 2003 de Loulou Cherinet ou l’installation Bricoler l’incurable. Niquer la mort / Love Supreme de Mohamed El Baz, 2004. Sasa, 2004, luxuriante sculpture de capsules et de métaux récupérés d’El Anatsui, affiche une superbe impudence, tandis que le salon Victorian Philanthropist’s, 1996-1997 de Yinka Shonobare ou dans un autre genre Great American Nude, 2004, d’Hassan Musa, s’emparent des référents du classicisme occidental qu’ils se réapproprient, non sans humour et sans provocation, dans une approche à la fois esthétique et politique. Moins spectaculaire, mais leur force est justement là, dans l’évidente simplicité du trait qui dit l’essentiel sans fioritures : les aquarelles de Barthélemy Toguo et les dessins de Soly Cissé.
Digestion et assimilation
Appréhension du réel et de l’imaginaire, réécriture des formes établies, renversement des signes identitaires, c’est bien ce que montre l’exposition Africa Remix soulignant la puissance d’assimilation et de digestion d’un art en perpétuel mouvement, en plein essor et donc en devenir. Pour Marie-Laure Bernadac, commissaire de l’exposition parisienne, « On décèle à travers la centaine d’œuvres présentées, une étonnante vitalité, une grande dose d’humour et de parodie, un engagement politique, un esprit de révolte et de transgression, qui ne peuvent que susciter l’enthousiasme et nous faire réfléchir sur notre conception de l’art » (9).
Cela induit la responsabilité des artistes auxquels il appartient d’écrire leur histoire. Mission périlleuse face à la carence des écritures critiques émanant du continent dont ils sont issus, face au désengagement des Etats africains dont la plupart ne prennent pas en compte la culture comme facteur de développement et face au cruel manque de structures et d’initiatives locales. Ne négligeons cependant pas la portée d’une manifestation telle que la Biennale de Dakar (10) qui, bien que considérée comme  » périphérique  » par les tenants de l’art contemporain en Occident, a le mérite de s’inscrire dans la durée et permet de mettre en question les tensions et les enjeux de l’art contemporain africain. Il serait bien évidemment essentiel qu’Africa Remix soit présentée en Afrique, en l’occurrence en Afrique du Sud, apparemment le seul pays à pouvoir proposer une infrastructure adaptée à la mesure du projet. Et tout aussi essentiel qu’une telle manifestation, que Simon Njami dresse comme un bilan de ce qui témoigne  » d’un apaisement et d’une certaine maturité « , donne lieu à des politiques muséales d’acquisition qui ne restent plus des actes isolés, mais aussi à des expositions monographiques d’artistes africains qui s’inscrivent dans la durée. Ce n’est qu’ainsi que l’art contemporain d’un continent pourra entrer dans l’économie d’un marché de l’art sans lequel il ne peut exister.
Œuvres en résistance
Certes, la voie royale demeure aujourd’hui le marché occidental qui fait et défait les cotes des artistes. Certes, malgré l’émergence de quelques trop rares collectionneurs sur le continent africain, les grandes collections d’art contemporain africain sont en Occident avec, ne serait-ce que pour la France, celle de la Fondation Blachère, de Jean-Louis Patras et l’incontournable collection Pigozzi (11). On peut rejoindre les réticences de Elvan Zabunyan (12), commissaire d’exposition et historienne de l’art contemporain lorsqu’elle parle de  » l’absorption par l’Occident de l’art d’un continent  » et de  » l’instrumentalisation  » économique des œuvres face à laquelle, nuance-t-elle  » elles résistent « . C’est en effet en Occident que les réseaux existent et que les artistes exposent au risque d’être effectivement parfois instrumentalisés, formatés par les tendances d’une esthétique occidentale. Mais c’est aussi parfois en Occident que ça et là, loin de tout tapage médiatique et par un travail de longue haleine, inscrit sur le long terme, certains se battent pour imposer les artistes d’un continent qui abordent, souvent dans une liberté de langage inédite, les questions d’aujourd’hui. Parmi eux, le travail du Musée des Arts derniers à Paris, dirigé par Olivier Sultan, qui présentait l’exposition Africa Urbis dans le même temps qu’Africa Remix. Outre les oeuvres de certains artistes présents à Beaubourg comme Solly Cissé, William Kentridge ou Barthélémy Toguo, y sont défendues celles de Bruce Clarke, Tchif, Tapfuma Gusta ou de Pape Teigne Diouf. Autant d’artistes, autant de démarches qui témoignent de la vitalité et de la diversité créatrice d’un continent pluriel. Si leur maturité s’accomplit à l’ombre d’initiatives privées ou isolées, leur consécration passe par des expositions comme Africa Remix, qui peut favoriser l’insertion des artistes dans le marché de l’art. Elle ne génère pas de véritables découvertes pour ceux qui suivent le travail des artistes contemporains africains (certaines œuvres avaient été vues et parfois revues dans d’autres manifestations), mais elle permet d’asseoir une réalité artistique trop longtemps ignorée voire méprisée. Les œuvres existent, et font acte, faisant écho au philosophe français Gilles Deleuze lorsqu’il affirmait :  » il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance  » (13).

1. Mori Art Museum de Tokyo, février-mars 2006
2. Simon Njami, commissaire général ; Marie-Laure Bernadac, commissaire au Centre Pompidou, Paris ; David Elliot, commissaire au Mori Art Museum, Tokyo ; Roger Malbert, commissaire à la Hayward Gallery, Londres ; Jean-Hubert Martin, commissaire au Museum Kunst Palast, Düsseldorf.
3. Afaa : Association française d’action artistique, travaillant sous l’égide du ministère françaisdes Affaires étrangères .
4. Au Center for African Art (rebaptisé depuis Museum for African Art), New York, Commissaire Susan Vogel.
5. Dans le cadre de la saison Africa 1995, Londres, commissaire Clémentine Deliss.
6. The Short Century : independance and liberation Movements in Africa 1945-1994, commissariat Okwui Enwesor.
7. Chaos et métamorphoses, p. 23, Catalogue de l’exposition, Ed. du Centre Pompidou, mai 2005.
8. Entretien avec Marie-Laure Bernadac, p. 52, catalogue Africa Remix, Ed. du Centre Pompidou, mai 2005
9. Remarques sur « l’aventure ambiguë » de l’art contemporain africain, p. 13, catalogue Africa Remix, Ed. du Centre Pompidou, mai 2005.
10. Dak’art 2006, du 5 mai au 5 juin 2006, commissaire général aux expositions : Yacouba Konaté.
11. CAAC – The Pigozzi collection, Genève, dont le directeur artistique est André Magnin (présent sur les magicien de la Terre), a présenté une partie de sa collection au Grimaldi Forum de Monaco, du 16 juillet au 4 septembre 2005.
12. Colloque Africa Remix, Centre Pompidou, 15 et 16 juin 2005.
13. Gilles Deleuze,  » Qu’est-ce que l’acte de création ? « , conférence donnée à la Femis, Paris, mai 1987
Instantanés
L’exposition parisienne a suscité l’intérêt du public qui en ressortait surpris, choqué ou ravi.
 » Passionnante découverte  » pour une étudiante des Beaux-arts de Paris qui, un mois avant l’ouverture de l’exposition, ignorait son existence :  » On n’en a pas entendu parler à l’école « . Un jeune homme passé par la même institution avant l’école nationale supérieure d’art de Cergy se réjouit d’une telle manifestation qui va, espère-t-il, faire évoluer le discours de certains enseignants qui clament encore que  » il n’y a pas d’art africain contemporain « .
Quelques  » puristes  » n’en retenaient qu’un  » décalage avec le reste de la production contemporaine sur laquelle la plupart des artistes présentés à Africa Remix ont 20 ans de retard « . Certains étaient saisis par  » la noirceur et la violence  » des thèmes abordés là où d’autres s’étonnaient ravis de constater  » qu’il y ait tant d’artistes africains ! « .
Soucieux de faire venir à l’exposition un public peu familier du genre et notamment des populations d’origine africaine, le centre Pompidou avait organisé des visites avec des responsables d’associations travaillant avec les populations immigrées pour les  » former  » lors d’une visite guidée, grâce à laquelle ils pourraient à leur tour guider les membres de leurs associations. Vaste programme qui a eu le mérite d’exister mais qui trouve rapidement ses limites ne serait-ce que dans la manière d’  » initier  » les personnes concernées à la visite guidée. Dans la présentation de Fréréric Bruly Bouabré, le guide officiel de Beaubourg insistait sur le rapport de l’artiste à le lecture et à l’écriture précisant  » parce qu’il lisait beaucoup, il était considéré comme un sage « . Un jeune homme (originaire des Antilles) qui passait par là, n’a pu s’empêcher de s’exclamer :  » Les Africains lisent, faut pas déconner ! « . Un peu plus loin, en conclusion de présentation de la luxuriante installation d’El Anatsui, soulignant qu’elle était composée de capsules récupérées, le guide à lâché  » un art du pauvre « , laissant son assistance perplexe. Là où des étudiants africains se sentaient fiers de voir leurs artistes ainsi exposés dans un grand musée, d’autres, les fameux membres d’associations visées par le Centre Pompidou, étaient choqués de se  » voir montrés en guenilles  » ou avec  » des têtes de singes « .  » On nous vole notre culture et c’est comme ça qu’on nous montre. Mais l’Afrique ce n’est pas seulement ça, c’est beau l’Afrique ! ».
propos recueillis par Virginie Andriamirado///Article N° : 3932

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Les images de l'article
Yinka Shonibare, "Victorian Philanthropist's Partour", 1996-1997, installation technique mixte, dimmenssions variables, Collection Eileen Harris Norton et Peter Norton, Santa Monica, Californie
Samuel Fosso, "série Tati, autoportrait, La Bourgeoise", 1997, Paris Centre Pompidou, Musée National d'art moderne
Andries Botha, "History has an aspect of oversight in the processe of progressive blindnesse", 2004, Installation technique mixte, Courtesy l'artiste
Ghada Amer, "Wallpaper RFGA", 2003, Acrylique et broderie sur toile, 183x178 cm, Courtesy l'artiste et Gagosian Gallery, New-York
El Anatsui, "Sasa 2004", aluminium et fil de cuivre, 80x640 cm, collection de l'artiste, Courtesy October Gallery, Londres





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