Ses oncles l’appellent le « belgicain ». Le rappeur Badi sort en juin, sur le label Delazic, son deuxième EP Article XV. Cette réflexion sur sa double culture belgo-congolaise se rit des clichés.
La contribution de la Belgique au rap francophone n’est pas négligeable : du très critiqué groupe Benny B qui a vu les débuts de Daddy-K, un des plus grands DJ du pays, au brillant crew Starflam, tremplin pour Baloji, en passant par Pitcho, Stromae ou James Deano. Dans cette galerie, Badi Banx alias Badibanga Ndeka, 36 ans, incarne un nouveau souffle. En 1977, à l’époque du Zaïre, son père, soldat sous la dictature de Mobutu Sese Seko, s’exile en Belgique. Un « eldorado » qui tourne vite à la désillusion, puisqu’il doit attendre dix ans avant d’être régularisé : « Suis-je belge ou suis-je du Congo, ou juste un belge noir de peau ? » s’interroge sur sa page Facebook Badi, qui est né à Bruxelles en 1981. En 2010 il se fait remarquer par sa participation au projet « Héritage » de Pitcho pour les 50 ans d’Indépendance du Congo. Ce n’est qu’en 2013 que Badi renoue véritablement avec son pays d’origine, la république démocratique du Congo (RDC) : « République démocratique laisse-moi rire ! » tacle-t-il d’ailleurs dans le clip 243 tourné dans la capitale congolaise, avec Youssoupha. Gravé deux ans plus tard, le titre de son premier EP Matonge, à la fois le nom d’un quartier de Kinshasa et de Matonge-Ixelles, – le Château-rouge bruxellois -, illustre parfaitement cette double culture : « Une pensée pour Mobutu sans qui je n’aurais pas connu la froideur de ce pays » ironise-t-il sur Belgicain, en duo avec l’inévitable Frédy Massamba. Ce n’est pas un hasard si un des meilleurs titres du EP Lettre à ma femme est un hommage au leader congolais Patrice Emery Lumumba, trahi par le même Mobutu.
« J’ai des doutes »
Le talent de Badi n’est pas passé inaperçu: le single Intégration produit sur un son electro ndombolo par le métis belgo-centrafricain Boddhi Satva a été repéré par Okay Africa, le site de QuestLove, le batteur de The Roots. sur son nouvel EP Article XV Badi prolonge, notamment sur le titre Allô maman, les questionnements identitaires sur l’immigration et le racisme entamés avec Matonge. « Pourquoi cherches-tu à te blanchir ? » dit-il dans le clip en noir et blanc d’Intégration, le visage cerclé de lunettes à monture noire, entouré de sapeurs congolais et de breakeurs de hip hop. badi ne cherche pas à apporter de réponses défi nitives. un des morceaux du ep s’intitule… « j’ai des doutes ». sur le plan musical il sample allègrement les vinyles de rumba congolaise qu’écoutaient ses parents. il a été à bonne école puisqu’il est le neveu de Papa Rondo, saxophoniste du TP OK Jazz, l’orchestre de Franco Luambo Makiadi. Si Badi, qui a débuté en même temps que son petit frère Stromae, ne se départit jamais de son humour, il n’en aborde pas moins des sujets graves. lui, qui depuis 2015, s outient l’AFEDE (Action des femmes pour le developpement) une association qui scolarise chaque année 50 enfants dans l’Est de la RDC, lance dans sa chanson La plus belle pour aller danser, un cri d’alarme – atcha, ekoki, bika – signifie « stop »en lingala-face au viol utilisé comme arme de guerre dans la région du Kivu.
La sélection de Street Diamond
Peut-on parler littérature, danse, politique ou encore entreprenariat tout en étant hip-hop, jazz, reggae ou soul ?! La réponse du maître d’orchestre de l’émission Street Diamond sur Radio RGB, Mak Paro, est oui ! Et pour Afriscope, ce fin connaisseur et passionné de musiques propose sa sélection.
Elzo Jamdong dévoile un nouvel extrait de son album FreengDom – contraction de « Freedom » et « Kingdom » sorti en 2016. Son dernier clip du titre « Yow lë » (« C’est toi » en wolof) est un hymne à la liberté d’aimer. Celui qui se veut héritier de Thomas Sankara et de Huey P nous fait preuve une nouvelle fois que le rap sénégalais se porte bien.
Avec « #TEAMHOLIDAY2 » Alek, Pm, Bilix, Circumstance et Pocho Ramirez récidivent avec cette nouvelle collaboration dont la sortie est prévue en juin. Naviguant entre créole, français, espagnol et anglais, et en épousant avec fierté et dextérité les rythmes afro, ce projet est tout à fait représentatif d’une Caraïbe multiple.
De la scène soul au gospel, la chanteuse Céline Languedoc ose mélanger les genres. Elle mêle sa voix puissante aux rythmes Gwo Ka sur le titre « Lamentation », avec Sonny Troupé à la percussion. écoutez aussi le très aérien « Jardin d’Eden » premier titre clippé, issu de son album Rencontre. sortie prévue à l’automne.