Blade Trinity

De David S. Goyer

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Jamais deux sans trois…

Blade, troisième du nom, semble à chaque épisode aller toujours plus loin dans la sous-estimation de son public supposé adolescent et masculin. Basé sur une bande dessinée qui prêtait à plus de finesse, comme l’illustrait le premier volet cinématographique, Blade Trinity est à peine supérieur au très moyen Blade II. Les dialogues sont tellement téléphonés qu’on soupire où il faut rire. On pleure à peine la disparition de personnages très carton-pâte et la violence, à force de ketchup, ne fait même plus mal. Les bagarres entre acteurs stéroïdés ressemblent plus à du catch qu’au combat ultime entre les forces du bien et du mal. Les personnages sont affublés d’une sexualité adolescente qui sous-entend beaucoup mais ne fait jamais rien. Quant à la femme idéale, elle est tout droit sortie de Tomb Raider ; on notera cependant que Lara Croft, elle, avait la présence d’esprit de s’accrocher les cheveux avant d’affronter les méchants, geste plutôt naturel si l’on veut mettre en pratique sa ceinture noire de tout ce qui se fait en arts martiaux.
Blade est fidèle aux conventions du genre tout comme, fort logiquement, il respecte les protocoles vampiriques, quelques lois simples à base d’eau bénite, d’ail et de balles en argent que vous connaissez bien si vous regardez Buffy contre les vampires. En réalité, une des règles, fondamentale jusqu’à peu, n’est pas respectée : le personnage noir survit, puisqu’il a le statut de héros. C’est certainement ce qui démarque Blade des autres films de vampires (à l’exception du Vampire à Brooklyn de Wes Craven et de l’excellent Ganja et Hess de Bill Gunn). De même, une entorse est faite aux règles du vampirisme : Blade, dont la mère a été transformée en vampire lors de sa grossesse, est d’espèce hybride, une première dans l’histoire des suceurs de sang. Le protecteur de Blade, Whistler (Kris Kristofferson), peut d’ailleurs redonner à un vampire sa condition humaine grâce à un sérum similaire à celui que prend quotidiennement Blade pour soulager sa soif de sang, ce qui lui permet de combattre du côté des humains. Blade met en scène la dualité de la nature humaine, avec un héros qui consacre sa vie à éliminer un mal qui est aussi en lui. Il est certainement signifiant qu’un corps noir incarne l’entre-deux, là où la différence entre vampires et humains avait toujours été de l’ordre du jour et de la nuit. C’est justement la force de la bande dessinée, offrant à ses jeunes lecteurs un héros noir complexe et humain dans son altérité. On n’ira malheureusement pas jusqu’à dire que l’adaptation cinématographique, au-delà de la première, a réussi le même pari.

Blade Trinity (2005). Réalisé par David S. Goyer. Avec Wesley Snipes (Blade), Dominic Purcell (Drake), Jessica Biel (Abigail Whistler), Kris Kristofferson (Abraham Whistler), Ryan Reynolds (Hannibal King). Directeur de la photographie: Gabriel Beristain. Une production Amen Ra / New Line Cinema.///Article N° : 3667

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