Le documentaire est l’arme d’expression par excellence de Malek Bensmaïl. Le réalisateur algérien s’en saisit pour raconter l’Algérie politique et sociale. Avec Odysseys, il propose à l’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes un périple de l’Algérie au Japon.
Un film de Malek Bensmaïl est toujours attendu. Documentariste algérien, auteur d’une filmographie où il questionne un dérèglement sociétal qui perdure depuis 1962 (Aliénations, Algérie(s), La Chine est encore loin), Bensmaïl tente de cerner les enjeux de son pays, par le prisme du territoire. Recoller les morceaux d’un puzzle nommé Algérie. Vouloir comprendre les contours intimes, politiques, sociologiques et historiques de sa terre d’origine. Tel est le sacerdoce de ce réalisateur qui revendique des appartenances multiples.
« J’aime bien l’idée de travailler sur des territoires différents pour exploser, exposer et travailler les choses. En Algérie, rien n’a été filmé encore. Beaucoup de strates, de territoires cinématographiques vierges, de géographies invisibles, de personnages n’ont pas été encore dessinés, de témoins non enregistrés dans le cinéma algérien. L’Algérie me permet un tel espace-mémoire à capter ! Dans le registre du documentaire, c’est encore plus conséquent. Le réel est peu travaillé en Algérie alors que l’écriture dans le documentaire est plus forte que dans la fiction car elle n’a pas de limites. »
Durant les années 2000, le réalisateur, installé désormais en France, s’est illustré par nombre de documentaires politiques, attisant les foudres du régime en place, tel que Le Grand Jeu (2004), sur la campagne présidentielle algérienne, toujours censuré à l’heure actuelle des deux côtés de la Méditerranée. C’est naturellement un documentaire qui est sélectionné par l’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes cette année. à l’instar de nombre de ses films, l’intitulé du projet s’écrit au pluriel Odysseys (Périples). « Il s’agit de montrer la pluralité des voix qui existenten Algérie, précise-t-il. Odysseys (Périples) réunira des acteurs algériens et japonais. L’histoire sera un périple extraordinaire entre le Japon, le monde arabe et l’Algérie, au fil d’un siècle d’histoire. Il y sera question de la catastrophe nucléaire et du printemps arabe ».
Un projet qu’il développe depuis plus de deux ans pour l’écriture, le repérage et le développement. « Ces phases ont été soutenues par Abu Dhabi film festival (SANAD), l’AFAC (Fonds Arabe pour la Culture), le Japon, et le Centre National du Cinéma (CNC) français. J’attends de cet atelier cannois des rendez-vous forts, pour faire progresser le financement du projet avec des fonds, je l’espère, de l’Algérie, du Japon, de la France, de l’Europe et des pays du Moyen Orient. L’histoire du film s’y prête à merveille. »
Quand on le questionne sur l’apport de Cinéfondation pour son projet, Bensmaïl est à l’image de ses films, frontal : « Odysseys (Périples) est un projet ambitieux qui a besoin de réunir un certain nombre de partenaires financiers et de coproducteurs d’envergure pour pouvoir boucler son budget. Cannes est le festival idéal pour lancer le film ». Il ne nous reste donc plus qu’à patienter
jusqu’à la sortie du film.
1966 : Naissance en Algérie / 1996 : Territoire(s), documentaire primé à Montréal et à Porto. / 2003 à 2012 : Réalise des documentaires politiques : Algérie(s), Le Grand Jeu, Guerres secrètes du FLN en France
/ 2004 : Aliénations, documentaire sur la psychiatrie, primé à Paris et au Fespaco. / 2012 : Odysseys, sélectionné à la Cinéfondation du festival de Cannes.
Lire aussi [l’article 10794] et [l’article 10795]Cet article est également publié dans Afriscope n° 26, mai-juin-juillet 2012///Article N° : 10793