Jean-Marie Compper alias D-Tone est un peintre, graffeur, originaire des Abymes, en Guadeloupe. Son uvre, imprégnée de BD, de culture hip-hop et de slogans publicitaires est un questionnement sur l’image et sur nos propres préjugés.
Comment est née votre vocation ?
Depuis petit, je dessine et je peins. À 12 ans, en banlieue parisienne, à Saint- Michel-sur-Orge, j’ai découvert le hip-hop, avec l’émission H. I. P. H. O. P de Sidney. Je me suis jeté corps et âme dans cette culture. J’ai découvert les fresques murales en couleur dans des films et je me suis dit : « Waah » ! Je me suis mis sérieusement au dessin en 1987. J’ai fait des études de dessin publicitaire, puis de narration figurative. J’ai travaillé dans le dessin animé. Au début des années 90, j’ai commencé à peindre sur toile, jusqu’à aujourd’hui.
Quel est votre rapport à la peinture en Guadeloupe ?
En 1987, j’ai fait mon premier portrait à rezé. Dès 1992, je me déplaçais en scoo- ter pour graffer en Grande Terre, de Gosier aux Abymes, en passant par Lamentin. J’ai côtoyé les pionniers du graff local : Pwoz, Alien, Pacman, Warner. Basic, Moksa
Depuis une vingtaine d’années, j’y vais une fois par an. Je peins à des endroits visibles. Mon lieu de prédilection est la rocade. On graffe en plein jour. Les gens s’arrêtent pour échanger. On va peindre chez eux
Alors qu’à Paris il y a une forte répression policière.
Quel cheminement avez-vous eu avant d’adopter ce style reconnaissable qu’on a admiré dans l’exposition Black virgin ?
Au début, je peignais ce que j’avais en tête, sans direction établie. En 2000, j’ai pris du recul. J’ai regardé ce que j’avais créé. Je l’ai nommé, organisé par séries. J’ai découvert mon trait et j’ai développé cette uvre basée sur le questionnement de l’image. Quand on aborde les vierges noires, dont l’histoire remonte à l’Anti- quité, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’ignorance. Graphiquement, j’aime l’iconographie éthiopienne et la transparence des vitraux. Quand je les ai mis en symbiose la thématique Black virgin s’est révélée d’elle-même.
Un an plus tard dans black stars vous mettez en avant des portraits de personnalités noires…
J’entendais souvent ce cliché : « Les Noirs n’ont pas fait grand-chose à par la musique et le sport. » J’ai créé ce panorama de personnalités noires avec leurs biographies : Mandela, Usain Bolt, Frantz Fanon
Au-delà de leur couleur de peau, ce sont des hommes et des femmes qui font des actions qui ont une utilité universelle. J’ai appelé ça Black stars parce que c’est une constellation d’étoiles noires. C’est un clin d’il à la Black star liner de Marcus Garvey.
Quels sont vos projets ?
J’ai deux expositions prévues en 2014. Je suis en pleine création. Je fais découvrir au fur et à mesure les images sur mon site ou les réseaux sociaux. C’est ce que j’appelle le deuxième effet kiss cool. Si en tout petit ça plaît, j’espère qu’en grandeur nature les gens apprécieront encore plus !
D-Tone en 5 dates :
1971 : naissance le 10 juillet / 1992 : premières peintures sur toile / 2009 : exposition Black virgin / 2010 : exposition black stars / 2013 : exposition Street machine En savoir plus : www.art-dtone.com///Article N° : 12366