« On me dira : c’est de l’histoire ancienne, Bambara
et j’ouvre plein mes yeux
pour ne pas perdre
la douleur de l’inconnu »
Mohammed Kacimi
Le corps de la mémoire
in : La Chaîne et le lien (Ed. Unesco)
Encore l’esclavage, encore la traite négrière… Force est pourtant de constater la frustration que laisse la commémoration du cent cinquantenaire de l’abolition : le mea culpa médiatique arrosé de célébration du métissage antillais a tourné court. Il a même fallu que les Antillais descendent dans la rue pour faire entendre une voix discordante. Sur le front de la recherche, seule l’Unesco, dans son projet plus large de la » Route de l’esclave « , opère un véritable travail de mémoire. Et une série d’initiatives locales et singulières ont eu le grand mérite d’exister. Mais cette année commémorative n’aura pas fondamentalement modifié l’imaginaire occidental : la confusion reste entretenue entre esclavage et traite, ce qui revient à en nier la spécificité ; la méconnaissance de l’Histoire est perpétuée tant que manque son inscription officielle dans les enseignements ; les questions posées de l’occultation, des séquelles et de la réparation ne trouvent que des réponses indistinctes.
Sans doute la date était-elle mal choisie : le risque était trop grand de célébrer une fois de plus les avancées de la conscience occidentale plutôt que de mettre en valeur les résistances déployées par les captifs. Amistad en fut le plus triste exemple…
Laissons la parole aux écrivains africains, que l’on a trop peu entendu cette année. Nous le faisons en partenariat avec le festival Fest’Africa qui les a invités. Leurs voix, diverses mais toujours intimes et intenses, font corps avec la mémoire. Comme l’écrit encore Mohammed Kacimi, » Je suis conteur, j’ai le regard flou, mes veines s’ouvrent, une lumière blanche coule dans mon corps « …
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