Fanfaroné, René Lacaille

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Pour boucler le cycle de ses sept albums, René Lacaille veut réaliser un rêve de jeunesse : réunir autour de lui instruments à vent et percussions pour donner à entendre une musique riche des racines de La Réunion, son île natale. En 2012 il bat le rappel de ses enfants, de ses dalons (amis en créole réunionnais) et en fanfare il enregistre FANFARONE en live au théâtre Kabardock de la ville du Port. La galette est sortie en août dernier.

Ce soir de novembre à l’Ermitage dans le 20° à Paris, avant le début de son concert programmé par le Festival Villes des Musiques du Monde, René Lacaille avec sa dégaine de joyeux troubadour promène sa grande silhouette dans le public, serrant les mains à tour de bras, embrassant les connaissances avec qui il prend le temps de tailler une bavette… Simplicité, convivialité, partage, générosité, vont être les maîtres mots d’un concert d’environ deux heures à égrener des compositions anciennes mais surtout les 13 titres de Fanfaroné. Un album témoin et passeur de la musique que jouait l’orchestre de bal du père de René, un maloya macéré dans du jazz cuivré à souhait.
Le répertoire de ce nouvel album est certainement l’un des plus représentatifs de la musique authentique de l’île de la Réunion. Il remet au goût du jour la « musique lontan », genre musical d’autre fois aujourd’hui en voie de disparition face aux assauts du tintamarre de la vague du facile à écouter. Cette « musique lontan » elle savait raconter avec humour la dure condition des travailleurs des champs de canne et surtout celle des femmes, victimes des assauts des patrons. Maître René met donc un point d’honneur à raviver des compositions d’autrefois comme « La Coupe Canne », un classique populaire de Maxime Laope et Jules Arlanda.
L’ensemble du nouvel opus, denté de pièces inédites de René Lacaille offre des peintures sonores de ces lieux de la besogne de séchage et d’écraseur des céréales, les LagamassW qui de fait s’imposaient comme espaces de sociabilité. L’album tresse des passerelles générationnelles et va emprunter « Barmine » à Danyèl Waro, une œuvre hautement militante dénonçant les souffrances telles que celles des enfants écrasés par la faim, de celle des familles qui voient leur progéniture s’envoler à la recherche de boulot en métropole, ou encore celle de la prison qui pend au nez des populations…
Fanfaroné se positionne comme une sentinelle vigilante, veillant pour la sauvegarde d’une musique authentique, moderne, éducative, informative et distractive.

Fanfaroné, L’Autre Distribution. Sortie le 25 août 2014///Article N° : 12578

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