Dans les années 1970, le chanteur Eric Clapton, encourageait sur scène ses fans à voter pour le parti conservateur anglais, par peur que l’Angleterre devienne « une colonie noire » (1). En novembre dernier, des manifestations ont réuni des milliers de personnes en Allemagne sous la bannière des Patriotes européennes contre l’islamisation de l’Occident (Pegida). Tandis que depuis les élections européennes d’avril 2014, les députés de partis d’extrême-droite radicales, attachés à une conception ethniciste de la nation, représentent ⅕ du Parlement.
De quoi frémir !
Construite et pensée dans un idéal de vivre-ensemble, de liberté de circulations, d’échanges et de solidarité, l’idée même d’Europe se morcelle dans les stéréotypes et le repli.
Mais la société civile, ses militants et ses artistes, vibre encore de résistances aux assignations identitaires. Afriscope est allé à la rencontre d’acteurs antiracistes dans plusieurs pays européens. Des citoyens qui répondent à la haine, la peur, et le rejet exacerbé par la mobilisation, l’éducation, le lobbying politique, la création. Et parce que le champ de l’antiracisme est vaste et ses définitions complexes, Afriscope a choisi de présenter, de manière non-exhaustive, quelques-uns de ses visages dans plusieurs pays européens ; certains à vocation généraliste, d’autres concentrés sur une problématique de mémoire et d’écriture de l’histoire ou sur le combat politique, certains contre le racisme institutionnalisé. Ces différentes associations sont à l’image de la diversité européenne et de ses défis. Pour les faire entendre à l’échelle de l’institution européenne, des réseaux se sont construits depuis les années 1980, plus ou moins dépendants de l’instance politique (lire p. 12).
Quant aux artistes, Afriscope a rencontré Johny Pitts, photographe, qui positive ses identités plurielles à travers le terme « afropéen« . La metteure en scène Eva Doumbia dans son spectacle Afropéennes affirme à sa manière, avec les mots de l’écrivaine Leonora Miano, le métissage d’une Europe encore trop encline à se penser blanche et chrétienne.
D’autres récits européens s’écrivent, inclusifs, cohérents avec la vision ouverte d’une Europe en mouvement qui se construit avec toutes les énergies qui la composent pour faire face au présent et aux enjeux de l’avenir.
Que nos gouvernements les entendent, les écoutent, les regardent, l’avenir de l’Europe en dépend. Et cette appartenance aussi : « Proud to be European ! (2) »
(1) Ses propos déclenchèrent une mobilisation contre le racisme « Rock against racism« .
(2) « Fier d’être européen !« ///Article N° : 12678