Art’Press Yourself, c’est elle ! Afriscope a rencontré Lætitia N’goto en amont de la première édition de son festival de cultures urbaines début novembre. Portrait d’une activiste culturelle de Bordeaux à Paris, en passant par la Centrafrique.
« Être afroparisienne, c’est être quelqu’un comme moi ! » Lætitia N’goto, 28 ans, avoue en riant avoir du mal à expliquer pourquoi ce mot lui correspond tant. Pourtant, c’est évident : l’entrepreneure francocentrafricaine, jeune parisienne dynamique est aussi la fondatrice d’Art’Press Yourself, festival mettant en avant, le 7 novembre prochain à Paris, les cultures urbaines et afro à travers une expo-vente de créateur.ice.s, d’illustrateur.ice.s du monde entier. L’événement est né d’un constat : « Chaque fois que les cultures afro et urbaines se sont rencontrées, cela a donné naissance à de nouvelles tendances, qui ont inspiré et intéressées les gens, bien au-delà de ces deux communautés ! », affirme la jeune femme. Un exemple ? « Soul Train », la célèbre émission musicale américaine des années 70 ; « un divertissement créé par un afro-américain pour les afro-américains, devenu mainstream ». Lætitia continue, admirative : « C’est ce qu’il fallait regarder pour connaître les nouveaux pas de danse, les nouvelles coiffures, les nouveaux titres. Pour moi, l’équivalent actuel serait le festival Afropunk qui met en lumière l’avant-garde musique et fashion afroaméricaine. » Ainsi, dans cet esprit « old school vibes » mais made in France, Lætitia a imaginé des jeux musicaux en présence de l’humoriste Dycosh, qui s’est fait notamment connaître avec « Sapologie », vidéo sur l’envers de la sape. Sans oublier un DJ set signé Babaflex, bien connu des soirées hip-hop parisiennes.
L’Afrique en toile de fond
La jeune femme, master de management de la mode en poche, a toujours évolué dans ce milieu et celui de l’événementiel. « J’organisais des événements afro à la fac avec une de mes camarades de promo des événements centrés autour de la culture urbaine et on s’invitait l’une et l’autre ». Organiser des événements teintés de cultures africaines et de code street est aussi une bonne manière de vivre sa double culture. Lætitita se sent à l’aise dans la capitale parisienne, même si elle ne manque pas de rappeler que son afro laisse les gens interloqués, « bien plus qu’à Londres » par exemple précise celle qui a beaucoup bougé. Née à Bordeaux, où elle a vécu jusqu’à ses treize ans, c’est à Tourcoing dans le Nord-Pas-de-Calais, qu’elle passe son adolescence et démarre ses études avant de partir il y a cinq ans pour faire un master à Paris, après une licence en commerce international. Tandis que la Centrafrique, pays de ses parents, reste la toile de fond de tout ce qu’elle fait. Y avoir vécu la guerre civile à l’âge de dix ans, alors qu’elle s’y rendait pour les vacances, lui a laissé un souvenir traumatisant. « On devait y passer deux mois, on a dû rester un an. J’ai vu des choses que je ne comprenais pas alors. On est une grande famille, on s’est débrouillé. Ma mère continue d’y aller. »
D’ailleurs, elle envisage que les bénéfices de la seconde édition d’Art press Yourself, prévu l’année prochaine, qui sera toujours « entièrement autofinancée », reviendront à l’association de sa mère consacrée aux enfants de Centrafrique (1). « Malgré ces difficultés, je ne fuis pas l’Afrique, au contraire ! », conclu-t-elle. Ses projets ? Si elle veut ouvrir un concept-store en France, Lætitia rêve d’organiser Art’Press Yourself au Ghana ou en Afrique du Sud. Sky is the limit
(1) Maison du cur pour les désirés.<small »>Où et quand ?
Le 7 novembre, le festival Art’Press Yourself sous la thématique « Old School vibes » invite les créateurs Ladyhood, Ubuntu et Be Wax. Mais aussi les street artistes Fred Ebami, les Soeurs Chevalme ou encore Marianne C. Sané et Kdyboo Crea. De 16h à minuit. Au PAN PIPER, 2-4 impasse Lamier, Paris 11e / 12 . Plus d’infos :
http ://artpress yourself.co m///Article N° : 13292