Lampedusa : ce que nous disent les gouffres

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Lampedusa… Il faut des morts, beaucoup de morts, pour qu’une prise de conscience avance. Elle semble encore lointaine pour notre craintive Europe. En attendant que l’humanité remplace la répression, et que l’ouverture des esprits et des coeurs fasse progresser la chute des murs, ce qu’il nous faut bien appeler des héros sans visages perdent leur vie, comme autrefois les esclaves… O.B.

Toute horreur crée son gouffre
ainsi celle de la Traite à nègres qui fit de l’Atlantique
le plus grand oublié des cimetières du monde
(crânes et boulets relient les îles entre elles
et les amarrent aux tragédies du continent)

Le gouffre chante contre l’oubli
en roulis des marées
en mots de sel pour Glissant pour Walcott et pour Kamau Brathwaite
(fascine des siècles dans l’infini de ce présent où tout reste possible)

Celui de l’Atlantique s’est éveillé
clameurs en méditerranée !
l’absurde des richesses solitaires
les guerres économiques
les tranchées du profit
les meutes et les sectes d’actionnaires
agences-sécurité et agences-frontières
radars et barbelés
et la folie des murs qui damnent ceux qu’ils protègent

chaussures neuves et crânes jeunes font exploser les vieilles concentrations !

les gouffres appelle le monde
les gouffres appellent au monde

l’assise ouverte
les vents qui donnent l’humain
l’humain qui va au vent
les aventures des peurs et des désirs
la seule richesse des expériences menées à la rencontre
les solidarités qui se construisent et qui construisent
les coopérations qui ouvrent et qui assemblent
et le suc et le sel de l’accueil qui ose

L’enfant a eu raison de mettre ses chaussures neuves
ce qu’il arpente au-delà de nos hontes
c’est le tranchant des gouffres génériques
qui signalent sous l’horreur
et qui fixent sans paupières
l’autre possible ouvert du meilleur de nous

en ombres en foudres en aubes
les gouffres enseignent longtemps

(toute douleur est apprendre et ce chant est connaître)

chant partagé d’une même planète.

///Article N° : 11835

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