Avec « Le Conte du Ventre Plein », un film jubilatoire présenté à la Semaine de la Critique et malheureusement sorti en salles en France le 28 juin (en début de pause estivale et donc en panne de public), l’Afro-américain Melvin van Peebles propose une nouvelle cuisine pimentée des rapports interculturels. Retour sur un film que nous ne voulions pas laisser oublier trop vite.
Un couple d’hôteliers arrive dans un orphelinat. Ils cherchent une serveuse qui puisse remplacer leur propre fille partie en voyage. Et reviennent avec une jeune Noire (la Congolaise Meiji U Tum’si). Le couple très paternaliste s’avère avoir bien manigancé son coup et la jeune Diamantine va devoir simuler une maternité Pour eux, « on peut sortir les gens de la jungle mais on ne peut sortir la jungle des gens » tout cela avec l’hypocrisie nécessaire qui les fait s’excuser chaque fois qu’une de leurs expressions pourrait choquer (un « petit noir » pour un café, la « bête noire » de la famille, etc.). Exploitation, préjugés, manipulation toute la panoplie du racisme naturel traverse les relations mais le film ne s’y appesantit pas : on sent bien que son propos est tout simplement de raconter une histoire. Cela donne un conte superbe et ludique dont la morale sera que la vie est une chanson et qu’il s’agit de la danser ! Et il ne s’en prive pas : images diagonales, accélérés, effets spéciaux et trucages utilisant toutes les ressources de création du numérique, scènes déjantées et tableaux baroques car Melvin van Peebles s’affirme peintre à chaque image, un peintre minutieux qui soigne le détail, le forçant à suivre son imaginaire débridé. « Pour moi, il n’y a pas de code », déclare-t-il : « Je fais du cinéma comme je fais de la cuisine ». Le plat est excellent, détendu, léger, une bonne bouffée d’oxygène, une invitation à vivre sa vie !
105 min, avec Andréa Ferreol, Jacques Boudet, Meiji U Tum’si, Claude Perron, Herman Van Veen, Franck Delhaye. Distr. Euripide (01 56 43 64 00).///Article N° : 1552