Les mimosas d’Algérie

De Richard Demarcy

Un épisode de la France en Algérie sur les planches
Print Friendly, PDF & Email

Programmer la dernière pièce de Richard Demarcy dans le cadre de l’année de l’Algérie en France est un bon pari. D’abord, « Les mimosas d’Algérie » évoque des événements de la lutte pour l’indépendance du côté des pieds-noirs, point de vue susceptible d’interpeller le public français. Ensuite, elle inverse le principe de « Djazaïr, une année de l’Algérie en France », en proposant une esquisse de la vie des Français en Algérie
Le rythme de la pièce est donné par une intrigue simple mais dérangeante : une jeune femme retourne dans son pays natal, l’Algérie, en quête de la vérité sur le meurtre de son père. Elle y retrouve une grand-mère enracinée dans le passé. Après trente années de silence, les langues se délient et chacun apprend que le père, Fernand Iveton, jeune pied-noir engagé dans le FLN, fut guillotiné pour avoir déposé une bombe dans une usine. Richard Demarcy s’est inspiré d’un fait réel relaté dans le livre de Jean-Luc Einaudi : « Pour l’exemple : l’affaire Iveton » (Ed. L’Harmattan) : la seule exécution d’un Français par la France lors de la lutte pour l’indépendance. Ecrite il y a une dizaine d’années, la pièce a été montée l’année dernière à l’Institut national d’art dramatique d’Alger à la demande de l’une des comédiennes. Découvrant l’Algérie et le Maghreb, le metteur en scène mêle langues, chants et musiques dans le personnage de la grand-mère et favorise la rencontre entre deux cultures en réveillant des instants d’une histoire délicate.
L’affaire Fernand Iveton sert de toile de fond à la thématique des souvenirs d’enfance. Les deux femmes se remémorent le passé à travers des objets du quotidien et les absents prennent vie dans l’espace de la scène qui leur est réservé. L’évocation de l’enfance et les chants nostalgiques de la grand-mère sont chargés d’émotion alors même que les faits historiques sont dévoilés avec une grande sécheresse. On peut regretter que le jeu des comédiennes soit presque trop mécanique ce qui pourrait laisser le spectateur imperméable à la souffrance des deux femmes. Mais il est séduit par les relations entre une grand-mère restée en Algérie et une petite-fille occidentalisée, et les souvenirs d’une jeunesse algérienne. Premier volet du diptyque autour du malaise colonial proposé par le Théâtre International de Langue Française, « Les mimosas d’Algérie » sera en tournée à Brest et en Ile de France jusqu’à la fin de l’année.

Les Mimosas d’Algérie, Texte et mise en scène de Richard Demarcy, avec Sonia Mekkiou et Fatouma Ousliha-Bouamari, Durée 1h10, Création à Alger en août 2002///Article N° : 2827

  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Laisser un commentaire