Comment vit un sculpteur africain à Montréal ?
» Quand j’arrive dans les écoles québécoises, les enfants sont surpris. Qui est cet homme noir en chaise roulante ? se demandent-ils. Et je les invite à poser des questions. Petit à petit, le dialogue commence. À travers moi, ils entament un voyage vers l’Afrique, ses cultures et ses traditions. Avec les masques que je confectionne, je leur apprends la symbolique de ce mode d’expression. Je crois profondément à l’information ; si les gens ne sont pas informés ou mal informés, ils véhiculent des idées reçues, des clichés et de sérieux blocages.
C’est Voltaire qui m’a fait préférer le Québec aux États-Unis. Alors j’y continue mon chemin. Mais la vie à Montréal a changé quelques petites choses. Ainsi, j’ai créé dernièrement un masque inspiré du sirop d’érable. Avant, j’aurais pris du vin de palme ! Heureusement qu’il y a les écoles, parce qu’il est très difficile de vendre. Tous les artistes ont du mal à vendre. S’il n’y avait pas le travail constant de sensibilisation des Maisons de la Culture, on exposerait presque pas parce que les galeries accueillent très rarement des artistes africains. Mais ne nous plaignons pas, nous commençons tout juste à avoir des subventions. Avant, on nous disait que ce nous faisions n’était pas de l’art ! «
Maurice Lwamba-Tshany. Né à Lubumbashi au Congo (RDC), Maurice Lwamba a suivi ses études à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa et au Centre des métiers d’art. A présenté des expositions en France, en Hongrie, en Italie, en Zambie et à la galerie Corcoran à Washington (É-U). Professeur d’art plastique en milieu scolaire à Montréal, il demeure très actif au sein d’associations de défense des droits des artistes (Artistes pour la paix, Very Special Arts International, Association des artistes d’expression africaine). Maurice Lwamba est arrivé à Montréal en 1988. ///Article N° : 716