Mungo et 100 % Pongo

Entretien de Samy Nja Kwa avec Joëlle Esso

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Choriste et chanteuse d’origine camerounaise, c’est en 1988 que démarre la carrière de Joëlle Esso, lorsqu’elle rencontre la reine de la rumba, Abéti. Elle commence par accompagner des artistes africains. Rapidement, de nombreuses stars l’appellent à leurs côtés : Dee Dee Bridgewater, Manu Dibango, Carole Fredericks, Kassav’, Pascal Obispo, Gino Sitson ou de Kristo Numpuby…. La liste est longue. Elle se distingue par sa voix, profonde et envoûtante. Elle sort un premier album très personnel intitulé  » Mungo « . Rencontre.
Tu as accompagné de nombreux artistes, qu’est ce qui t’a décidé à te lancer dans une carrière plus personnelle ?
À un moment donné, j’ai éprouvé le besoin d’exprimer les choses avec mes propres mots, de dire mes propres émotions après avoir été le  » porte-parole  » d’autres personnes pendant des années.
Tu mènes à la fois une carrière de choriste et de chanteuse, comment t’organises-tu ?
Je gère de façon pratique, par exemple je vais privilégier des artistes avec lesquels j’ai déjà travaillé pour gagner du temps sur l’apprentissage des répertoires.
Est-il facile de passer du statut de choriste à celui de chanteuse ?
On l’oublie trop souvent, une choriste est une chanteuse, puisque c’est le même instrument qui est sollicité. La seule différence est la responsabilité. J’ai tout de même la chance d’être entourée de musiciens que je connais depuis très longtemps et qui ont participé à mon album, ce qui permet de travailler en confiance, sans stress.
J’imagine que tu avais déjà quelques compositions, comment est ce que tu as commencé à construire ce projet ?
En effet, je portais des chansons en moi depuis un moment, sans les avoir enregistrées, puis une série d’événements personnels a tout précipité, et la maquette était en boîte en un mois. J’ai commencé à passer des coups de fil à des amis musiciens, et tout s’est enchaîné très vite.
Cet album s’inspire du quotidien, parle de ton Cameroun natal, du Christianisme, quels messages veux-tu véhiculer ?
Un premier album est souvent autobiographique ; celui-ci a été une sorte de thérapie pour moi (je l’ai commencé au décès de mon père et achevé à celui de ma mère) j’ai voulu me raconter, c’est une présentation. Les messages, ce sera pour le prochain !
Ton album s’intitule  » Mungo « , qui est une région du Cameroun, est-ce une région particulière pour toi ?
En effet, c’est la mienne ! Je suis 100 % Pongo.
La première plage de cet album fait référence aux voix, il y a un beau chœur, on a l’impression d’être à la fois dans une église et dans la forêt est-ce pour rappeler d’où tu viens ?
Tout à fait. L’Africain est un être spirituel, crée pour être en osmose avec la nature, avec son environnement. Je suis très heureuse que ce que j’ai voulu exprimer soit perceptible.
Est-ce un album autobiographique ?
Totalement.
Joues-tu d’un instrument autre que de ta voix ?
Un peu de percussions, de l’harmonica, un peu de piano (juste assez pour composer).
Pourquoi avoir utilisé autant d’instrumentistes pour la réalisation de ce projet ?
Parce qu’en 17 ans de carrière, on en côtoie énormément !! Et encore, certains m’en veulent parce qu’ils n’ont pas pu participer à ce projet. Je m’étais promis que si je faisais un disque un jour, j’appellerais tous mes compagnons de route.
Comment veux-tu que le public ressente ta musique ?
J’espère que ma musique trouvera une place dans le cœur de chacun, que le public puisse adhérer malgré la barrière de la langue, malgré tout, j’ai dit ce que j’avais besoin de dire, à eux de juger…
Ton album est auto produit, cela signifie-t-il qu’il est de plus en plus difficile de trouver une maison de production, voire un distributeur ?
Non, je n’en sais rien, dans mon cas je n’ai pas recherché de production car je voulais avoir une liberté et un contrôle total de ma création, sans être assujettie aux contraintes du marché style  » il faut un titre-phare pour les boîtes, un zouk, un ndombolo, un machin, un truc,  » pour vendre ; j’ai fait mes chansons comme elles venaient, sans forcément choisir un style musical ni même une durée standard.
En tant que choriste tu as fait de la scène, mais en tant que chanteuse comptes-tu en faire ?
Oui bien sûr, je suis d’ailleurs à la recherche d’un manager et d’un tourneur, avis aux amateurs…Pour l’instant je tourne en ouverture d’une pièce de théâtre.
Y a-t-il des concerts de prévus ?
Oui, mais malheureusement pas à Paris, à partir de l’été 2005. Mais je prépare une soirée de présentation / show-case / expo d’ici deux mois à Paris, je vous communiquerai la date exacte.

Son site : www. joelle-esso.com
Album : Joëlle Esso, Mungo ! (Digital matrix)///Article N° : 3795

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