Prince Loseno

De Jean-Michel Kibushi Ndjate Wooto

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Il ressort des marionnettes de Kibushi une agréable chaleur. Sans doute cela vient-il de sa façon de les filmer de près, de les mettre en scène avec une vraie science du cadre, de multiplier les plans et d’utiliser largement les magnifiques décors où ils les fait évoluer. Les jeux de lumières, de bruits et de couleurs achèvent de construire une ambiance que vient renforcer les audaces de tous styles de l’animation : architectures hallucinantes, référence permanente au conte, recours immodéré à la magie, insolence de la construction du récit, décors et costumes extrêmes etc.
On se love donc volontiers dans cette histoire de roi polygame mais sans héritier. « Si le coq ne change pas de poule assez souvent, le poulailler commence à se dépeupler » : l’arrivée d’une quatrième épouse réglera-t-il le problème ? Certes, mais non sans pactiser avec la vieille Yacumba qui demande la garde de l’enfant pour l’éduquer dans la tradition. L’humour est permanent, dans les caricatures des personnages comme dans les dialogues, mais s’égare parfois dans la trivialité. C’est plutôt le bizarre qui nous saisit comme une interrogation presque policière au début du film et crée une véritable tension. Mais au lieu de capitaliser sur cette mise en appétit, Kibushi préfère asséner une sagesse de la transmission et du cours de l’existence pour finalement nous convaincre que « la naissance et la mort sont jumelles dans le destin des hommes », ce que nous lui concédons volontiers. Le récit ne progresse plus et le film se perd dans de grandes scènes remarquablement réalisées mais sans réelle pertinence. Un travail d’orfèvre donc, magnifique à regarder, mais qui se perd un peu dans les insuffisances de la dramaturgie.

///Article N° : 4073

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