« Le désir insatiable de contrôler la Terre a réduit l’homme à un état de misère et de survie. Pour conjurer sa mort, il sollicite l’aide de « Asaase Yaa », le Gardien de la Terre. Ce soutien passe par une étape de confusion, de faim et de prière pour que l’humanité, qui a perdu la foi en sa destinée, renaisse à elle-même. »
« Sal-Yeda » (« Le Destin de l’Homme ») est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, parce qu’en tant que création d’un ballet national, elle rend compte de la recherche chorégraphique qui se développe même au sein des compagnies d’Etat, dévolues il y a encore peu aux seules danses traditionnelles. Mais aussi parce que le chorégraphe ghanéen Francis Nii Yartey, relativement hors de la sphère d’influence francophone, revendique une autre vision de la danse africaine contemporaine.
« Sal-Yeda », s’apparente à ce que l’on dénomme le « néotraditionnel » ou « tradi-contemporain » : une forme qui prend délibérément appui sur la tradition et cherche à la faire évoluer pour dire le monde contemporain. Par son propos comme par son esthétique, la pièce de Francis Nii-Yartey relève de cette démarche. Mais dans « Sal-Yeda », placée sous le signe de la souf-france et de la rédemption, les éléments d’origine africaine et occidentale se juxtaposent sans parvenir à créer une forme originale. La chorégraphie, essentiellement basée sur une gestuelle africaine et sur l’expressivité de la transe, tente de greffer par moments assez maladroitement une technique occidentale classique (sauts, porters…). Les costumes en peau et en filets déchirés des danseurs et l’utilisation d’un masque tradition-nel renvoient aux racines d’une culture ancestrale. La bande son (compilation d’Angélique Kidjo, de Lambarena : mariage de Bach et de musiciens africains…), au contraire, illustre l’audace des métissages artistiques contemporains. Tout au long du ballet, ces éléments hétérogènes ne parviennent pas à entrer en résonance, d’où une impression de superficialité
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