Me suis vêtue des couleurs d’une fleur en exil
rire lent et peur en fleuve
à la recherche de margelles qui parlent aux mains sèches et à qui sait
attendre
Des regards en vol d’oiseau
en virevolte
en cachette
volés aux voiles
à l’étrange à l’étranger à l’inconnu
Une joie sourde aux vagues
d’une langue entre velours et rocailles rythmée d’autres tambours
Et me voici tissant un nouvel écheveau
de soies rouges et feu
Mon corps
dans le monde et les mains des femmes
Mes pieds
sur la terre neuve
sans plus d’âge que le temps de l’Histoire
des histoires que je déchiffre et décompte
sur la paume de la ville offerte à ma bouche un soir de rencontre
La parole est rapide
en zébrures de ciel
d’orangers
de sourates
à contre-pied contrepoids contrepoint de mon silence
Je balbutie mon alphabet sur les larmes pudiques de la poussière
et dans l’explosion de blancheurs éphémères
Je n’ai plus l’âge de l’attente
et me dois d’arpenter les lignes de la main
cette frontière entre mon imaginaire divaguant sur la porte de bois
et la marche lente
résignée
de ce vieux cheval blanc échappé de l’absurde
égaré sur le gris de l’asphalte
dans un tumulte d’indifférence
Mon image
mon double
Entre vie et survie saurai-je la rupture?
Quel que soit l’horizon
de neige trottoir manguier
poussière mur de verre
concession lopin de terre
diversion du cloaque
lagon ou mur en ruines
chemin tracé route détournée
voile
voilure
corps offert corps perdu
sourire contrit
visage donné ou visage volé
quel que soit le pays
le scandale est le même
Ce matin dans la rue à la frontière du regard et de ma révolte
la froideur abjecte d’une panse onéreuse
devant la vie mutilée nouée torturée
devant la vie en déroute
Extrait de son livre Sur la gamme d’une sourate, Editions Sarrazines&Co.///Article N° : 12949