Tache d’encre réunit les fleurons

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Porté par le dynamisme d’une association toute nouvelle de dessinateurs ivoiriens, un nouveau festival de la BD s’annonce en Côte d’Ivoire.

Les fers de lance du neuvième art en Côte d’Ivoire, au nombre de quatorze, se sont constitués, le 11 décembre 1999 à Abidjan, en une association des dessinateurs de presse et de bande dessinée dénommée « Tache d’encre », pour « mieux défendre et valoriser leur métier ». Les membres de la jeune association ont signé, du 4 au 14 juillet 2000, sur les cimaises du Centre culturel français, leur première exposition comprenant dessins d’humour, caricatures et bande dessinée. Grand-Bassam – première capitale de la Côte d’Ivoire -, est pressentie pour accueillir « Coco Bulles », un Festival international du dessin de presse et de la bande dessinée, à l’instar de celui d’Angoulême en France.
C’est pour « prendre leur destin en main » que les héritiers de Dago et Zézé – premiers héros ivoiriens de bandes dessinées, popularisés par le défunt hebdomadaire Ivoire Dimanche au début des années 70 – décident de créer Tache d’encre, une association apolitique à but non lucratif, réunissant « des dessinateurs de presse et de bande dessinée talentueux, vivant en Côte d’Ivoire ». L’association s’assigne cinq principaux objectifs : promouvoir les métiers de dessinateurs de presse et de bande dessinée et les artistes qui le pratiquent ; favoriser le rapprochement des artistes ivoiriens entre eux, tisser des relations d’échange et de travail avec les artistes des autres pays ; organiser des séminaires de formation et des ateliers de spécialisation ; créer des plate-formes d’expression tels que salons, festivals, expositions ; sensibiliser, informer, éduquer et distraire par le biais du dessin.
Avec l’exposition de juillet 2000, les sociétaires de Tache d’encre ont pu mesurer leur audience auprès des bédéphiles ivoiriens et les consommateurs occasionnels de dessins humoristiques. Sans discontinuer, deux semaines durant, de nombreux visiteurs ont transité par le hall du Centre culturel français pour découvrir des oeuvres où les artistes distillent un humour caustique reflétant les affres du quotidien des populations, tout en moquant les travers des politiques lancés dans une course éperdue pour la conquête du pouvoir. Le président de Tache d’encre, Lassane Zohoré et sa bande, ont lancé, l’année dernière, Gbich !, le journal d’humour et de BD qui frappe fort !, un hebdomadaire prisé par les adeptes du genre. Onze des quatorze membres de Tache d’encre y exercent leur talent, en tant que caricaturiste et journaliste, tout en s’aménageant un temps pour contribuer à divers journaux.
Sociétaire de Tache d’encre, assigné aux fonctions de deuxième commissaire aux comptes, T. Gbalin effectue ses premiers pas de caricaturiste, de 1991 à 1992, à Kabako ; transite par de nombreux périodiques, dont Bonsoir, L’Enquêteur, Le Changement, Soir-Info week-end, avant d’entrer, en 1999, au quotidien Le Patriote où il dépeint les joies et les peines de ses concitoyens. Il travaille à la finition de Troutounou, une revue de bande dessinée.
La naissance de Gbich ! et celle prochaine de Troutounou témoignent de l’essor de la BD en Côte d’Ivoire. Ce genre littéraire naguère marginalisé voire méprisé est promis à un bel avenir sous la houlette de ses chefs de file regroupés au sein de Tache d’encre dont les membres occupent en permanence un espace de choix dans les quotidiens et périodiques ivoiriens. La jeunesse ivoirienne s’en délecte chaque jour, en cette période où les coups de crayons des dessinateurs expriment avec justesse l’angoisse, le désarroi, la peur de leurs compatriotes confrontés à une situation politique des plus délicates, tant le dénouement est incertain. « Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours » : c’est le leitmotiv choisit par les sociétaires de Tache d’encre qui pilotent, depuis le 7 octobre 2000, une campagne de sensibilisation autour du thème « 1000 ethnies, 1 nation, entendons-nous » – une manière de contribuer à l’édification de la paix sociale, en invitant les Ivoiriens à cultiver la tolérance et le dialogue, l’hospitalité légendaire et l’acceptation mutuelle sans distinction d’ethnie ni d’origine géographique. Une démarche pédagogique en adéquation avec les objectifs que les dessinateurs ivoiriens poursuivent avec leurs créations artistiques. 

///Article N° : 1574

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