Le Mémorial ACTe, centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage, devait initialement voir le jour à Pointe-à-Pitre en mai 2013. Impulsé par la région Guadeloupe, il ouvrira finalement ses portes début 2015. Un lieu qui rendra hommage aux victimes tout en étant tourné vers l’avenir. Afriscope a interrogé l’un des architectes du projet, Pascal Berthelot.
Afriscope : Quelles sont les difficultés liées à la conception d’un projet mémo- riel de ce type ?
Pascal Berthelot : Les problématiques d’un projet comme le Mémorial ACTe sont d’abord sociétales et culturelles. Comment représenter l’universel ? Comment faire en sorte que ce mémorial puisse interpeller à la fois les Guadeloupéens mais aussi tout homme vivant sur Terre. Il faut tenir compte de la sensibilité de la population locale tout en s’adressant à un public plus large. Les réponses sont multiples, elles se manifestent dans les choix architecturaux, urbains mais aussi politiques. Je ne suis que le commanditaire d’une équipe composite qui comprend le cabinet d’architecte BMC, l’atelier Doré/Marton, Marc Mimram, roger Narboni, en charge de la mise en lumière du mémorial et le cabinet BETCI pour la partie ingénierie.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Le défi était culturel. Dans cette équipe, nous sommes originaires de différents continents et la consultation du monde artistique et culturel nous a beaucoup aidés. Avant même de tracer le premier trait de crayon, il nous a fallu harmoniser nos points de vue. Nous avons mené une réflexion collégiale dès le début du concours qui nous a permis de remporter cet appel d’offres.
Quelle symbolique faut-il voir dans le bâtiment que vous avez conçu ?
Nous avons travaillé sur la partie architecturale et symbolique de façon à toucher tous les publics. La salle d’exposition permanente de 1500m 2 retracera le continuum historique des Caraïbes avant l’arrivée des colons, jusqu’à la départementalisation en 1946. Elle prendra la forme d’une boîte noire entourée de granit, en hommage aux millions d’âmes mortes Le Mémorial ACTe, centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage, devait initialement voir le jour à Pointe-à-Pitre en mai 2013. Impulsé par la région Guadeloupe, il ouvrira finalement ses portes début 2015. Un lieu qui rendra hommage aux victimes tout en étant tourné vers l’avenir. Afriscope a interrogé l’un des architectes du projet, Pascal Berthelot. des hauts et débats en mer du trafic d’esclaves. Des racines argentées seront placées tout autour de la boîte noire. Elles symboliseront l’élan que l’on veut donner à nos racines historiques. Ces racines représentent la vie mais aussi une contrainte. Elles protègent l’arbre mais elles peuvent aussi le broyer. Le retour aux sources peut nous protéger mais nous ne voulons pas rester figés. Nous l’avons appelé « Silver roots on a black box « . Nous avons volontairement choisi une expression anglophone pour être plus en phase avec notre environne- ment car nous sommes entourés d’îles anglophones, Trinité-et-Tobago, Antigua, etc.
Quelle sera l’articulation du mémorial avec l’environnement urbain ?
Nous avons choisi de tourner le bâtiment vers la ville dans une idée de dialogue avec l’environnement. L’immeuble est construit dans la rade de Pointe-à-Pitre. Nous avons essayé d’être à l’échelle des événements qu’il s’agit de commémorer. Il n’était pas question de construire un bâtiment minuscule. Par ailleurs, il fallait que le mémorial soit de taille à rivaliser avec les très grands bateaux qui naviguent dans la rade de Pointe-à-Pitre. Nous avons choisi de construire un bâtiment tout en longueur qui mesurera 250 mètres de long.
Les travaux devaient s’achever en 2013. Quand le mémorial verra-t-il finalement le jour ?
La livraison du projet est prévue au premier trimestre 2015.
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