We are Four Lions

De Chris Morris

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En sortie nationale le 8 décembre 2010, « We are Four Lions » est le premier à réussir à se moquer d’un sujet extrêmement brûlant : les travers intégristes de l’Islam. On adhère !

Peut-on rire de tout ? Absolument ! Il faudrait d’urgence se réapproprier aussi bien la question de Pierre Desproges posée en septembre 1982 durant l’émission radiophonique Le Tribunal des Flagrants délires face à un Jean-Marie Le Pen éberlué que la réponse pour désacraliser la bêtise ambiante qui parsème Four lions. Sans être le chef-d’œuvre d’humour acide des années 2000, le premier long-métrage de l’humoriste Chris Morris est un véritable bol d’air frais dans le monde étriqué et formaté de la comédie.
Ils sont cinq. Omar, le leader ; Waj le costaud dénué de cerveau ; Hassan, le rappeur ; Barry, l’anglais de souche récemment converti et Fessal, le plus grand crétin que la terre ait portée. Membres d’un groupe terroriste, ces va-nu-pieds prônent le Jihad de l’esprit, adorent philosopher bêtement sur les mécréants, se filment continuellement avec leur petite caméra dv et tentent inlassablement de frapper là où on ne les attend pas. Le hic, c’est qu’ils ont oublié de grandir, flirtant avec des situations ubuesques dans lesquelles leurs petites cellules grises sont absentes. Portant une barbe postiche ou de fines moustaches, cette équipe de pied-nickelés se trompe de colère et décide de s’unir pour terroriser Londres de leurs soubresauts moyenâgeux, espérant ainsi monter au firmament céleste : le paradis
Le propos est simple et terriblement problématique. D’emblée, on songe à Desproges mais aussi à d’autres essayistes de l’humour, Sellers, Bedos et plus récemment Dieudonné (son sketch intitulé La Fine équipe du 11 questionnait avec beaucoup d’intelligence l’illogisme des fous d’Allah). (1) Ils savaient manier le verbe et surtout le temps pour façonner des morceaux de bravoure comiques. Chris Morris que l’on surnomma « L’homme le plus haï d’Angleterre » est connu pour ses satires télévisuelles, mélange détonnant et chic d’un Andy Kaufman british mâtiné d’un poil à gratter que n’auraient pas renié les Monty Python. Morris frappe là où ça fait mal, balayant le conformisme et injectant des tonnes d’absurdités dans des sujets tabous tels que la pédophilie ou l’intégrisme religieux.
En cela, Four Lions est un sommet de franche rigolade où Morris s’en donne à cœur joie. Mais il sait aussi parfaitement tisser une intrigue, mettre du rythme quand la séquence est nécessaire et surtout manier avec beaucoup de finesse l’élasticité de la vanne. Plus il dilate le temps, plus le grotesque voit le jour. Certains trouveront que la mayonnaise à un goût douteux, et il y a fort à parier que le film soulèvera une petite polémique. Mais il faut savoir rire de soi, et contourner la forme pour mieux apprécier le fond. Four Lions n’est ni un film contre l’Islam, ni un film réactionnaire, juste une dynamite qui pète joyeusement et qui fait du bien.

1. A voir sur [youtube]///Article N° : 9838

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