Le travail de Bruno Boudjelal, retraçant dix années de retour en Algérie, était présenté en Arles jusqu’au 31 août 2003, sous forme de slide show à la Bourse du Travail.
Lorsque l’on visite les différentes expositions des 34e Rencontres photographiques d’Arles (qui ont ouvert leurs portes avec quelques difficultés d’organisation, le 4 juillet 2003), on constate avec étonnement et/ou colère que les moyens donnés aux artistes pour présenter leurs uvres sont nettement hiérarchisés.
Et c’est notamment le cas pour Bruno Boudjelal, certainement l’un des plus mal lotis des artistes présentés. C’est à la Bourse du Travail, dans une partie de la salle où est présentée l’exposition de Nadia Benchellal sur l’Algérie, qu’est projeté le slide show de Bruno Boudjelal. Petite salle créée à l’aide de cloisons, ne payant pas de mine, où des morceaux de tissu noir ont été placés à la va-vite, à la demande de l’artiste, pour occulter la lumière. Le téléviseur a également été acheté rapidement le samedi, jour d’ouverture des Rencontres au public, celui qui était placé initialement ne permettant absolument pas une projection de qualité.
Le slide show présenté ici, visible jusqu’au 31 août 2003, est un diaporama incluant plus de 350 images, accompagnées de musiques, d’une durée de 25 mn. Il retrace l’uvre réalisée par le photographe sur une période de dix ans (1993-2003), lors de ses différents voyages en Algérie.
Les moyens donnés démontrent à quel point son travail a pu être mésestimé par les organisateurs des Rencontres. Pourtant le montage de ce slide show, réalisé par le photographe lui-même, donne à voir aux spectateurs non seulement la progression du travail de l’artiste sur dix années : passage du noir et blanc à la couleur quasi picturale pour certaines images ; mais également la lente maturation d’un regard sur un pays auquel il est lié charnellement, affectivement, passant de la sécurité de la famille, la douceur de l’intime, à une ouverture sur l’Algérie du dehors, mouvante, variée, insaisissable. Le trouble et la confusion sont clairement palpables.
Et la musique ajoute sa force aux images. Ainsi, au début de la dernière séquence avec le rap de MBS, aux mots de » Algérie debout « , on est littéralement porté par l’alliance forte des images et du son.
Bruno Boudjelal a su nous montrer, avec justesse et talent, avec des images pleines d’émotion et de sens, son retour vers l’Algérie, son regard sur ce pays, sur les gens rencontrés. Comment ne pas sortir de cette projection le regard transformé
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