Absente, rêvée, crainte ou aimée : la femme

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Pas facile d’aborder un thème comme « féminisme et banlieue » au cinéma. D’abord parce que les équipes 100 % femmes sont rares, ensuite parce que les hommes ne sont pas forcément féministes. Retour sur des films tournés en banlieue et projetés cette année.

Alice Diop, Étoile de la Scam 2012 pour son documentaire La mort de Danton, aime poser son regard de femme sur les hommes.
Carine May, co-réalisatrice en 2012 de La virée à Paname avec Hakim Zouhani, ne s’écrase pas face à son environnement masculin.
Uda Benyamina, présélectionnée aux Césars 2013 avec Sur la route du Paradis, affirme sa position de femme forte tant derrière la caméra que dans les rôles qu’elle distribue.
Nadia Harek, sélectionnée aux Pépites du Cinéma 2012 avec son documentaire Vagabond revient, défend avec intelligence un propos hors Île-de-France.
Ce qui différencie ces femmes des personnages féminins écrits par leurs homologues masculins ? Leur caractère. Qui font d’elles des « femmes puissantes », à suivre absolument.
Côté hommes, on écrit des films où la place des femmes dépend du sujet traité ou de la relation hommes/femmes que l’auteur connaît.
Absence
Les univers masculins d’abord, comme le football dans La tête froide de Nicolas Mesdom (Prix d’interprétation à Clermont-Ferrand et Cabourg 2012), ou l’islam tourné en dérision dans Como a la Television de Zangro (Prix Urban Films Festival 2012) mettent à l’écart tout enjeu scénaristique pour un rôle féminin même si Como a la Television intègre quelques figurantes dont l’épaisseur n’a aucune importance sur le déroulé de l’action.
Rêve
La projection qu’une équipe de foot ou qu’une bande de potes se fait des femmes – En équipe de Steve Achiepo (Talent en Court 2012) et Fais Croquer de Yassine Qnia (présélectionné aux Césars 2013) – est aussi synonyme de l’absence de relation avec le sexe opposé. La fille n’est qu’un objet sexuel que l’on souhaite posséder ou embaucher sans considération pour ce qu’elle est. Cette tendance atteint d’ailleurs son paroxysme avec les actrices porno et les ex-petites amies fantasmées dans Les Kaïras de Franck Gastambide (sorti en juillet 2012).
Crainte
Lorsqu’une femme forte est incarnée, elle peut aussi l’être pour sa méchanceté comme dans Ce chemin devant moi de Hamé (compétition officielle Cannes 2012) où une mère violente représente l’aboutissement du mal incarné. Car qu’est ce qu’une femme pour un homme si ce n’est d’abord une soeur, une mère ou une petite amie ?
Amour
Dans Vole comme un papillon de Jérôme Maldhé (Résonances 2012), c’est justement une soeur interprétée par Sabrina Ouazani qui fait fi des préjugés en sortant – de façon cachée – avec un Noir du quartier opposé. Dans J’mange pas d’porc d’Akim Isker (Pépites du cinéma 2012), c’est une petite amie qui transcende le héros prisonnier de ses questions existentielles tandis que dans La ville lumière de Pascal Tessaud (Cinébanlieue 2012), c’est une grand-mère blagueuse et aimante qui apporte au héros un bol d’air frais.

Finalement, c’est dans la relation amicale que les rôles assignés aux femmes deviennent les plus intéressants. De la jalousie qui pousse des jeunes filles à la violence dans Le commencement de Guillaume Tordjman (Prix du scénario, Génération Court 2012) à la peur de la grossesse qui déclenche des réactions inattendues dans Chantiers de Karim Bensalah (Cinemed 2012), c’est bien dans la subtilité des rapports féminins que la complexité des personnages est la plus creusée. Et la plus à même d’interroger ces femmes que les hommes n’osent pas trop aborder.

///Article N° : 12579

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