Au début de cette année 2018, le frère Roland Francart a publié chez Karthala, La BD chrétienne, ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion. La sortie de cet ouvrage est l’occasion de faire le point sur la bande dessinée d’inspiration religieuse édité et diffusé sur le continent africain. A noter cependant que ce sujet n’est pas complètement nouveau : Hilaire Mbiye Lumbala est le premier enseignant-chercheur africain à soutenir une thèse sur la bande dessinée d’Afrique avec La religion des bulles. Analyse du discours religieux dans la bande dessinée africaine française, présenté à l’Université catholique de Louvain en 1996. Voyage à travers le principal canal de diffusion du 9ème art d’Afrique : les églises chrétiennes.
La BD chrétienne ou l’origine de la BD en Afrique
Parler d’édition chrétienne et de BD, c’est d’abord parler de l’origine de la bande dessinée en Afrique. En effet, c’est dans la presse religieuse qu’a émergé la bande dessinée sur le continent. De nombreux exemples le montrent, en particulier dans l’ancienne Afrique belge. Le premier strip dessiné par un africain paru sur le continent l’a été dans La croix du Congo, « jJournal catholique du Congo belge » en 1933 : Le match de Jako et Mako. Vingt ans plus tard, en 1953, La croix du Congo lancera successivement deux séries. La première met en scène les aventures de Mbu et Mpia, des jumeaux malicieux ; copies conformes de Quick et Flupke, et œuvre de Paul M’bila. La seconde crée le premier super héros africain, Sao, dessiné par Paul Merle. Celui-ci combat le vice et constituait la parfaite image du colonisé idéal ; beau avec des traits fins. Pour la première fois, un héros africain de fiction renvoyait une image hyperbolique et phallique de la masculinité noire.
En 1958, les Éditions Saint Paul Afrique (Kinshasa) lancent le magazine « Antilope » où Albert Mongita, sur des dessins de Lotuli, publie Mukwapamba[1]. Ces séries constituent la première période de l’histoire de la BD d’Afrique francophone comme le rappelle l’historien Hilaire Mbiye à propos de Mukwapamba : « Elle présente une caractéristique relative à l’articulation texte – image : il y a un seul texte sous l’image, découlant du morcellement du récit, dont chaque fragment ressemble à une légende ou à une illustration. Albert Mongita écrit ses textes comme au théâtre où les dialogues sont précédés de nom du locuteur. Il s’agit, bien que quelques rares bulles apparaissent, d’une BD sans bulles, avec textes sous l’image[2] »
Cette situation n’est pas uniquement propre au Congo démocratique.
Au Rwanda, Les aventures de Matabaro, une des plus anciennes séries de BD francophone d’Afrique, sont nées dans les années 40 au sein du journal, Ikinya-mateka (trad. l’informateur ou Le nouvelliste) organe officiel de l’épiscopat catholique au Rwanda, en langue rwandaise. Par la suite, Matabaro fera les beaux-jours de Hobe, revue pour la jeunesse lancée en 1954 à 10 000 exemplaires par le premier évêque noir d’Afrique centrale, Mgr Aloys Bigirumwani. Dès le premier numéro, Hobe contenait deux planches de Matabaro. Rudimentaire et simpliste, sans phylactères, systématiquement dessiné sur deux colonnes de cinq planches, du moins au début, Matabaro était un jeune garçon espiègle et très rusé (son nom signifie « le brave », « le héros »). La série durera jusque dans les années 70 au moins et connaîtra plusieurs auteurs, en général inconnus.
A l’époque coloniale, certains religieux se font également connaître en tant qu’auteur. C’est le cas du frère Marc (Marc Walenda), fondateur de l’Académie des Beaux-arts à Gombé-Matadi (RDC) en 1943, qui fut, sous le pseudonyme de Masta, le premier (excellent) dessinateur de la première série dessinée de l’histoire du pays, Les Aventures de Mbumbulu, parue entre 1948 et 1960 dans Nos images, un bulletin bilingue[3].
Dessiner pour alphabétiser et évangéliser
Cet intérêt de la presse catholique pour la bande dessinée n’a rien de très surprenant et n’a que peu à voir avec l’amour de l’art. En effet, la colonisation en Afrique centrale (allemande puis belge) s’est accompagnée d’une forte implantation des missions chrétiennes. Or, assez vite, les missionnaires ont compris qu’il était nécessaire d’alphabétiser pour pouvoir évangéliser plus aisément la population locale[4]. De fait, au Congo belge, ce sont les églises catholiques et protestantes qui étaient en charge de l’éducation (qui s’est longtemps cantonnée essentiellement au niveau primaire). Les missionnaires ont donc utilisé la BD comme medium comme l’explique l’historien Hilaire Mbiye : « De leur côté, les missionnaires utilisent les récits en image pour édifier, éveiller des vocations et évangéliser au même titre que le cinéma éducatif. Ces BD décrivent l’amitié des enfants blancs et noirs, le dévouement des prêtres à la conversion des païens ou le martyre des catéchumènes ougandais[5]». Beaucoup plus près de nous et sous d’autres cieux, en 1977, la première BD éditée à Maurice était Jacques Désiré Laval, l’apôtre de l’île Maurice d’Eric Francis. Elle était diffusée au sein d’une revue dirigée par le révérend Gerald Bowe.
Les exemples sont quasi-inexistants dans l’ex-Afrique française du fait de la situation de l’édition locale. En effet, les autorités coloniales ne s’y sont jamais fait remarquer par leur politique en faveur du livre et de l’édition. De fait, hormis quelques territoires où existait une colonie de peuplement européen (l’Algérie en particulier), aucun éditeur n’était actif dans les ex-territoires français d’Afrique sub-saharienne au moment de l’indépendance. À la « belle époque des colonies », en effet, tout était importé de France en matière de livres et la presse était peu développée.
Le recours à la bande dessinée ne concerne pas uniquement les journaux d’obédience religieuse édités sur place mais bel et bien toute la presse confessionnelle diffusée aux colonies y compris quand celle-ci était imprimée et éditée en Europe.
On les retrouve, toujours pour l’ancienne Afrique Belge, dans « Tam-Tam, Grands lacs » et surtout le bimestriel « Vivante Afrique »[6], la revue des Pères blancs missionnaires et son supplément couleur Caravane – destiné aux plus jeunes – où paraissent de 1958 à 1962 des séries ayant pour décor l’Afrique, dessinées par René Follet, dessinateur – entre autres – du journal Spirou.
En Afrique française, « Cœurs vaillants », périodique pour la jeunesse d’obédience catholique lance en 1956 dans toute l’Afrique continentale, le bulletin Kizito. Celui-ci fut le premier périodique diffusé sur tout le continent à proposer de la bande dessinée à ses lecteurs via une rubrique à suivre qui présentait la Bible en BD. Divers illustrateurs y ont été publiés dont le peintre ponténégrin Michel Hengo qui fit paraître de la BD dans une version locale. Kizito fusionnera en 1964, avec Ibalita, autre organe catholique, destiné aux enfants de l’Afrique subsaharienne pour former Kisito-Ibalita. Ibalita fut la première revue pour enfants à proposer (en malgache !) des bandes dessinées. En couleur, à un prix extrêmement modique, le journal proposait des traductions-adaptations de séries franco-belges pour enfants. Ce fut le cas, par exemple, de Moky et Popy de Roger Bussemey qui deviendra Moky sy Popy, dès le premier numéro. Les autres séries étaient issues de ce qui paraissait dans la revue Cœurs Vaillant. Il s’agit des premières bandes dessinées en couleur diffusées en Afrique.
Intertitre : La BD religieuse ou le plus gros succès du continent en matière de 9ème art
Après l’indépendance, une partie de cette production religieuse destinée à l’édification des masses indigènes va connaître un succès très important et ce, encore au Congo (ex-belge).
Vendus à des milliers d’exemplaires à travers plusieurs pays d’Afrique, traduits en plusieurs langues, régulièrement réimprimés avec une nouvelle couverture, lus, dans certains pays de génération en génération, les albums de BD BD religieux des éditions Saint Paul (RDC) sont un phénomène éditorial inédit dans le monde de la BD d’Afrique.
Il n’y a aucun autre exemple de BD produites en Afrique ou importées d’Europe qui aient atteint de tels tirages…
S’il est très difficile d’avoir des chiffres fiables – Saint Paul est très discret sur sa diffusion – des estimations en provenance des auteurs eux-mêmes évoquent des ventes pour certains titres tournant autour de 60 000 – 80 000 exemplaires sur l’ensemble du continent.
Le succès de Saint Paul repose essentiellement sur quatre collections et une poignée d’auteurs.
La collection Ancien testament date des années s’étalant de 1978 à 1986. Elle compte treize titres, tous réédités à plusieurs reprises depuis, avec des couvertures différentes à chaque fois. Seuls deux dessinateurs, tous anciens de la revue Jeunes pour jeunes, ont travaillé sur la série : Mayo Nke et Sima Lukombo. Les titres font entre 32 et 64 planches et tournent évidemment autour des personnages de la bible depuis Abraham, le père des croyants, le premier titre, jusqu’à Jonas, le prophète rebelle, le treizième[7].
La collection Nouveau testament a été publiée entre 1979 et 1990 et comporte douze titres. Si les premiers titres sont en trois couleurs (noir, blanc, rouge) et ont été dessinés par Sima Lukombo et Boyau Loyongo (Denis Boyau, dessinateur historique de Jeunes pour jeunes), les suivants édités entre 1989 et 1990 étaient en couleurs[8].
Toujours dans un souci d’évangélisation, les Éditions Saint Paul Afrique sortiront d’autres titres hors-collection. Sur un scénario de Moninga, Boyau a réalisé en 1980 une BD qui fera l’objet de plusieurs rééditions : Jésus des jeunes[9]. En 1986, il dessine une autre BD à vocation religieuse, Maria mama wa Yezu, version en swahili de Marie, la mère de Jésus, en collaboration avec Pat Masioni et Sima Lukombo.
Les deux dernières collections sont moins axées sur l’évangélisation.Les contes et légendes de la tradition comptent 16 titres, édités et réédités depuis 1982 avec une périodicité aléatoire. Cette collection est la seule des trois à avoir publié des titres depuis une quinzaine d’années[10]. L’essentiel des autres albums date du début des années 80, dont quelques best-sellers : Les oreilles ne dépassent jamais la tête (1984), Un croco à Luozi (1984), Bandoki, Sha mazulu (1981), réédités ou réimprimés à plusieurs reprises, avec quelquefois une nouvelle couverture[11].
Le dessinateur en était Lépa Mabila Saye pour la majorité des titres mais aussi Targou (avec Le pardon d’un croyant), le lushois Kaïnda Kalenga[12] ou Sambu Kondi.
Comme pour les titres des deux autres collections, la majorité des scénarios est le fruit d’un travail collectif de l’équipe éditoriale des éditions Saint Paul (qui signait Espa ou Vévé) – équipe dirigée par le directeur de collection, Charles Djungu Simba[13] – qui puise dans l’important répertoire de contes bantous recensés depuis plusieurs décennies, en particulier dans la production cléricale de l’époque coloniale.
Par ailleurs, Saint Paul propose également à l’écrivain populaire congolais Zamenga Batukezanga, auteur de plusieurs titres vendus à des dizaines de milliers d’exemplaire, d’adapter certains des romans qu’il a publiés chez eux. Cela permet à plusieurs titres célèbres comme Mami-wata à Lodja et Lata l’orpheline[14] ainsi que Les deux crânes et L’échelle de confusion[15] de connaître une seconde carrière qui dure encore de nos jours.
Zamenga scénarise lui-même deux de ses romans les plus célèbres : Un croco à Luozi[16], Bandoki[17], véritables best-sellers locaux, vendus à des dizaines de milliers d’exemplaires aussi bien sous forme de roman que d’album BD[18]. Ce ne sera d’ailleurs pas sa dernière expérience dans le domaine du 9ème art[19].
Charles Djungu Simba voit également plusieurs contes tirés de son ouvrage Autour du feu (1984)[20], adaptés dans le cadre de cette même collection : La belle aux dents taillées (1986), Kipenda roho, le démon-vampire et autres contes (1987) avec le dessinateur Lepa Mabila Saye.
Enfin, la dernière collection, « Biographies en bandes dessinées », traite de la vie de différentes figures importantes pour le christianisme africain : saints ou béatifiés.
C’est le cas, par exemple, avec L’Afrique ou la mort (1985 – Pat Masioni), Annuarite, vierge et martyre Zaïroise[21] (1985 – Sima Lukombo), Bakanja (1980 – Lepa Mabila Saye), Bakhita[22] (1983 – Lepa Mabila Saye), Katerina Beni (1986 – Mayo Nke), Les martyrs de l’Ouganda (1985 – Mayo Nke), Un prophète audacieux, le cardinal Lavigerie[23] (1991 – Pat Masioni)…
La philosophie qui sous-tend les scénarios de l’ensemble de ces albums n’est pas uniquement hagiographique. En effet, à travers l’étude d’un personnage, ces albums dépeignent fidèlement la société africaine de l’époque, souvent avec honnêteté et rigueur historique.
En se penchant sur la vie de l’un des premiers catéchistes congolais, Disasi[24], Cyprien Sambu Kondi, relate la rencontre entre les premiers explorateurs belges (dont Stanley) et le sultan esclavagiste Tipo Tip à la fin du XIXe siècle dans l’actuelle province orientale de RDC[25]. De même, Bakanja[26], transcription graphique de la vie de l’un des premiers béatifiés du Congo, évoque les injustices de l’époque coloniale belge au début du XXe siècle. Mais ce constat pourrait être tiré deà l’ensemble de la collection.
Plus de 30 années après le démarrage de cette initiative, Mediaspaul (nouveau nom des éditions Saint Paul) diffuse toujours les albums de ces quatre collections, dont certains avec de nouvelles couvertures. Le français n’a pas été la seule langue utilisée pour l’édition de ces albums, chaque album a fait l’objet d’une version dans les quatre langues nationales (swahili, kikongo, lingala et Tshiluba) ainsi qu’en portugais et en anglais, ce qui leur permet d’exporter cette production à travers une grande partie de l’Afrique via leur réseau de bibliothèques, nous y reviendrons.
Les Editions Saint Paul : bastion congolais, développement malgache
Saint Paul ne fut pas actif qu’en RDC, un autre centre d’édition et de diffusion important pour eux est Madagascar. La maison d’édition Saint Paul de Madagascar (Edisiona MD. Paoly) a édité une adaptation de la série kinoise Ancien testament. Cela a donné la collection Ny Baiboly vita tantara an-tsary avec les 12 titres suivants : Abrahama, Moizy, Josefa, Davida, Samsona, Tobita, Paoly, Daniela, Josoe, Rota, Estera et Jodita.
Edisiona MD. Paoly ne s’est pas contentée d’adapter cette série mais a également édité la collection Vavolombelona (trad. témoins). Celle-ci, éditée entre 1989 et 1991, raconte la vie de saints, de béatifiés et d’hommes de bonne volonté. Elle compte 12 titres en langue malgache.
Huit d’entre-deux étaient adaptés d’ouvrages préexistants[27] et dessinés par Martin Rasolofo : Ny papa Joany Paoly faha 2, Izy telo dahy tany fatima, MB. Bernadette, MB. Agnès, MD. Tarcisius, Robert Naoussi, Gandhi, Martin Luther King.
Trois autres titres concernent des saints et béatifiés malgaches : à savoir Victoire Rasoamanarivo, Jacques Berthieu, Rasalama et le dernier, le fondateur de la congrégation de Saint Paul, Jacques Alberione[28].
Les éditions de Saint Paul de Madagascar ont également édité d’autres titres hors-collection comme Saint Vincent de Paul, Frère Raphaël Rafiringa en ayant recours au studio de BD, dirigé par Alban Ramiandrisoa, Soimanga.
En l’espace d’une douzaine d’années (1978 – 1990), plus d’une soixantaine de titres sont éditées par Saint Paul, exportés dans plusieurs pays en plusieurs langues et vendues pour un total d’environ 3 millions d’exemplaires. Ce succès ferait pâlir d’envie bien des éditeurs européens et reste unique sur le marché africain.
La BD religieuse, une source d’inspiration pour la BD du continent
Les raisons de ce succès ne relèvent pas du miracle et tiennent à une combinaison de recettes simples : réseau de diffusion bien implanté, talent graphique confirmé et histoire bien écrite.
Les éditions Saint Paul s’appuient sur un réseau de librairies présentes dans toute l’Afrique. En ce qui concerne la RDC, la librairie la plus ancienne de la Société missionnaire de Saint Paul remonte à 1957 à Kinshasa. Quatre autres suivront dans la même ville, dans différents quartiers (Kintambo depuis 2002; Masina, 2003; Victoire, 2005 ; centre-ville, 2013). Un réseau de librairies s’étend sur tout le pays : Kikwit (2003), Kisantu (2013) ; Matadi (2004), Lubumbashi (1997), Kisangani. A côté de ces librairies dont la Société missionnaire de Saint Paul détient la propriété exclusive, il en existe d’autres gérées en partenariat : Brazzaville (Rép. Du Congo, depuis 2003), Mbuji-Mayi (2001) et Likasi (2003).
La congrégation dispose également de points de vente et librairies dans toute l’Afrique (Mozambique, Burkina Faso, Cameroun, Kenya, Madagascar[29], Burundi, Côte d’Ivoire, etc.) ainsi qu’au Québec. De plus, ces publications sont également vendues dans chaque procure[30] vendant des livres et disséminées dans les villes moyennes de province de la plupart des pays chrétiens d’Afrique. Vendus à un prix très abordables (de l’ordre d’un à deux dollars), sur du papier de qualité moyenne et couverture souple, ces albums plaisent à un public élargi. Enfin, le succès s’explique aussi par la durée de commercialisation : près de quarante années pour certains titres. Les religieux se sont en effet donnés le temps d’écouler leur stock, le ciel peut attendre.
Le choix des auteurs n’est pas pour rien dans ce succès. Les noms de Denis Boyau, Lépa Mabila Saye, Mayo Nke ou Pat masioni ne diront peut-être rien aux lecteurs occidentaux, mais ils furent en leur temps, des artistes très connus en RDC. Ce fut en particulier le cas des trois premiers, auteurs phares de Jeunes pour jeunes, revue BD très populaire dans les années 60 et 70 dans toute la sous-région[31]. Le recours à des talents de cette envergure était un gage de qualité. Il en est de même des scénaristes puisqu’une équipe dirigée par un écrivain reconnu fut constituée expressément pour écrire ou adapter les différents scénarios proposés. Enfin, et quoi qu’on puisse penser de ces ouvrages, beaucoup d’entre eux abordent des thèmes qui parlent aux lecteurs africains et sont proches de leur culture. Lorsque beaucoup d’entre nous se demandent comment arriver à faire de l’Afrique un réel marché pour la bande dessinée, Saint Paul y est arrivé. Sans bruit.
Depuis cette époque, tout en continuant à diffuser sa production passée, Mediaspaul a continué à publier régulièrement de la bande dessinée mais de façon moins professionnelle et moins œcuménique. Les thèmes sont plus centrés autour de personnages plus locaux ayant gravité autour de l’institution.
On compte une première biographie en 2007 sur le père Raphaël de la Kethulle, grand créateur d’écoles et de stades sur Kinshasa à l’époque coloniale[32] : Raphaël au Congo[33]. Une deuxième biographie aborde la vie de l’Abbé Stéphane Kaoze, premier prêtre congolais d’Emmanuel Kalombo (scénario) et Lepa Mabila Saye (dessins) en 2010[34]. Deux autres biographies dessinées par l’abbé Luc Zola (bon dessinateur par ailleurs) concernent l’activité missionnaire au Congo : Un trio paulinien à Kinshasa et Joseph-Albert Malula, premier cardinal Congolais, tous les deux en 2009. Mais ces productions, si elles sont également diffusées à plusieurs milliers d’exemplaires auprès des fidèles, n’ont pas eu le même impact sur le grand public.
L’expérience de Saint Paul sert de modèle au reste du continent, à commencer par les deux pays où cette maison d’édition est la mieux implantée : Madagascar et la RDC.
A Lubumbashi, Miji Tshitadi a publié aux éditions Mission Press d’autres BD religieuses : Saint Charles Lwanga plus fort que le feu (1987), Saintes Perpétue et Félicité (1985), Saint Robert Naoussi ainsi qu’aux éditions Don Bosco, Joseph Mukasa, lui le premier (1985) sur des scénarios du Père Angelo Pozzi (Kisima) de la congrégation salésienne de Lubumbashi. Il a également dessiné dans Marafiki, « revue pour les jeunes de 14 à 18 ans » des BD scénarisées par l’équipe éditoriale de Tatara, journal centrafricain pour la jeunesse dont nous allons parler dans la suite de cet article.
A Madagascar, la revue Ovaka, éditée par l’éditeur luthérien F.L.M dans les années 80, mettait en scène un groupe de scouts. Dessiné par R. Haja, Ovaka traitait surtout de foi et de croyance religieuse et durera plusieurs années.
Intertitre : La BD religieuse ailleurs en Afrique
Au Rwanda (ancien territoire sous mandat des Nations Unies dirigé par la Belgique), l’édition religieuse est florissante durant plusieurs décennies, en dehors de Hobe. Plusieurs albums y sont publiés comme Dominiko Saviyo Urubyiruko nkawe (Dominique Savio, un jeune comme toi) d’Évariste Karangwa en 1988 par Pallotti-Presse à Kigali. Né au Zaïre (aujourd’hui RDC), plus particulièrement au Katanga de parents rwandais, Dieudonné Muhindo fait la quasi-totalité de sa carrière dans son pays d’origine. Il travaille principalement pour des éditeurs confessionnels et publie des ouvrages religieux. C’est le cas en 1985, avec Uralye uli menge (traduction : Parabole de l’enfant prodigue) puis de Kubabo bimariye iki ? (trad. : ça me sert à quoi de continuer à vivre ?) chez Palotti-Presse en 1987 et Batisimu y’umwana w’uruhinja mu Rwanda (Baptême d’un nourrisson au Rwanda) en 1988[35].
Dans le pays voisin, le Burundi, l’édition religieuse est également très présente (pour ne pas dire quasi-hégémonique). L’un des rares auteurs du pays, Joseph Nduwimana lui doit sa carrière. En effet, la totalité de sa production est composée d’albums de commande d’ONG et d’institutions religieuses. Parmi ces dernières, on peut citer La paroisse Saint Michel (2000), et surtout Et pourtant, c’est possible, sur les actions de Marguerite Barankitse, surnommée la Mère Térésa Burundaise qui a sauvé des dizaines d’enfants durant la guerre civile.
Au Cameroun, on ne peut guère citer que Baba Simon, missionnaire Camerounais dessinée par Faustin Ntéré et sorti en 1991 aux éditions A.M.A (Atelier de Matériel Audiovisuel).
Concernant la presse religieuse, celle-ci continue de diffuser de la BD dans ses pages, en particulier en RDC. C’est le cas de Ecodim et de L’avenir qui contiennent toujours deux planches de bande dessinée tournant autour de thèmes religieux et souvent œuvre de l’abbé Luc Zola.
C’est aussi le cas de la revue Renaître qui diffuse en 2010 la première version de Jungle urbaine de Thembo Kash, repris en 2012 en album au sein de la collection L’harmattan BD. Les éditeurs estiment que cette histoire – qui n’avait rien de religieuse – peut attirer un nouveau public, ce qui montre une réelle clairvoyance vis à vis d’un média souvent regardé avec réserve sur le continent.
Mais il n’y a pas qu’en RDC que la presse religieuse constitue un support pour la diffusion ou le développement de la bande dessinée. En République du Congo, le journal La Semaine africaine, un hebdomadaire catholique publié à Brazzaville,accueillei de 1993 à 2002 la série de Zoba Moke créée par Adolphe Cissé Mayambi. Zoba Moke (Petit idiot) est un Congolais de classe moyenne qui passe son temps dans la rue, aborde des questions sociales et parle, malgré sa naïveté, de choses sérieuses. Chaque jeudi sur six vignettes en page 16 du journal, Zoba Moke et son comparse sans nom évoquent avec un humour involontaire, les problèmes qui se posent à la société congolaise de l’après-guerre civile, entre autres les difficultés de la presse et de l’école publique, les inondations, la paix, l’existence des milices, le ramassage des armes, les salaires impayés des fonctionnaires, les érosions, les coupures régulières du courant électrique, les exactions militaires, les pillages, etc. Cette série est la plus populaire du pays durant près de dix années et est reprise par d’autres dessinateurs (Teddy Lokoka puis Bring de Bang).
En Centrafrique, en 1983, avec le soutien de l’Archidiocèse de Bangui et édité par le centre Jean XXIII, est lancée une revue entièrement BD de 16 pages Tatara[36], dessinée par Come Mbringa sur des scénarios de Eloi Ngalou et Olivier Bakouta-Batakpa, tous trois enseignants. Le personnage principal Tekoué[37] est un intellectuel ivrogne, paresseux, malhonnête mais sympathique. Témoin de la société centrafricaine, il en incarne tous les vices. C’est l’anti-modèle, celui qu’il faut éviter d’imiter. C’est pourquoi la conclusion de chaque histoire l’oblige à tirer les leçons de ses mésaventures, ce qui laisse toujours un espoir de changement.
Comme l’explique Olivier Bakouta-Batakpa : « Avec Tatara, nous voulons montrer aux Centrafricains ce qu’ils sont, leur faire voir leur réalité quotidienne. Notre souci est donc d’aborder les fléaux sociaux avec objectivité afin d’inviter le lecteur à tirer lui-même les leçons de chaque mésaventure de Tekoué.[38] » Le sujet des numéros illustre parfaitement cette volonté moralisatrice[39] puisque sont abordés des thèmes comme l’alcoolisme (Tatara numéro 1), l’exode rural (numéro 2), la corruption (numéro 3), l’oisiveté (numéro 7) ou le népotisme (numéro 8). Parallèlement aux critiques sociales, Tatara publiait des séries réservées à la santé publique en traitant de la tuberculose, le diabète, la diarrhée, toujours par le biais de la BD. Vendu à 200 Fcfa[40], Tatara connait un grand succès pendant une décennie au point même de susciter une réédition en 1996 à Dakar par l’ENDA-Siggi de l’une des histoires intitulée Les neveux d’abord. Ce phénomène est rarissime en Afrique et s’explique par la qualité narrative des histoires dessinées. Tatara sera interdite au bout de 12 numéros par les autorités du pays qui se sentaient visées par certaines critiques[41].
Par la suite, dans les années 90, Maseka Zingo, le bulletin des jeunes catholiques du pays a également accueilli, en son temps les dessinateurs vedettes du pays comme Bernardin Nambana[42], Côme Mbringa ou le scénariste Clotaire M’bao Ben Seba[43].
Enfin, il y a une dizaine d’années, est sorti Cardinal Biayenda, serviteur de Dieu, œuvre plutôt hagiographique sur le premier cardinal Congolais assassiné en 1977. Dans ce cas, l’aspect artistique s’est effacé derrière la volonté de témoigner….
Intertitre : Quand les auteurs africains investissent la BD chrétienne publiée en Europe
En Europe, l’édition d’albums de Bd confessionnelle est fréquente. Certains auteurs africains ont pu se faire éditer dans ce créneau.
C’est le cas de Maurice Kalibiona qui édite plusieurs bandes dessinées, autour de la figure mariale. En 1989, il édite Marie, reine de la paix chez Edime, accompagnée d’une version anglaise. En 1992, il sort Le triomphe du cœur immaculé de Marie, chez Husky production. La version néerlandaise sort l’année suivante. Enfin, en 2008, il édite Le triomphe de la reine de la paix chez Ephèse diffusion, album sur les apparitions de la Vierge à Medjugorje en Serbie.
Ancien dessinateur de la revue Jeunes pour jeunes dans les années 70, Lama Masudi participe en 1992 au tome 2 de la série chrétienne Les chercheurs de Dieu. Il y relate la vie de l’italien Xavier de Nicolo, créateur d’un orphelinat au Brésil.
Mais la production d’éditeurs religieux ne tourne pas forcément autour de thèmes religieux. En 2001, le dessinateur lushois Joseph Senga Kibwanga sort aux éditions catholiques Coccinelle, Couple modèle, couple maudit album en noir et blanc sur le génocide rwandais. RDC, Le bout du tunnel suivra en 2006.
Intertitre La BD catholique sans éditeurs religieux
Sur un continent où la religiosité est partout et l’existence de Dieu une évidence absolue, certaines productions sont également le fruit d’engagement religieux d’artistes locaux sans que l’église n’y soit directement pour quelque chose.
Très croyant, le dessinateur ivoirien « Yapsy l’impérial » édite et diffuse par lui-même dans la rue des albums de Bd qui mettent en lumière la gloire de Dieu. Imprimée sur du papier recyclé, vendue à un prix assez bas, sa production artisanale chante aussi les bienfaits de la prière et la toute-puissance de l’au-delà depuis plus de dix ans.
Le Congolais Séraphin Kajibwami (originaire de Bukavu) compte une production locale importante. Parmi ces titres, on compte Les trois derniers jours de Monseigneur Munzihirwa, sorti en 2008.
D’origine belge, Titane Laurent illustre la bible depuis 1998. Dieu Kiladi (« God’s Stuff » en anglais), sa série phare, a été publiée dans différents journaux et magazines autour du monde avec un lectorat de plus de 700 000 lecteurs. Un recueil en deux tomes des meilleures planches de God’s stuff est sorti à l’Ile Maurice en 2007 avec beaucoup de succès. L’année suivante, Titane Laurent auto-publie une version française sous le titre Dieu Kiladi. En 2010, les éditions Olivetan adaptent pour l’Europe la version en langue française en deux tomes. En fin d’année 2011, Titane Laurent sort un troisième tome de God’s stuff à Maurice, puis part s’installer aux États-Unis.
C’est d’ailleurs en capitalisant sur la foi des créateurs et artistes africains de bandes dessinées que les associations Comix35 et PJA (Publications pour la jeunesse africaine) se sont associées.
Créé en 1996 par Nate Butler, Comix35 promeut le développement de la bande dessinée chrétienne au niveau international et fait de la formation et du consulting sur cinq continents. De son côté, créée en France et travaillant en collaboration avec un regroupement d’écrivains et dessinateurs de l’Afrique francophone, PJA édite des publications qui présentent une perspective biblique et chrétienne et qui promeuvent la connaissance de la Bible, son contenu et ses valeurs.
Collaborant ensemble, les deux associations éditent les revues Jouv’Afrique et Éclats d’Afrique. Écrites et dessinées par un collectif de dessinateurs et scénaristes chrétiens de plusieurs pays de l’Afrique francophone, ces deux revues publient des histoires empreintes d’une perspective chrétienne et cherchent à communiquer les valeurs contenues dans la Bible.
Le projet à venir consistera à dessiner la bible en bandes dessinées. Pour ce faire, un séminaire a eu lieu à Nairobi au début du mois de septembre 2018 et a réuni une dizaine d’auteurs chrétiens issus de plusieurs pays du continent.
La BD religieuse en dehors de la BD chrétienne
Les églises chrétiennes (majoritairement l’église catholique d’ailleurs) ne sont pas les seuls à s’être servie de la bande dessinée comme vecteur de conversion.
Ce fut le cas du Congolais Serge Diantantu a publié les trois tomes de Simon Kimbangu entre 2004 et 2010. En relatant la vie de Kimbangu, sa conversion au baptisme en 1915, ses prophéties (en particulier la dipanda dianzole : deuxième indépendance en kikongo), son arrestation, sa condamnation à mort par les autorités coloniales puis ses 30 années d’emprisonnement à Elisabethville (ce qui en fera le plus ancien prisonnier d’opinion d’Afrique), Diantantu a produit des albums légèrement hagiographiques sur le fondateur d’une nouvelle religion, à savoir l’église kimbanguiste[44].
Du coté des musulmans, la situation est plus délicate du fait de la difficulté de représenter de façon figurée les êtes vivants – et en particulier Mahomet – dans la tradition islamique.
Il existe des cas où cela s’est bien passé, par exemple celui du tunisien Radhouane Riahi qui a publié chez Yassine éditions, L’histoire de l’Islam pour la jeunesse sur un scénario de Yosri Bou Assida.
D’autres exemples se sont montrés plus délicats. Par exemple, au début des années 90, le philosophe tunisien Youssef Seddik a tenté de publier le Coran sous forme de bande dessinée en sept volumes aux éditions Alef. Deux tomes sortiront en 1989 et 1989, avec des dessins de Benoît Pelloux, Philippe Jouan et Philippe Teulat sur un scénario de Youssef Seddik. Cette initiative sera interrompue par la condamnation des autorités religieuses du pays devenant la première série BD censurée de l’histoire d’Afrique francophone.
Du fait de volonté d’évangélisation et de diffusion des valeurs chrétiennes, les églises chrétiennes ont beaucoup – on l’a vu – fait appel aux auteurs de BD locaux pour pouvoir diffuser leur message. Ce recours a permis à plusieurs auteurs de gagner leur vie et faire leur preuve. Il y a parfois des moments où Dieu est l’ami des artistes. Ne boudons pas notre plaisir…
Christophe Cassiau-Haurie
Je souhaite, à l’occasion de la publication de cet article, rappeler que bien des religieux se sont intéressés à la bande dessinée sur le continent. Deux, en particulier, m’ont beaucoup aidé dans mes recherches au cours des années écoulées. Ce sont le père Léon Verbeek (Lubumbashi) et le père Yvon Pommerleau (Canada – Rwanda), véritables encyclopédistes et collectionneurs de la Bd produite sur place. Qu’ils en soient remerciés à l’occasion de la parution de cet article.
[1] Celle-ci était dessinée par un certain Lotuli, dans doute le pseudonyme d’un Européen, et scénarisée par Albert Mongita (1916 – 1985), célèbre homme de lettres et artiste Congolais.
[2] Intervention lors de l’exposition Talatala (à Bruxelles) en septembre 2007.
[3] En 1956, cette série a été éditée en album sous le titre Les 100 aventures de la famille Mbumbulu.
[4] Même si cet article aborde particulièrement l’activité des éditions catholiques, il en est de même pour les éditions protestantes. En RDC, le Centre protestant d’éditions et de diffusion (CEDI) est également un gros éditeur, mais il ne s’est jamais aventuré dans le domaine de la BD.
[5] Mbiye, Hilaire, « La BD africaine : historique, éditeurs et typologie » in Pistes africaines, vol.1, N°2, 08/1990
[6] Rebaptisé par la suite, Vivant univers.
[7] Les treize titres concernant l’ancien testament sont les suivants : David l’invincible, Tobit le bonheur retrouvé, Esther, reine de Perse, Joseph vice-roi d’Égypte, Jonas le prophète rebelle, Ruth la Moabite, Samson champion d’Israël, Judith héroïne d’Israël, Daniel prophète d’Israël, Josué le conquérant de Jéricho, Moïse le libérateur, Abraham, Paul apôtre et martyr, Jacob-Israël : force de Dieu, suivis d’un ouvrage traitant des actes des apôtres, des mêmes auteurs.
[8] Il s’agissait de 6 volumes retraçant le nouveau testament. Les trois premiers sont sortis en 1989 : L’Enfance de Jésus, La Bonne nouvelle de Jésus, La Passion et la mort de Jésus scénarisés par le Révérend Père paulinien Aldo Falconi et dessinés par Pat Masioni. L’année suivante, sortaient les trois derniers volumes : Les Paraboles de Jésus, Les Miracles de Jésus, La Résurrection de Jésus toujours par le Révérend Père Aldo Falconi et Pat Masioni.
[9] Ce titre est sorti simultanément en kikongo (Yezu mwinda batsueso), en lingala (Yezu christu mwinda mwa bilenge) et en tshiluba (Yezu kodhi leoke).
[10] En l’occurrence Nyota la fille du soleil (2005) et L’oiseau qui fait pleurer (2007), tous les deux scénarisés et dessinés par Lepa Mabila Saye.
[11] Les treize premiers titres – les plus vendus – sont : Sha Mazulu la femme au long nez et autres contes, Mikombe et le démon, Mami-wata à Lodja, Les oreilles ne dépassent jamais la tête, Un croco à Luozi, Satonge-bia et autres contes, La belle aux dents taillées et autres contes, Kipenda Roho, le démon-vampire et autres, Iyenkwin et le géant.
[12] Journaliste, ancien directeur de l’hebdomadaire La Frégate qui paraissait à Lubumbashi, aujourd’hui disparu, Kaïnda Kalenga a commencé sa carrière comme dessinateur de bande dessinée. Sa première publication était dans le bimensuel Le Mineur où il fait paraître en 1979 une première planche, Attention aux risques, dans le n° 31. Il produit également des planches pour la revue Mwana shabbat junior. Par la suite, il participe à l’unique numéro d’Alama, revue BD publiée en 1984. L’année suivante, il dessine chez Saint Paul, Les orphelins d’Ombakai sur un scénario de Kyungu Mwana Banza. Par la suite, Kaïnda Kalenga choisit la voie de la politique et du journalisme et ne refait plus d’incursions dans la bande dessinée. Il est décédé depuis.
[13] Enseignant, journaliste et écrivain Charles Djungu Simba Kamatenda vit depuis 1998 en Belgique. Chercheur en littératures francophones aux universités d’Anvers et de Metz, il est titulaire d’un doctorat en philosophie et lettres.
[14] Lepa Mabila Saye, Mami-wata à Lodja et autres contes. – Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1982. – 31p. : ill., couv. ill. en coul. ; 28cm. -(Coll. Contes et légendes de la tradition ; 8)
[15] Kipenda roho, le démon-vampire et autres contes. – Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1987. -31p. : ill., couv. ill. en coul. ; 21cm. -(Coll. Contes et légendes de la tradition ; 6).
[16] Zamenga Batukezanga et Lepa-Mabila Saye, Un croco à Luozi. – Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1983. -31p. : ill., Couv. ill. en coul. ; 27cm. -(Coll. Contes et légendes de la tradition ; 3)
[17] Zamenga Batukezanga & Sambu Kondi, Bandoki. -Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1984. -64p. : ill., couv. ill. en coul. ; 29cm. -(Coll. Contes et légendes de la tradition ; 1)
[18] A titre d’exemples, Un croco à Luozi en version BD en était à neuf réimpressions ou rééditions en 2017.
[19] Par la suite, Samenga écrira une dizaine de scénarios originaux dessinés par Pat Masioni et Al’Mata, dont Le mariage des singes à Yambi (1987), Pourquoi tout pourrit chez nous (1992), Belle est aussi ma peau (1995), L’Enterrement d’un chien à Kimpese (1996), Un paysan devient riche (1998), etc.
[20] Autour du feu, contes d’inspiration Léga, (contes), éditions Saint-Paul Afrique, Kinshasa, 1984.
[21] Marie-Clémentine Annuarite Nengapeta est l’une des premières béatifiées du Congo. Elle fut assassinée en 1964 par les rebelles simba.
[22] Canonisée en 2000, Joséphine Bakhita était une ancienne esclave soudanaise.
[23] Antiesclavagiste convaincu et fondateur de la Société des missionnaires d’Afrique, les fameux pères blancs.
[24] Sambu Kondi, Disasi. -Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1985. -31p. : ill., couv. il. en coul. ; 25cm.
[25] Cet album était une adaptation d’un ouvrage de BMakulo Akambu, La Vie de Disasi Makulo, ancien esclave de Tippo Tip et catéchiste de Grandfel. -Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1983. – 95p. : ill. ; 18cm. -(Coll. L’Afrique raconte ; 1). Introd. de Benoît Verhaegen.
[26] Lepa Mabila Saye, Bakanja. -Kinshasa : Saint Paul Afrique, 1980. -48p. : ill., couv. ill. en coul. ; 21cm.
[27] Ouvrages édités précédemment par Bayard.
[28] Tous ont été dessinés par Alban Ramiandrisoa Ratsivalaka.
[29] Sur l’avenue de l’indépendance, en plein cœur de la capitale.
[30] Terme utilisé pour désigner les magasins où l’on vend des articles religieux.
[31] Afrique centrale.
[32] On lui doit en particulier la construction du stade Tata Raphaël où eut lieu le combat de boxe, Ali – Foreman en 1974.
[33] Cet album, dessinée par Odon Kilule (dit Isa Inter), fut édité sur l’initiative du père Henri de la Kethulle (1935 – 2016), neveu du précédent.
[34] Emmanuel Kalombo est prêtre.
[35] Par la suite, Muhindo se consacrera essentiellement à sa carrière de dessinateur de presse et de caricaturiste, y compris pour des journaux extrémistes très actifs au début des années 90, juste avant le génocide. On perd sa trace par la suite.
[36] Ce qui signifie Miroir en sango, langue nationale de la RCA.
[37] Le gourmand ou mangetout en sango.
[38] Tatara : un miroir. Olivier Bakouta-Batakpa in Vivant univers, N°367, Bande dessinée et tiers-monde. Janvier-février 1987. pp. 34-35.
[39] Le sous-titre de la revue était évocateur : Le journal de la lutte contre les mauvaises mœurs de la société.
[40] A une époque, où 50 Fcfa valaient 1 FF.
[41] Certains thèmes traités dans Tatara relevaient en effet carrément de la politique : La fille du ciné bar (N°5), par exemple, est un hommage à un jeune lycéen et à sa mère, assassinés par les forces de l’ordre centrafricaines, à la fin du règne de Bokassa. Philippe Robert revient plus longuement sur l’histoire de Tatara dans l’article : La bande dessinée, Notre librairie, N°97, pp. 107-108.
[42] Auteur de la première BD du pays, La chaîne et l’anneau en 1990.
[43] Ces deux derniers étaient l’un des dessinateurs et le scénariste vedette de la revue de BD la plus populaire du pays : Balao.
[44] A noter que l’église kimbanguiste fait régulièrement appel à des dessinateur comme ce fut le cas de Djemba Djeïs qui a publié six albums de 24 pages pour elle.
2 commentaires
Bonjour. Je suis dans la BD depuis des lustres. Je réalisé des BD. Je donne des formations sur la BD. J’ai été publié en France. J’organise des rencontres sur la BD. La dernière a eu lieu samedi passé. Je vis au Cameroun. Merci
bonsoir,
cet article est très bien fait et parfaitement documenté. Il est compliqué pour un passionné de bd de trouver des bd africaines religieuses des années 80 jusqu’à aujourd’hui, car je ne connais pas de boutique en métropole qui les vendent . Si vous avez des adresses où les trouver je suis preneur.
CDLT