Projet pluridisciplinaire ambitieux, actuellement en cours, « Broken Memory » revient sur l’imaginaire colonial en donnant la parole à la création contemporaine. À travers une exposition itinérante, des enquêtes et des débats, il fait le pari de redonner de la mémoire aux sociétés postcoloniales.
En 2004, le projet « Broken Memory » naît de la concertation d’artistes (Layiwola Peju, Jean Damien Fleury, Chung Jinkook, Gaetan Noussouglo
), d’universitaires (Alban Bensa, James Clifford, Jean-Baptiste Kiéthéga
), de commissaires d’expositions et de directeurs d’institutions culturelles (Susan Legêne, Samuel Sidibé, Simon Njami
), d’écrivains et de chercheurs (Wole Soyinka, Kangni Alem, Alain Godounou, Joseph Adandé…). Son ambition ? D’une part, réfléchir au « trou de mémoire » infligé aux citoyens des sociétés post-coloniales par la perte de leurs biens culturels. D’autre part, redonner vie à des épisodes de l’histoire occultés dans les débats politiques, culturels et sociaux contemporains. Pour cela, l’initiateur et coordinateur du projet, Bernard Müller, et son équipe ont organisé de nombreux débats et présentations publics autour de l’actualité de la conquête et des problèmes posés par les butins des guerres coloniales. Citons notamment en mai 2005, au Caire : « Le patrimoine en controverses ». En avril 2006, à Montréal : « La polémique de la restitution des biens culturels spoliés durant la période coloniale au regard des enjeux contemporains ». Et le même mois à Paris, à l’EHESS : « La question de la restitution des prises des guerres coloniales en France. Faux débat ou vrai problème ? ».
Depuis 2006, une plateforme internet (http://www.brokenmemory.info) est ouverte à toute personne désireuse de témoigner sur ces questions de restitution, de pillage et de mémoire. En mai 2007, une présentation des projets d’expositions, le lancement d’un magazine (numéros 1 et 2 d’expo-mag) et un atelier bilan des enquêtes réalisées auront lieu à l’École du Patrimoine africain à Porto Novo au Bénin.
La « grande exposition » commencera sa tournée internationale dès lannée 2008. Elle donnera à voir des objets, des documents d’archives et – surtout- des uvres contemporaines témoignant de la diversité de la création post-coloniale. « Broken Memory » mettra en exergue une multiplicité de formes : populaires et académiques, littéraires et scientifiques, produites dans les anciennes colonies et métropoles. En 1978, le directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar M’Bow, lançait le vibrant plaidoyer pour le « retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable » (1). Broken Memory s’inscrit dans la continuité de cet appel et l’actualise trente ans plus tard.
Ce projet est soutenu par la Fondation Prins Claus, l’EHESS (Laboratoire GTMS) et le Group for People without History en Corée.
Plus d’informations : voir le site internet http://www.brokenmemory.info
1. L’intégralité de l’appel de Amadou Mahtar M’Bow est consultable sur le site d’Africultures. Nous remercions l’Unesco pour son aimable autorisation de reproduction.///Article N° : 6750