Cinéma/TV

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Ouagadougou, février 1997

A quoi attribues-tu le succès de ton film en Tunisie ? Je crois qu’il est sincère et qu’il est proche de la jeunesse et des gens, qu’il les respecte et reflète leur environnement. Je cherche à ne pas faire un cinéma décalé. Ils se sont vus tels qu’ils sont, comment ils marchent, comment ils parlent, sans cliché ni préjugé. Certaines images m’ont rappelé des films d’Ozu, avec une caméra proche du sol et jouant sur la symbolique des traits… J’aime filmer mes personnages avec une caméra tirant légèrement vers le sol car, d’une part, filmer les gens en se plaçant un…

De Ramadan Suleman

Cela commence par un panoramique magnifique sur les toits de Charterston (ghetto noir de Nigel) noyés dans le petit matin et dont les fumées des cheminées suivent la même oblique. Cette impression ne nous quittera pas. Ce film est tout sauf carré, froid, objectif. Il n’est pas le reportage qu’attend le spectateur occidental sur l’apartheid et il n’est surtout pas l’éternel conflit entre le diabolique Blanc et le magnifique Noir régulièrement livré par Hollywood à un monde soucieux d’expurger la culpabilité de sa complicité notamment économique avec un régime extrême. Ramadan Suleman a choisi une nouvelle de Njabulo Ndebele pour…

Je suis frappé à quel point votre film représente un travail de deuil sur l’intégration de la violence dans une société de violence… J’habite en France depuis dix ans, mais pour m’intéresser à son histoire, je ne dispose pas de la critique ouverte que je peux par exemple trouver aux Etats-Unis à propos de la guerre du Viêt-nam. Les cinéastes français n’ont jamais fait un film sur la Commune de Paris ! Quand Rohmer tourne à Barbès, il n’arrive pas à intégrer un immigré dans ses images… L’Afrique du Sud est dominée par la haine. Avec Fools, j’ai voulu dire qu’on…

De Jean-Marie Teno

Clando : clandestin. Anatole l’est comme chauffeur de taxi à Yaoundé pour survivre, mais ce n’est qu’une métaphore : il l’est comme être conscient dans cette société d’injustice. Plus rien ne colle, ni sa vie sociale ni sa vie affective. Il s’en va :  » partir, c’est rebâtir un peu sa vie « . Avec en tête l’idée de ramener des voitures pour faire une entreprise de taxis, il arrive en Allemagne où dès la frontière, on lui signifie son statut d’étranger. Ça ne le change pas : il reste un clandestin. C’est cette étrangeté dans la société et en soi-même que va explorer le film avec…

De Gaston Kaboré

En mooré, buud signifie les ancêtres aussi bien que la descendance et yam l’esprit, l’intelligence. Buud yam est ainsi avant tout un désir : celui d’une appartenance, d’une identité, de comprendre qui on est.  » Qui et quoi sommes-nous, admirable question « , écrivait Aimé Césaire. Ce film est donc avant tout une quête, celle de son auteur, et construit en tant que tel : fait de rencontres successives, Buud yam a la profondeur du conte initiatique. Il en a aussi, logiquement, la pesanteur : le sérieux, la retenue, la distance. L’image hésite sans cesse entre une volonté épique et une intériorisation pour laisser en fait…

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