Didier Kassaï, « En Centrafrique, les chances de réussir en tant qu’illustrateur sont très minces »

Entretien de Christophe Cassiau-Haurie avec Didier Kassaï

Par MSN entre Maurice et la Centrafrique. Juin 2008.
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Né en 1974 à Sibut, en République centrafricaine, Didier Kassaï symbolise bien tous les paradoxes avec lesquels doivent composer la plupart des dessinateurs africains. Lauréat du prix italien Africa e Mediterraneo en 2006 et sélectionné la même année au concours Vues d’Afrique, il est très présent dans de nombreuses publications collectives mais ne compte qu’une seule œuvre individuelle à son actif. Publié fin octobre 2008 aux éditions centrafricaines Les rapides, son premier est l’adaptation de l’ouvrage de Pierre-Samy Mackfoy, L’odyssée de Mongou. Belle carrière pour un dessinateur talentueux confronté à un contexte politique et économique peu propice.

D’où vous vient votre passion pour le dessin ?
En fait, je suis un véritable autodidacte. Dès l’âge de 5-6 ans, j’ai commencé à dessiner avec du charbon de bois sur les planchers de la maison de mes parents. J’imitais ma mère qui était dessinatrice de motifs sur des tissus et des calebasses ainsi que mon frère aîné, Frédéric, qui avait commencé à dessiner un peu plus tôt que moi (1).
Une vocation vite contrariée…
Oui, j’ai très vite rencontré l’hostilité de mes parents qui envisageaient un autre avenir pour moi, car pour eux, le dessin n’était pas un métier qui garantirait la survie de son homme. Cela m’a obligé à poursuivre mon chemin dans la clandestinité.
Comment a débuté votre carrière de bédéiste ?
En 1990, je me suis fait découvrir lors d’un atelier de BD organisé par le Centre Culturel Français de Bangui. Dès lors, ma notoriété naissante a dépassé le cadre scolaire, obligeant du coup mes parents à changer d’attitude à mon égard. D’autant plus que j’ai été engagé deux ans plus tard, à temps partiel, comme illustrateur de presse biblique à l’imprimerie de la Mission protestante baptiste de Sibut où j’ai travaillé jusqu’en 1996. Ce fut un hasard salutaire, car à la même époque, mon père ne travaillait plus et n’avait plus la possibilité de s’occuper de ses sept enfants dont j’étais le second. Grâce à mes modestes revenus dans le dessin, toute la famille a pu survivre et mes frères aller à l’école.
Qu’est ce qui vous a décidé à faire du dessin votre métier ?
En 1997, à quelques mois du Bac, je suis tombé gravement malade et je n’ai pas pu passer les examens. En parallèle, mes employeurs avaient été évacués vers les États-Unis à cause d’une rébellion qui a secoué la capitale centrafricaine pendant près de deux ans. Faute de moyens financiers et pour continuer à survivre, j’ai dû travailler comme caricaturiste au quotidien Le Perroquet, un véritable outil médiatique crée par le MLPC, le parti du Président Patassé, pour combattre les mutins et l’opposition politique (2). Tout ça pour un salaire de misère.
Quelle fut la suite de votre carrière après Le perroquet ?
Entre 1997 et 98, j’ai décroché successivement deux concours nationaux d’affiches organisés par le Fonds des Nations Unies pour la Population et fin 1998, je me suis présenté à un concours de BD organisé conjointement par l’Alliance française de Bangui et le CICIBA (Centre international des Civilisation Bantu). J’ai décroché l’unique place pour participer aux Journées africaines de la BD (JABD) de Libreville alors que j’étais le seul amateur parmi une dizaine de professionnels. La même année, j’ai été engagé pour illustrer le Programme M’Buki et le bulletin d’informations de l’Alliance française. Dès lors, le cercle de la BD s’est ouvert pour m’accueillir dans différents festivals : la 2ème édition des JABD en 99, le 4ème Salon africain de la BD de Kinshasa en 2002 ; le FESCARHY (Festival International de Caricature de d’Humour de Yaoundé) en 2003 et 2004 et le festival d’Angoulême en 2006. J’ai représenté pendant 3 ans (de 2002 à 2004) la République centrafricaine (RCA) au sein du réseau des auteurs de BD d’Afrique centrale, le Béd’Afrika (3).
Vous n’avez édité aucun album personnel jusque-là ?

J’ai participé à plusieurs résidences de BD à Bangui en 2003, autour du projet « les grands quelqu’un », à Tokyo avec le projet « Baobab et Bonzaï » en 2005 et à Fès au Maroc avec « Carnet de Fès » en 2007. Malheureusement, aucun de ces projets n’est arrivé à une maison d’édition par manque de volonté des partenaires.
Vous avez en revanche gagné en visibilité en participant à plusieurs expositions ?
Oui, J’ai participé à plusieurs expositions de BD : « À l’ombre du baobab«  au festival d’Angoulême en 2001, « Bulles d’Afrique » au Centre belge de BD en 2003 ; « Africa comics » au Studio Museum Harlem aux États-Unis en 2005-2006 et « Picha », exposition de BD africaine au musée d’Afrique de Berg en Dal (Pays-Bas) (4).
Vous êtes aussi un spécialiste des albums collectifs…
Oui… J’ai participé à Shégué (5) aux éditions camerounaises Akoma Mba en 2003, Africa Comics aux éditions italiennes Laï Momo en 2002 et 2003, Aventures en Centrafrique aux éditions Les classiques ivoiriens en 2005, Une journée dans la vie d’un Africain d’Afrique avec l’Afrique dessinée en 2007 (6), Vies volées chez Afrobullesen mars 2008…
De 2005 à 2007, j’ai illustré les aventures de Gipépé le Pygmée, des ouvrages illustrés à vocation pédagogique, édités chez Les classiques ivoiriens.
Quels sont vos projets actuels ?
Je travaille sur deux projets de BD : le premier, en collaboration avec l’Alliance française de Bangui, consiste à adapter en BD L’Odyssée de Mongou, de Pierre Sammy-Mackfoy (7). Le second est un projet personnel, provisoirement intitulé Pousse-Pousse, qui raconte la galère d’un jeune homme (Edégo) qui fuit son village pour aller vivre en ville après avoir été accusé de « flagrant délit de drague » pour avoir tenté de séduire la petite Ibina. De malchance au hasard et de petits métiers en petits métiers, il devient livreur de viande avec un pousse-pousse (d’où son pseudonyme). À force de courir tous les jours, ce que font les pousseurs de viande ici, il finit par attirer l’attention d’un encadreur sportif qui lui propose, en remplacement d’un athlète malade, de participer aux compétitions des Jeux Africains. Ce pseudo-athlète qui court les pieds nus surprend tout le monde et, contre toute attente, obtient la médaille d’or. Edégo, alias Pousse-pousse, est désormais une vedette, mais sa réussite ne l’empêche pas de penser à Ibina qu’il a toujours aimé et qui ne lui a jamais accordé un seul baiser. Ainsi décide-t-il de retourner au village où il est devenu le chouchou de tout le monde, même de ses anciens bourreaux. Mais il ne pourra jamais conquérir le cœur d’Ibina, car celle-ci est devenue maman et son mari n’est autre que Déh Mézoh, l’ex-chasseur d’insectes et éternel rival devenu un grand chasseur de buffles…
Quelle est l’histoire de votre dernière production, Vies volées, qui semble avoir eu beaucoup de succès ?
Cette BD de 15 pages a été créée dans le cadre du programme national de lutte contre le Sida en Centrafrique. Elle a été publiée pour la première fois en 2002 sous le titre La fille libre en noir et blanc dans la revue Wandara BD grâce au financement du PNUD en RCA. Tirée à près de 1000 exemplaires, elle a servi de support de sensibilisation sur le Sida en milieu urbain et reste encore aujourd’hui l’unique BD importante sur le sujet en terme de volume de production. Cette BD m’a permis de dénoncer le comportement à risque des jeunes Centrafricains attirés par l’argent (pour les filles) et la beauté (pour les garçons) et l’attitude irresponsable des adultes qui exposent la nouvelle génération à la contamination au VIH, afin que tous prennent conscience du danger que court notre société. Le message paraîtra simpliste pour vos lecteurs européens, il ne l’est pas tant que ça dans mon pays : le Sida est l’affaire de tous, en se protégeant, on protège les autres. Je sais que c’est une vieille chanson, mais chez nous, le taux de prévalence est de 15 %, alors il faut marteler les messages les plus simplistes possibles ! En 2003, lors de mon passage à Bruxelles, j’ai rencontré Alix Fuilu qui m’a présenté ses 2 premiers numéros d’Afrobulles. Par la même occasion, je lui ai donné un exemplaire de cette BD. En 2007, il m’a recontacté – par votre intermédiaire d’ailleurs ! – pour me demander mon autorisation pour l’édition des planches dans sa maison d’édition. Cela a donné lieu à ce fameux album en couleur, Vies volées. Cela me fait tout drôle d’être en tête de gondole à la Fnac car en dépit de nombreux succès aux concours internationaux de BD, je peine encore à me faire un nom dans le monde du 9ème art.
Comment l’expliquez-vous ?
Peut-être que d’autres personnes me contrediraient mais, en Centrafrique, les chances de réussir en tant qu’illustrateur sont très minces. Cela explique que nombre d’artistes aient abandonné, dégoûtés de vivre dans la précarité, et se soient reconvertis pour mieux vivre dans d’autres domaines. Le niveau de vie du Centrafricain moyen ne lui permet pas d’acheter un album de BD, bien que cela ne coûte pas plus cher que 4 bouteilles de MOCAF (8) consommée en une soirée par une seule personne. Une illustration vendue au prix du pain ne permet pas de nourrir toutes les bouches que l’auteur peut avoir chez lui. De plus, il doit se soumettre à la loi du marché : la rareté des commandes et la corruption qui en résulte. Il faut souvent proposer, en échange du boulot, un important pourcentage du marché à celui qui vous en informe ou à l’intermédiaire. Tout cela se fait au détriment de l’artiste qui doit, en plus, investir une partie de ses gains dans le matériel acheté très cher à l’étranger. Alors, parler de développement de la BD en Centrafrique…
Parlons politique, votre région vote comment ?
Honnêtement, depuis l’indépendance, ma ville n’a eu de préférence que pour des candidats influents. L’appartenance ethnique a peu d’importance. La seule exception se situe lors de la première élection de Patassé en 1993, où presque tous les Centrafricains ne voulaient plus de Kolingba et de son parti unique, le RDC. Les gens de mon ethnie, comme l’ensemble de ma région, subissent l’influence du pouvoir central. Au temps de Kolingba, la majorité était RDC. À l’époque de Patassé, presque tout Sibut était MLPC. Maintenant, avec Bozizé, ces mêmes personnes qui étaient censées représenter le MLPC ou qui militaient dans le parti du  » Kwatiyanga (9)« , comme on désignait Patassé, sont passées dans le camp du KNK (10).
Votre ville d’origine, Sibut, a dû subir les conséquences de la guerre…
Sibut a été tenu par les rebelles de Bozizé pendant cinq mois, de novembre 2002 à mars 2003. Les gens y ont tellement souffert de cette sale guerre qu’ils ont passé toute cette période dans la nature. Il y a eu bien des misères : pillages, vols de petits bétails, violences sur la population, échanges de tirs entre l’armée et les hommes de Jean-Pierre Bemba (11)… Les Banyamulenge (12) ont fini par déloger les rebelles avant de se faire chasser à nouveau par les hommes de Bozizé. Ces derniers n’ont pas commis d’exactions à Sibut mais on dit que ça a été le cas dans d’autres villes comme Bossangoa, Bouca, Bossembélé, Bozoum et… Bangui.
Avez-vous été menacé ?
J’ai été victime de violences des hommes de Bozizé. Des éléments Tchadiens m’ont agressé deux jours après le coup d’état du 15 mars 2003 et m’ont arraché mon téléphone portable à un arrêt de bus du quartier Gobongo devant les passants et certains rebelles centrafricains (13). J’ai failli être tué par un de ces soldats dont l’un avait déjà levé le cran de sûreté de sa kalachnikovet qui a tiré en l’air après avoir pris le téléphone.
Avez-vous reçu, en tant que bédéiste reconnu, une forme de reconnaissance de la part des autorités locales ?
Depuis mes débuts, je n’ai bénéficié d’aucun soutien centrafricain. C’est plutôt grâce aux contacts que je prends lors des festivals à l’étranger et le soutien de la Coopération française que j’existe… J’ai été décoré en 2006 après mon succès au festival d’Angoulême et ce, grâce à l’appui de Monsieur Jean Luc Lebras, conseiller de coopération à Bangui, que je remercie vivement, qui a poussé les autorités centrafricaines à m’encourager pour les efforts faits pendant plusieurs années au nom de la RCA.
Comment arrivez-vous à vivre de votre travail ?
Je suis obligé de consacrer la plupart de mon temps à faire de la « BD alimentaire », ces petits travaux épuisants et mal rémunérés qui me permettent juste de payer mon loyer et d’assurer la survie de ma petite famille : cartes postales style BD, cartes de vœux, estampes de scènes de vie quotidienne et quelques vignettes par-ci par-là… Pour joindre les deux bouts, je travaille de temps en temps comme illustrateur pour des projets de recherche en archéologie et j’anime des ateliers de dessin à l’Alliance française ou au lycée français Charles De Gaulle de Bangui.
Et du côté des éditeurs privés ?
Il n’existe aucune maison d’édition locale à Bangui (14). Cela nous amène parfois à tenter notre chance auprès d’éditeurs étrangers, notamment africains. Un autre problème se pose, celui des droits d’auteurs. On a beau imaginer un contrat bien ficelé, tant qu’on n’a pas la possibilité de se pourvoir en justice, la paperasse reste ce qu’elle est, surtout s’il s’agit d’un éditeur au sud du Sahara. Dans mon cas, les quatre titres de Gipépé le Pygmée, qui se sont vendus à plusieurs milliers d’exemplaires, ainsi que les Aventures en Centrafrique, sont parus chez Les Classiques ivoiriens. Ceux-ci auraient dû me verser mes droits depuis janvier 2007 mais n’ont encore rien fait. Depuis lors, l’éditeur joue à cache-cache. Autre exemple, l’album Shégué auquel j’avais participé en 2003 et qui a été édité par les éditions Akoma-mba au Cameroun, grâce au financement de l’Union européenne, n’a pas été mis sur le marché parce que l’éditeur ne voulait pas nous accorder nos droits d’auteurs. Cela ne l’a pas empêché d’empocher la subvention. Bref, ce ne sont que des exemples qui compromettent l’avenir de la BD sur le continent et qui ne donnent aucune envie de renouveler l’aventure avec un autre éditeur africain.
Quelles seraient, selon vous, les solutions possibles ?
Puisque la traversée de la Méditerranée demeure encore moins sûre, il ne nous reste qu’une possibilité : recourir à la presse locale. Mais le constat est effrayant. Sur une dizaine de journaux privés, seuls trois publient des caricatures. Cela n’est pas dû au manque d’illustrateurs ni au manque de projets intéressants, mais simplement parce que les éditeurs de presse payent très mal les travaux qu’ils publient, quand ils paient ! L’autre raison est que tous les journaux centrafricains sont politiques et ne s’intéressent pas à la culture générale. Il est donc très difficile d’espérer de ce côté-là. J’avoue être un peu découragé… À moins d’un miracle, la BD centrafricaine est mort-née.

(1)Frédéric Kassaï qui travailla au journal gouvernemental Ele Songo en 1992-1993 fait partie des pionniers de la caricature de presse en Centrafrique.
(2)Accusé de détournement, l’ancien président Ange-Félix Patassé a été condamné par contumace le 30 août 2006 par la cour criminelle de Bangui à 20 ans de travaux forcés. Il est actuellement réfugié au Togo.
(3)Le programme Béd’Afrika était un programme de l’Union européenne mais n’a jamais réellement démarré.
(4)L’exposition Picha (visible sur [http://www.picha.nl/index.php?page=_] ) s’est tenue jusqu’au mois d’août 2008. Elle devient itinérante par la suite et se déplacera au Museu de arte (Brésil) et au Center of contemporary art (Nigeria) fin 2008 et en 2009. Didier Kassaï a également participé à l’exposition Vues d’Afrique en 2006, qui comptait 10 lauréats d’un concours organisé par le Ministère des Affaires Etrangères français.
(5)Shégué signifie « gamin des rues » en lingala.
(6)L’Afrique dessinée est une association dont Christophe Ngalle Edimo (scénariste du Retour au pays d’Alphonse Madiba, dit Daudet que la revue Trame 9 a édité en épisode) est le secrétaire.
(7)L’Odyssée de Mongou est un classique de la littérature centrafricaine. Ce livre, qui raconte l’arrivée des blancs dans un petit village de l’Oubangui, sera suivi des Illusions de Mongou. Mackfoy a également écrit un récit de guerre : De l’Oubangui à La Rochelle ou le parcours d’un bataillon de marche : 18 juin 1940 – 18 juin 1945. Il est considéré, avec Etienne Goyémidé (Le dernier survivant de la caravane) comme le plus grand écrivain centrafricain.
(8)Créée en 1953, la MOCAF est le nom de la brasserie et d’une bière locale, très prisée. Elle fait partie du groupe Castel.
(9)Signifie barbu en shango.
(10)kwa na kwa : « du travail rien que du travail », nom de la mouvance du président Bozizé.
(11)Ancien rebelle congolais (RDC) basé à Gbadolite (ville proche de la frontière avec la RCA), Jean-Pierre Bemba était intervenu en faveur d’Ange Patassé lors de la guerre de 2002 – 2003, cherchant à préserver sa base arrière. Devenu vice-président de la RDC puis principal opposant de Joseph Kabila (42% des voix au 2 nd tour de la présidentielle 2006), il est actuellement détenu devant la Cour Internationale de Justice du fait des crimes de ses troupes à Bangui.
(12)Tutsis congolais qui constituaient l’essentiel des troupes de Bemba.
(13)Le président actuel, François Bozizé, est arrivé au pouvoir en 2003 avec le soutien armé de soldats tchadiens.
(14) Entretien réalisé avant la création de la maison d’édition Les rapides avec le soutien de l’Alliance française de Bangui.
Depuis juin 2008 :
Pousse-pousse devait normalement être publié par l’éditeur algérien Lazhari Labter en octobre 2010. Malheureusement, un vol dont a été victime Didier Kassaï en a retardé l’échéance.
En décembre 2010, Didier Kassaï a illustré l’ouvrage de Kidi Bebey, Nkrumah, il rêvait d’unir les Africains, chez Cauris éditions.///Article N° : 10244

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