» – Iyo, c’est quoi au juste, un enfant ?
– C’est quelqu’un comme toi.
– Et quelqu’un comme moi, c’est quoi ?
– C’est un enfant. «
Francis Bebey, L’enfant-pluie, Sépia 1994.
C’est quoi au juste, un enfant ? » Un adulte sans barbe « , répondait Amadou Hampâté Bâ ! » Arrêtez les niaiseries ! « , tonne le cinéaste griot Dani Kouyaté face à la multiplication des créations avilissantes pour la jeunesse. Pour lui, l’exigence est de trouver le langage qui parlera aussi bien à l’enfant qu’à l’adulte, à l’adulte qu’à l’enfant. Ce n’est qu’à cette condition que l’on arrêtera de prendre les enfants pour des imbéciles. La psychologue Françoise Dolto ne conseillait-elle pas aux parents de s’adresser à leur enfant comme à un adulte, et cela dès la naissance, pour ne jamais l’infantiliser ?
Cela impliquerait aussi de lâcher le carcan pédagogique obligé du message à forcer dans les petites têtes supposées ne pas vouloir écouter ! Les formes d’apprentissage traditionnelles (observation, imitation, participation) ne sont-elles pas issues de la confiance dans la volonté d’apprendre de l’enfant, puisqu’il n’était pas considéré comme un résistant à l’apprentissage qu’il faut absolument » enseigner » ?
En littérature comme au cinéma ou au théâtre, de nouvelles écritures s’affirment, qui délaissent une pédagogie trop marquée et souvent si pesante pour allier, comme le disait encore Amadou Hampâté Bâ, » le futile à l’utile « .Et l’on voit que, plus que jamais, quand il s’agit de s’adresser à tous, le conte, par la force de ses images, reste dans toutes les formes artistiques le vecteur privilégié de la transmission douce et ludique des valeurs essentielles.
Sa morale n’est en rien passéiste, comme on veut souvent nous le faire croire, quand il est réécrit par la modernité. La critique confond souvent gravement le cadre et le propos : ce n’est pas parce qu’une histoire de déroule en brousse qu’elle est figée dans un passé immémorial. Puisant dans les valeurs ancestrales, originales, que les contes illustrent, les créateurs contemporains les réécrivent dans une modernité qui en font souvent un appel au dépassement des normes traditionnelles obsolètes afin d’exalter et/ou retrouver en chacun de nous, petits et grands, » adultes sans barbe et enfants avec barbe « , la vitalité de l’enfance.
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