Sous la présidence du cinéaste camerounais Bassek Ba Kobhio, le jury de la 20ème édition du Fespaco qui s’est tenu du 26 février au 3 mars 2007 à Ouagadougou (Burkina Faso) a joué d’audace tout en décernant le grand prix au film qui s’imposait. Si une tendance peut être dégagée, ce serait dans les tentatives de développer une relation avec le public tout en préservant la substance des films. Une difficile alchimie que nous n’étudions ici que sous l’angle des longs métrages en compétition, notre activité sur le bulletin Africiné nous ayant empêché de voir les autres films.
Le jury ne pouvait à cet égard qu’attribuer l’étalon d’or de Yennenga à Ezra, du Nigérian Newton Aduaka. Sur le même sujet que Blood Diamond d’Edouard Zwick, également montré (en version française !) au Fespaco, les enfants-soldats et l’enjeu des diamants en Sierra Leone, Aduaka réussit une brillante alternative à la systématisation du spectaculaire et la perpétuation de l’image réductrice du Noir qu’incarne avec une débauche de moyens ce film hollywoodien. Dans Blood Diamond, chaque séquence débouche sur un paroxysme dans une série de montées en tension où la cruauté du conflit est instrumentalisée pour faire des personnages des héros de film d’action (cf. la critique d’Anne Crémieux sur notre site internet). Tandis que l’aventurier DiCaprio vivra une rédemption en se sacrifiant pour sauvegarder l’idéal familial du Noir, celui-ci, incarné par le Béninois Djimon Hounsou (Amistad, Beauty Shop, The Island), ne sortira pas d’une certaine animalité et n’aura jamais vraiment droit à la parole.
Sans faire du drame de la guerre un décor, Ezra restaure la complexité en centrant son film sur les questions de mémoire et de pardon (cf. critique et entretien avec le réalisateur). Si le jury ne pouvait que lui décerner l’étalon d’or, c’est qu’il réussit avec bonheur l’alchimie miraculeuse autour de laquelle les cinématographies africaines tournent depuis si longtemps : toucher un grand public tout en mobilisant son sens critique. « Mon but est de trouver un équilibre entre un cinéma substantiel et un rapport au public, indique Newton Aduaka dans notre entretien (cf.). Sinon, on risque de faire des films qui ne changent rien si ce n’est de satisfaire son propre ego. » Ezra a la maîtrise de son premier long métrage Rage (1999) et le rythme de son court On the Edge (2004) qui rendait hommage à Fela. Il est en continuité thématique avec son beau court métrage Aïcha (2005) qui joue sans dialogue sur des impressions autour de la question de la mort. Et il poursuit la réflexion entamée par son court Funerals où un groupe discutait aux funérailles d’un ami réalisateur qui s’était suicidé : un Noir rêve de faire du cinéma hollywoodien tandis qu’une Blanche défend un cinéma de la réalité quotidienne. Ezra est marqué par sa volonté de fournir au spectateur des codes qu’il peut reconnaître, c’est-à-dire en référence au cinéma dominant, tout en le conduisant dans le dédale d’une réflexion dynamique.
Il est clair que le choix d’Ezra pour le grand prix aura des répercussions au Nigeria, pays que l’astronomique production de vidéos de faible facture installe dans le paysage du cinéma sans lui en donner les lettres de noblesse. Les Nigérians rêvaient d’accéder à leur tour à des distinctions internationales depuis l’Oscar du meilleur film étranger attribué en 2006 à Tsotsi (heureusement ignoré par le palmarès du Fespaco – que diable venait-il faire en sélection ?). C’est chose faite avec ce 20ème Fespaco et l’on peut espérer que cet Etalon déclenche une exigence de qualité permettant à d’autres films nigérians de rejoindre la cour des grands.
L’Etalon d’argent attribué à Les Saignantes du Camerounais Jean-Pierre Bekolo confirmait l’heureuse audace d’un jury désireux de souligner les voies ouvertes par de nouvelles écritures de cinéma auprès d’un public mondialisé qui intègre les modèles esthétiques dominants (cf. critique et entretien avec le réalisateur). Tout en ne sacrifiant en rien la richesse de son contenu, le film ne laisse pas la jeunesse indifférente, tant sa culture de l’imagerie puise dans la bande dessinée mais aussi dans les codes du clip et de la publicité. L’attribution du prix d’interprétation féminine ex-aequo à ses deux actrices canons mais qui apportent au film bien plus que leur beauté plastique venait renforcer l’audace affirmée.
Daratt, saison sèche de Mahamat Saleh Haroun (Tchad), primé par le bronze mais aussi par le prix bien doté de l’Union européenne, nageait sur sa consécration internationale à Venise sans avoir besoin de l’or pour s’affirmer comme l’un des films les plus mûrs et marquants de ces dernières années (cf. critique et entretien). Quant au remarquable Making of du Tunisien Nouri Bouzid, son Tanit d’or à Carthage le mettait également de côté (prix du montage), son acteur Lotfi Abdelli obtenant quand même comme à Carthage le prix d’interprétation masculine.
Barakat de Djamila Sahraoui (Algérie) a clairement plu au jury pour sa finesse et son humanité au point d’emporter le prix Oumarou Ganda de la première uvre mais aussi les prix du scénario et de la musique (cf. critique). Cela laissait de côté un film marquant qui fut couronné par le public lui-même avec le prix du public RFI : Il va pleuvoir à Conakry de Cheick Fantamady Camara (cf. critique), et c’est tout à l’honneur du public burkinabè de préférer ainsi un film guinéen aux trois films nationaux de la sélection.
Au risque de décrédibiliser le festival, le Burkina s’était en effet attribué la part du lion malgré la faiblesse de ses productions qui n’ont d’ailleurs rien obtenu dans un palmarès sans concession. Le Fespaco imposant le 35 mm pour la compétition longs métrages, le ministère avait subventionné le kinescopage de Djanta de Tahirou Tasséré Ouédraogo et de Le Monde est un ballet d’Issa Traoré de Brahima, et avait donc mis la pression nécessaire pour que les films soient en compétition. Quant au prolifique mais opposant Boubakar Diallo, il n’avait pas eu cet honneur et a dû s’endetter pour profiter de la belle exposition du Fespaco pour Code Phénix. C’est cette même obligation du 35 mm qui valut l’exclusion de la sélection à Le Sourire du serpent de Mama Keïta, furieux de devoir annuler de surcroît la séance de presse du fait de l’inadaptation du vidéo-projecteur domestique. Heartlines du Sud-africain Angus Gibson fut déclassé pour la même raison.
Des voix burkinabées se sont élevées pour se féliciter de l’absence du Burkina au palmarès (hormis les séries TV Quand les éléphants se battent d’Abdoulaye Dao et Ina de Valérie Kaboré), espérant que le message sera reçu sur le manque d’aboutissement des films. Il est vrai que ni la tentative de comédie musicale Le Monde est un ballet, ni le désuet Djanta ne pouvaient convaincre, pas plus que les ambiguïtés de scénario du thriller politique Code Phénix. Comme le souligne Yacouba Sangaré dans sa critique publiée dans le bulletin quotidien Africiné (1), « bon sang, quel message le scénario veut-il donc véhiculer ? » On y voit en effet un défenseur des droits de l’homme clairement identifié à Norbert Zongo ourdir un infâme coup d’Etat et un magistrat vertueux se battre pour restaurer le pouvoir d’un président alcoolique notoire et complètement déconnecté des réalités ! Outre l’esthétique de feuilleton de ces productions bon marché (théâtralité du jeu renforcée par la fixité des plans, montage linéaire haché alternant scènes dialoguées et déplacements, platitude d’une image sans perspectives, musique dramatique appuyée, absence de métaphores et de hors-champ), il ressort du film une nauséabonde impression de « tous pourris » pour décrire le monde politique et militaire qui n’est pas sans rappeler les discours populistes.
La vigilance critique s’avère ainsi primordiale face aux inquiétantes incohérences de scénarios souscrivant davantage au besoin de tirer des ficelles de quiproquos qu’à la responsabilité du discours proposé aux spectateurs. Si Africiné a intitulé « Un rapport d’anthropophagie » son dossier sur cinéma et télévision, c’était bien pour souligner à quel point les normes et logiques télévisuelles phagocytent la création cinématographique : l’espace se réduit pour coller au petit écran, les dialogues remplacent les métaphores, l’imaginaire est fixé sans que le spectateur puisse prendre du recul. Il faut plaire à tout prix, le succès public devenant un critère de réussite cinématographique étonnamment mis en avant aujourd’hui comme un absolu par certains journalistes ou bailleurs. « L’appréciation d’un film ne dépend pas du nombre de personnes qui vont le voir », soulignait Abderrahmane Sissako lors du panel cinéma populaire / cinéma d’auteur. « Le rôle d’un artiste est de rendre une réalité visible et compréhensible, ajoutait-il : chaque société a besoin de miroirs qui lui permettent de s’interroger sur son sort ».
La multiplication des feuilletons endogènes a préparé au Burkina l’émergence en 2004 d’un cinéma populaire rencontrant un grand succès public, à commencer par les films de Boubakar Diallo. « A force de boire du Coca, on croit que c’est la boisson universelle, au détriment du bissap ou du gingembre », disait encore Abderrahmane Sissako. Où se situe le clivage entre cinéma populaire et cinéma d’auteur ? Assurément pas dans le nombre de spectateurs : Bamako a rencontré un immense succès à Bamako. L’art n’est donc pas pour les seuls initiés. Des films d’auteur marchent tandis que des productions populaires ne marchent pas. Les films de Boubakar Diallo délivrent volontiers des « messages ». Opposer art et divertissement et réduire le cinéma populaire à du cinéma commercial reviendrait à reléguer le cinéma d’auteur dans l’hermétisme et ignorer ce qui fait la complexité d’un film.
La différence se marquerait donc davantage dans le rapport à la production (et donc de financement), laquelle impose des codes et des influences sur le processus de création, pour faire du film un produit vendable. Mais dans le cadre des cinémas d’Afrique, le réalisateur domine en général la production : c’est lui qui intègre la demande. Les choix esthétiques de Il va pleuvoir à Conakry semblent dictés par le souci de parler à un large public mais finalement le film aurait-il pâti d’un peu plus de mise en scène et de poésie, qui faisaient la qualité des courts métrages de Cheick Fantamady Camara ? Si le public accroche à ce film, c’est qu’il résonne au scénario : il est au diapason de ces jeunes trimbalés entre leur désir d’affirmation et les blocages d’une société aux multiples hypocrisies. « Il va pleuvoir sur Ouaga ! » titrait le premier Africiné, conscient que les scènes de nudité pouvaient choquer et soucieux d’en éclairer le sens. D’entrée, elles déstabilisent pour ouvrir à une liberté de ton où l’on se regarde en face. Mais en dehors du drame, l’émotion est absente, par manque de cette touche de cinéma qui aurait pu en faire un grand film populaire.
Même problème avec Le Monde est un ballet : malgré la belle présence de Flora Ilboudo, amnésique qui retrouvera la vie dans une nouvelle relation amoureuse, le film n’emporte que très rarement le spectateur dans le rythme d’une comédie musicale. Il lui manque la maîtrise de mise en scène, de chorégraphie et d’orchestration digne du projet. Djanta est encore moins abouti, souffrant d’un manque cruel de mise en scène, de montage et de direction d’acteurs malgré la prestation de Sandra Soubeira. C’est étonnamment aussi le cas de Teranga Blues du Sénégalais Moussa Sene Absa, un film en tous points inférieur à ce qu’il nous avait offert jusqu’ici. Ici encore, le souci de populisme torpille un scénario plutôt bien parti d’un musicien expulsé de France qui doit refaire sa vie au pays. Oscillant entre son désir artistique et des magouilles pour pouvoir offrir à sa famille l’argent qu’il ne lui avait jamais envoyé, il se confronte à un monde de gangsters comploteurs parfaitement improbables et caricaturés.
Venant d’Haïti et un peu perdu dans la très anglophone compétition long métrage diaspora africaine du prix Paul Robeson, mais l’ayant obtenu, Le Président a-t-il le sida ? d’Arnold Antonin offrait un joli bol d’air dans cette problématique du cinéma populaire. Antonin réussit un film de sensibilisation sans prétention mais entraînant et plein de rythme mêlant romance et problématiques sociales.
A l’opposé, présenté en ouverture, Faro, la reine des eaux du Malien Salif Traoré perd son âme dans sa qualité ! Tout est si léché que rien n’émeut. Le scénario coécrit avec Olivier Lorelle (le coscénariste d’Indigènes de Rachid Bouchareb) ne réussit pas à vraiment animer un village où « rien ne change alors que le monde évolue ». Certes, les ocres et les bleus transfigurent les images tournées en vidéo haute définition, la caméra proche des visages magnifie leur beauté, le regard de la vieille porte bien au-delà du fleuve
Zanga, l’enfant adultérin de retour au village pour identifier son père, ne cherche pas à bouleverser l’ordre des choses mais à bousculer les pratiques obsolètes, et le film tente de capter ce moment complexe où une société figée hésite à basculer vers le renouveau. Mais il le fait sans inventer. Tout ce qui fit la recette d’un certain type de cinéma est là, qui contribua a forger le « genre cinéma africain » : l’harmonie villageoise, le regard documentaire, l’humour des proverbes, le mythe structurant la vision du monde, les jeux de crainte et de pouvoir, le temps laissé au temps, les liens et les rejets communautaires. Même Sotigui Kouyaté fait figure de patriarche sans vie.
Très différemment, L’Ombre de Liberty du Gabonais Imunga Ivanga est lui aussi pris au piège de sa recherche d’excellence (cf. critique). Son heureuse liberté de ton ne conserve pas la fraîcheur de Dôlè (L’Argent), son premier film. Longtemps retravaillé, son scénario a perdu en simplicité, même s’il conserve une belle poésie lorsqu’il ne tombe pas dans les méandres souterrains du complot.
Quant au Tchadien Issa Serge Coelo, il fait le choix dans Tartina City d’une reconstitution historique pour dénoncer les exactions passées et indiquer le maintien des mêmes têtes au pouvoir. Dans le N’Djaména de la dictature militaire des années 90, un effrayant colonel torture à loisir et à plaisir. On ne respire que dans les moments où les tortionnaires ébauchent d’étonnantes chorégraphies. Le film ne manque pas de force mais le poids de la représentation tend à étouffer le spectateur.
On le voit, le ton général était grave, la violence traversant bon nombre de films, aucun ne se situant comme comédie, à l’exception de l’amusant mais un brin superficiel Africa Paradis du Béninois Sylvestre Amoussou (cf. critique), qui inverse le rapport d’immigration Nord-Sud pour mieux en révéler les aberrations. La question immigrée planait aussi sur Un matin bonne heure du Guinéen Gahité Fofana (cf. critique), qui cherche à faire sentir le vide qui provoque le départ.
La précarité d’un peuple qui ne peut s’enraciner, c’est ce qu’on retrouve aussi bien dans le passionnant Juju Factory de Balufu Bakupa-Kanyinda (RDC), qui malgré son écriture aux multiples niveaux a marqué le public du Fespaco (cf. critique), que dans le non-moins fascinant Le Sourire du serpent du Guinéen Mama Keïta, adapté de sa pièce Nuit blanche. Le film reste assez théâtral dans son unité de temps et de lieu pour orchestrer ce face à face nocturne à la Koltès entre une prostituée et un Africain dans un quartier perdu. Menacés par un inconnu, ils n’ont que leur solitude à échanger, leur exil intérieur face aux rejets et aux préjugés. Leur espace est l’errance dans un temps suspendu et cette instabilité marque la mise en scène autant que les rapports humains. Comme dans Juju Factory, l’exil de la culture se nourrit de mélanges, d’hybridations incertaines qui dérangeront ceux que l’exotisme identitaire rassurerait.
Esclandre en marge du festival : le Maroc qui disposait d’un focus sur une cinématographie en pointe sur le Continent découvrait que la compétition officielle ne retenait qu’un mauvais téléfilm, La Vague blanche de Mohamed Ali El Majboud. Tourné en 12 jours en numérique dans le cadre d’une commande du gouvernement marocain de 30 films à Ali N’productions, la maison de production de Nabil Ayouch, le film est bâclé et parfaitement inintéressant. La qualification cinématographique lui a été refusée au Maroc et il ne pouvait en aucun cas représenter un pays qui fait aujourd’hui beaucoup pour le cinéma, véritable modèle de politique culturelle et chaque année de beaux films à proposer. Mais comme il était un des seuls à s’être présenté, le Fespaco l’avait retenu pour équilibrer les pays.
On voit là l’ambiguïté du processus de sélection du Fespaco. Le critère des 35 mm ne garantit rien et creuse au contraire un écart obsolète alors que la plupart des films se tournent en numérique. L’absence de prospection, pourtant pratiquée par tous les grands festivals internationaux à commencer par les sélections cannoises, impose de ne choisir que parmi les films qui font la démarche de se présenter. Si cela peut être efficace pour l’Afrique noire, cela l’est moins pour le Maghreb qui est moins sensible à l’importance du Fespaco, ou pour les pays africains anglophones qui y trouvent difficilement leur place, aucun système de sous-titrage n’y étant déployé.
Cela explique sans doute aussi la relative absence de l’Afrique du Sud qui avait pourtant emporté l’étalon et autres prix en 2005, le produit hollywoodien Tsotsi(cf. critique) ne pouvant représenter la dynamique actuelle du pays. L’Egypte étant traditionnellement casi-absente, seulement représentée cette année par deux films au panorama des cinémas d’Afrique avec Mafesh Gher Kada (None but that) du renommé Khaled El Haghar et Les Loisirs (Awkat Faragh) de Mohamed Mostafa Kamal, c’étaient les trois pays les plus producteurs d’Afrique qui se trouvaient sous-représentés !
Il n’y a donc pas d’édition du Fespaco sans problèmes, même si l’organisation de cette 20ème édition semblait fonctionner sans trop de heurts, en dehors d’un jury sans hôtel ou même une fois ne pouvant rentrer à une séance, ses sièges ayant été attribués à la famille d’officiels ! Dans la liste des couacs, le retour en France des invités par le vol de la compagnie lybienne (qui avait emporté l’appel d’offres aux compagnies d’aviation) fut une dure expérience (étapes multiples, réactions du personnel, bagages absents). Le nouveau siège augure d’une belle structure à venir lorsqu’il sera complété par une salle de projection, mais cette année fut marquée par l’éclatement du festival, l’hôtel Indépendance jouant moins son rôle de centre de rencontres.
Ce 20ème anniversaire pourtant éloquent fut étonnamment relativement passé sous silence, sans festivité particulière. Si le Fespaco veut tenir la concurrence du Sithengi qui s’organise au Cap pour devenir un grand festival panafricain, il lui faudrait réfréner les relents nationalistes (un présentateur qui annonce l’étalon d’or à la cérémonie de clôture en se demandant s’il sera burkinabè, des débats-forums mettant de côté des longs métrages en compétition, etc.) pour s’affirmer au-dessus de la mêlée.
Il reste un festival toujours aussi convivial et chaleureux qui met toute la ville en fête, où le public souvent jeune est très nombreux, y compris dans les sept lieux de projection en plein air du Cinéma Numérique Ambulant dans les quartiers populaires qui assure une excellente image sur de grands écrans et réunit de grandes foules.
La perspective ouverte cette année avec une compétition de films documentaires tient heureusement compte des évolutions en cours. Elle met un peu en sourdine l’excellente programmation côté Doc de l’association Ecrans soutenue par Jean-Marie Teno. Il est vrai que la multiplication des programmations dans le festival et en off (comme celle de la Guilde des réalisateurs et producteurs) rend difficile le choix du cinéphile, écartelé entre les différents lieux, sans compter les multiples conférences de presse des bailleurs de fonds.
Mais c’est là le destin des grands festivals. Le défi à relever pour le Fespaco est dorénavant de gérer l’avènement du numérique et de parfaire ses choix de sélection. Quant aux cinématographies africaines, cette édition ne montre-t-elle pas qu’il serait de favoriser le renouvellement générationnel et de nouvelles écritures réussissant l’alchimie alliant une dimension populaire et une courageuse réflexion sur l’avenir ?
1. Quotidien paraissant six jours de suite sur 8 pages en couleurs, tiré à 3000 exemplaires, Africiné fut un des événements du festival : premier en son genre (deux numéros étaient sortis en 2005 avec moins d’exposition), il était produit par une formation de formateurs d’une vingtaine de journalistes de huit pays d’Afrique de l’Ouest initiée par la Fédération africaine de la critique cinématographique avec le soutien d’Africalia et du ministère français des Affaires étrangères. On peut en lire intégralement les articles sur www.africine.org.///Article N° : 5863