« Jouer l’originalité et l’audace »

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Entre 1996 et 1999, ne sont sortis en France que dix films « africains ». Même des Etalon de Yennenga du Fespaco, équivalents pour l’Afrique de la Palme d’or de Cannes, ne trouvent pas de distributeur français ou ont des sorties confidentielles ! Selon les chiffres du Centre national de la cinématographie (CNC), la France ne s’ouvre que bien peu aux films du Sud. Sur 525 films sortis sur les écrans français en 1999, 209 sont français, 179 sont américains. Sur les 137 films restants, les anglais occupent avec 28 films 6 % du total, puis viennent avec moins de 3%, les films japonais et italiens et à moins de 2%, les films espagnols, néerlandais, allemands et canadiens. Vient ensuite le reste du monde, où figurent les films africains, avec 51 films soit moins de 10 % du total. Certes, l’Observatoire de la diffusion cinématographique décèle une progression de ces cinémas d’ailleurs. Mais l’Afrique n’y pèse pas lourd.
Les observateurs évoquent volontiers le cas de « Kini & Adam » : bien que couronné par la sélection officielle du festival de Cannes en 1997 et signé par Idrissa Ouedraogo, le réalisateur africain le plus connu du public français, le film connut en salles un échec cuisant. Son distributeur Polygram qui fait en moyenne 150 000 spectateurs par film n’eut que 7000 entrées France en six semaines d’exploitation. L’Egyptien Youssef Chahine, autre grande figure du cinéma africain, à qui le festival de Cannes n’a jamais ménagé ses ovations : « L’Autre » n’a fait que 80 000 entrées, malgré l’énorme succès du « Destin », son précédent film. Les 28 000 entrées de « La petite vendeuse de soleil » de Djibril Diop Mambéty font alors figure de succès, de même que les 20 000 entrées de « La Vie sur terre » d’Abderrahmane Sissako. Mais le « TGV » de Moussa Touré ne fera que 3000 entrées tandis que la sélection cannoise à la Quinzaine des Réalisateurs de « Dakan » de Mohamed Camara lui vaudra moins de 2000 entrées…
La survie des productions africaines passerait-elle par le marché des festivals et des télévisions ? Selon Pierre Chevalier, directeur des fictions d’Arte France, « le marché ne fait ni l’oeuvre ni l’histoire. De son vivant, les tableaux de Van Gogh ne valaient pas 1000 F CFA (1,5 euro)… Les cinémas d’Afrique ne doivent pas rechercher les standards internationaux, mais plutôt l’originalité et l’audace. C’est à ce prix qu’ils rejailliront sur le marché international, à l’instar des cinémas iranien ou japonais ».

///Article N° : 2083

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